les PDG du CAC 40, 130 fois mieux payés que leurs salariés

les PDG du CAC 40, 130 fois mieux payés que leurs salariés
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Emmanuel Macron parlait de rémunération il y a deux ans.choquant” Et “excessif« Pour qualifier le salaire de Carlos Tavares, déjà, chez Stellantis, il ne se passe rien : les salaires des grands managers français s’envolent. Principalement en raison des primes enregistrées chaque année : selon les chiffres d’Oxfam, à peine 27 % des rémunérations des patrons du CAC 40 ont été fixées en 2022. Le reste varie en fonction des performances de l’entreprise sur divers aspects. Prenons par exemple le cas de Carlos Tavares chez Stellantis : son salaire fixe, deux millions d’euros, est stable depuis plusieurs années, et ne représente que 7 % de ses revenus.

Le reste est de 11 millions récompensant le niveau de marge très élevé du constructeur, 10 millions liés aux ventes de voitures électriques, 2 millions pour sa retraite, 3,7 millions de stock-options débloquées, et un ensemble d’autres bonus. Carlos Tavares profite du fait que Stellantis est devenu un monstre de rentabilité, avec 18,6 milliards d’euros de bénéfice net. Les grands patrons se nourrissent des performances du CAC 40, qui ne souffre pas de l’inflation et dont les bénéfices ont bondi de 8% l’an dernier, bien loin des 0,9% de croissance enregistrés au niveau national.

Mais cela ne justifie pas tout, notamment les augmentations à deux vitesses : les salariés ont reçu trois fois moins d’augmentation que leur PDG. Surtout, selon OXFAM, la moitié des bonus sont liés à des performances financières à court terme, contre 5 % pour l’atteinte des objectifs climatiques par exemple. Une conception de la performance qui apparaît donc très restrictive.

Actionnaires et dirigeants, tous gagnants

Or, une entreprise cotée en bourse est le lieu d’un rapport de force entre trois parties : le PDG, le conseil d’administration et les actionnaires. Ces derniers choisissent le conseil d’administration, responsable de la stratégie et de la sélection du gérant. Les actionnaires décident également de la rémunération mais souffrent de ce qu’on appelle l’asymétrie de l’information : le PDG en sait toujours plus qu’eux sur l’état de l’entreprise et peut promouvoir une croissance à long terme, plutôt que le paiement de dividendes.

Et c’est encore pire si le conseil d’administration rassemble des personnes proches de ce dirigeant et ne le contrôle pas vraiment : un actionnaire, surtout s’il n’est pas très puissant, peut vouloir forcer le PDG à être performant, en liant son destin à celui de l’entreprise, et en augmentant sa part de salaire variable. Une stratégie qui n’est pas toujours payante, comme le souligne Olivier Godechot, sociologue à Sciences Po et directeur de recherche au CNRS.

« Cela peut paraître indolore mais à long terme ce n’est pas efficace. Il y a toujours une ambiguïté lorsque c’est le PDG qui demande « encouragez-moi, incitez-moi » plus que les actionnaires qui font pression pour obtenir des incitations. Ils adoptent une forme de rémunération qui semble favorable aux actionnaires mais qui ne l’est pas nécessairement.

Les salaires pharaoniques de Carlos Tavares et de ses collègues reposent également sur l’incertitude quant à la valeur ajoutée réellement apportée par le manager, et sur un effet miroir déformant : chacun a accès à la rémunération des autres patrons, et sera tenté de négocier un salaire juste au-dessus de la médiane, ce qui génère de l’inflation. Des coûts importants pour les entreprises et pour les salariés, mais où dirigeants et actionnaires semblent donc trouver leur bénéfice : Oxfam constate qu’en 2022, 76% des bénéfices des entreprises du CAC 40 ont été versés sous forme de dividendes.

 
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