Les praticiens du Centre de Santé Dentaire Mutualiste de Saint-Brieuc annoncent une grève pour le 14 mai, toute la journée, en réponse à la révision de la politique d’achat de prothèses par leur employeur, le groupe mutualiste VYV 3 (Bretagne). Cette réorganisation vise à délocaliser une partie importante de la production en Chine, à travers le laboratoire ProtiLab. Une décision qui suscite l’inquiétude, voire la colère.
« Seront délocalisés tous les composants de la prothèse dont les prix sont fixés par la Sécurité sociale et qui sont en fait remboursés par la caisse d’assurance maladie et les mutuelles », explique la chirurgienne-dentiste Soazig Rousseau. Pour nous, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Déjà, il y a deux ans, la direction avait choisi de fermer notre propre laboratoire de fabrication de prothèses et maintenant, elle veut arrêter avec les laboratoires costaricains avec lesquels nous travaillons depuis trente ans ! »
Impacts sur les fournisseurs locaux
Traditionnellement, les prothèses étaient conçues localement, ce qui facilitait la communication et résolvait rapidement les problèmes. Un prothésiste de la région souligne : « Le service d’aide en cas de problème est crucial et nécessite des échanges quotidiens entre prothésiste et dentiste. » Cette proximité est mise à mal par la stratégie de VYV 3 Bretagne qui opte pour des prothèses fabriquées à des milliers de kilomètres, augmentant considérablement l’empreinte écologique du procédé.
Implications économiques et éthiques
Laurent Munnerot, président du Syndicat national patronal des prothésistes dentaires, critique cette démarche : « On sent un mouvement général des mutuelles qui tentent de baisser les prix des prothèses auprès des laboratoires importateurs pour améliorer leur marge. » Le président met en avant les disparités salariales et les conditions de travail entre les laboratoires européens et chinois : « Cela leur permet de proposer des prix deux fois inférieurs à ceux d’un prothésiste français. »
VYV 3 Bretagne : « Notre défi, c’est la survie de 100 emplois »
Régis Condon, directeur général de VYV Bretagne, défend cette stratégie en affirmant que l’objectif reste la qualité, la sécurité et l’accessibilité des soins. « Nous avons fait ce choix de revoir la politique d’achat parce que notre défi est la survie des 100 emplois et centres dentaires de la région. » Le responsable explique que malgré la diversification des sources d’approvisionnement, la mutuelle continuera à collaborer avec les fournisseurs locaux et met à disposition des équipes locales pour gérer d’éventuels problèmes techniques.
“Il est impossible que nous ne soyons pas rentables”
«J’avoue avoir des doutes sur leur argument de non-rentabilité», ajoute le docteur Soazig Rousseau. Mon mari est chirurgien dentiste libéral à Ploufragan, il ne travaille qu’avec des laboratoires locaux et son cabinet fonctionne parfaitement. Avec le nombre de praticiens que nous avons et la liste d’attente de patients qui s’allonge chaque jour, il est impossible que nous ne soyons pas rentables. »