Marine Le Pen se dit « sereine », que retenir du premier jour d’audience ?

Marine Le Pen se dit « sereine », que retenir du premier jour d’audience ?
Marine Le Pen se dit « sereine », que retenir du premier jour d’audience ?

Son parti n’a « violé aucune règle » et elle « répondra à toutes les questions » du tribunal. Marine Le Pen a voulu afficher sa « sérénité », lundi 30 septembre, à l’ouverture de son procès et de celui de 24 autres personnes et du Rassemblement national, soupçonnés d’avoir détourné des fonds du Parlement européen pour rémunérer des salariés du parti.

A l’ouverture de l’audience vers 13h45, le président a appelé les prévenus les uns après les autres à la barre. Marine Le Pen s’avance lentement, costume noir sur le dos.

“Je répondrai à toutes les questions que le tribunal voudra me poser”assure celle qui ne peut s’empêcher de se raidir à la lecture des délits qui lui sont reprochés.

Comme l’ancien numéro 2 du parti Bruno Gollnisch, qui rappelle qu’il reçoit « toujours des menaces »elle demande de ne pas donner son adresse personnelle au bar.

Avant d’entrer dans la salle du tribunal correctionnel de Paris, qui accueillera pendant deux mois ce procès aux lourds enjeux politiques pour le leader de l’extrême droite française, elle a déclaré devant la foule des journalistes ne “serein”. “Nous n’avons enfreint aucune règle.”dit-elle.

Trois demi-journées par semaine

« Nous avons beaucoup d’arguments à développer pour défendre ce qui me semble être la liberté parlementaire qui est en cause dans cette affaire »a ajouté le président du groupe RN à l’Assemblée.

Dans la salle, elle est assise au premier rang à côté de Catherine Griset, une amie très proche, également jugée, qui fut pendant des années son assistante au Parlement européen.

“En étant là, c’est moins douloureux”explique en privé celle qui compte assister à la quasi-totalité de son procès et qui exprime un « sentiment d’injustice ».

Le procès doit se tenir trois demi-journées par semaine jusqu’au 27 novembre – le patron des députés RN sera cependant absent mardi, favorable à la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre Michel Barnier. Elle devrait être de retour mercredi selon son avocat.

« Séparation des pouvoirs »

Flanqués d’une dizaine d’avocats, les prévenus entendent mener le combat, à l’image de l’imposant dossier en carton que Bruno Gollnisch a déposé à ses pieds, barré de la mention « Arguments ».

Le fond du dossier ne devrait toutefois pas être abordé avant lundi prochain, les premiers jours étant consacrés aux questions de procédure et à la lecture du rapport prévue mercredi.

Les débats se sont ouverts par une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par l’un des avocats de la défense, Me Laurent de Caunes, devant un parterre d’accusés hochant la tête lors d’une plaidoirie visant à démontrer l’impossibilité de poursuites.

A la fin, Bruno Gollnisch se lève : « Un instant, Madame la Présidente, si vous me le permettez, précisément au sujet de la constitutionnalité ?

« Euh… », répond la présidente Bénédicte de Perthuis – généralement ce sont les avocats plutôt que les prévenus qui parlent à ce stade –, autorisant néanmoins l’ancien député européen à marteler que « toute cette procédure est contraire au principe constitutionnel de séparation des pouvoirs ».

Après une suspension de l’audience, au cours de laquelle Marine Le Pen a donné une inhabituelle conférence de presse informelle dans la salle d’audience, le tribunal a rejeté la demande de transmission de la QPC. Et suivi d’une autre question de procédure.

Le cas « décousu » Jean-Marie Le Pen

Au total, neuf anciens députés européens du Front national (rebaptisé RN), dont Marine Le Pen, comparaissent aux côtés de 12 personnes qui furent leurs assistants parlementaires, et de quatre collaborateurs du parti.

Le tribunal a formellement ordonné dès le début de l’audience la séparation des cas de Jean-Marie Le Pen, 96 ans, et de l’ancien député européen Jean-François Jalkh, leur état de santé ne le permettant pas non plus. “être présent” ni de “préparer leur défense”.

L’affaire a débuté en 2015 avec un rapport du président du Parlement européen Martin Schulz et concerne de nombreux contrats d’attachés parlementaires sur une période de plus de dix ans (2004-2016).

Que risquent les prévenus ?

Pour le parquet qui dénonce la mise en place d’un « système centralisé » à la fête, ces “assistants”, même s’ils avaient du mal à décrire leurs tâches, ils n’en avaient que le titre. Certains n’avaient même jamais rencontré leur employeur officiel ni mis les pieds au Parlement et, selon l’accusation, travaillaient uniquement pour le parti – ce qui est interdit par la réglementation européenne.

Parmi eux, le garde du corps historique du fondateur du FN Jean-Marie Le Pen, Thierry Légier, son secrétaire, la directrice de cabinet de Marine Le Pen, Catherine Griset, ou encore la graphiste du parti.

Les prévenus, jugés notamment pour détournement de fonds publics ou complicité de ce crime, encourent dix ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende, ainsi qu’une peine d’inéligibilité de dix ans de nature à entraver les ambitions présidentielles. par Marine Le Pen pour 2027.

Le Parlement européen, partie civile, a estimé son préjudice financier à trois millions d’euros. Il n’en réclamera que deux millions, un million ayant déjà été remboursé (ce qui n’est pas un aveu de culpabilité, a assuré le RN).

L’audience a été ajournée vers 19h30 et reprendra mardi avec d’autres questions de procédure.

 
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