« Les patrons de la chaîne savent désormais ce que je ne peux pas faire »

« Les patrons de la chaîne savent désormais ce que je ne peux pas faire »
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Près d’un an après son départ de Télévisions et un bref passage chez BFMTV en début de saison, Laurent Ruquier rejoint le jury de la Une des divertissements. Il présentera également la deuxième partie de la soirée : Le Cabinet de Laurent Ruquier. Confidences.

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LA TRIBUNE DIMANCHE – Avouez que ce n’est pas vraiment dans cette émission qu’on vous attendait !

LAURENT RUQUIER– Je ne suis pas d’accord ! J’aime le monde du divertissement et Chanteur de masques est un spectacle magnifique. Il s’agit d’une comédie musicale avec des personnages amusants, à laquelle s’ajoute un jeu. L’idée de faire partie du jury et de devoir deviner qui se cache sous les costumes m’a beaucoup amusé. Lors des enregistrements, je me suis vraiment prise au jeu et j’ai beaucoup ri avec mes amis Chantal Ladesou, Kev Adams et Inès Reg. Quand j’étais à France Télévisions, je proposais des « bonus » de ce type, mais ils n’ont jamais été acceptés. C’est une des raisons pour lesquelles je suis parti. Dans le service public, il n’y a plus de grandes émissions de variétés et c’est regrettable.

Avez-vous d’autres projets avec TF1 ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je ne m’interdis rien avec TF1, ni avec aucune autre chaîne. Mais je ne cherche pas à faire de la télévision à tout prix. J’ai été très gâté dans ma carrière, avec trente ans de télé et de gros succès. A la radio, j’anime tous les jours Les grosses têtes sur RTL, qui est à cette époque l’émission la plus écoutée en France, toutes radios confondues. J’écris des pièces de théâtre (lire ci-contre) et a produit des artistes brillants comme Vincent Dedienne, Gaspard Proust et Michaël Gregorio. Je suis un homme chanceux.

Si je vous donnais une baguette magique pour présenter le spectacle de vos rêves à la rentrée, à quoi ressemblerait-il ?

Je ne crois pas vraiment à la magie ! Et puis j’ai besoin d’être aimé et pris en charge. Si je suis recherché, je viens. Pour l’instant, on ne m’a rien proposé. Je n’ai jamais frappé aux portes et je ne vais pas commencer à 61 ans. Je pense que les patrons de la chaîne savent à peu près ce que je peux faire. Et puis, grâce à mon passage sur BFMTV, eux aussi savent désormais ce que je ne peux pas faire !

Justement, pourquoi la greffe n’a-t-elle pas eu lieu sur BFMTV, là où votre émission lancée en septembre s’est terminée en décembre ?

Au départ, on y croyait vraiment avec Marc-Olivier Fogiel [le directeur général de la chaîne]. Mais nous nous sommes trompés et j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi. Sur une chaîne d’information, il faut se plier à l’actualité du jour : le petit Émile, l’affaire Depardieu… En plus, je suis arrivé au moment de l’attaque du Hamas contre Israël, qui a été une explosion. Je n’étais pas fait pour présenter un 20 Heures de ce genre. Ce que j’aime, c’est traiter l’actualité sous un angle insolite ou dénicher des choses qu’on n’a pas vues ailleurs. Là, ce n’était pas possible.

En septembre, vous fêterez vos dix ans à la tête du Grosses têtes de RTL. Pas de lassitude ?

Certainement pas ! Je n’ai jamais eu autant de plaisir que cette saison. Nous avons renouvelé le casting et l’avons rajeuni. Je remercie la direction de RTL de m’avoir accordé une telle liberté. À Grosses têtes, personne ne se censure. On se moque de tout et on peut se le permettre car les membres viennent de toutes origines, couleurs, convictions politiques et sexualités. C’est ce qui explique nos audiences [plus de 2 millions d’auditeurs cumulés chaque jour sur la période janvier-mars, en nette hausse] ainsi que le podcast en carton, où de plus en plus de jeunes nous écoutent.

Votre compagnon, Hugo Manos, est chroniqueur dans Ne touchez pas à ma TV sur C8. Vous avez déconseillé ou déconseillé de participer à cette émission ?

Franchement, nous sommes en 2024, chacun fait ce qu’il veut dans sa relation ! Ce n’est pas moi qui vais lui dire de ne pas aller dans l’émission de Cyril Hanouna. C’est un excellent tremplin lorsque l’on débute. On y apprend le métier. Et puis, qu’on aime ou non Cyril Hanouna, c’est sans doute l’un des plus grands succès médiatiques de ces dernières années. Il a un talent indéniable. L’ironie est que ce sont ceux qui ont fait le succès de ce programme – à savoir la presse et les journaux – qui le pointent désormais du doigt.

La Légion d’honneur décernée à Thierry Ardisson a beaucoup fait réagir, notamment avec une tribune de Christine Angot. Qu’avez-vous pensé de cette polémique ?

Il y a des gens bien pires que lui qui ont reçu cette décoration, donc ça ne me pose pas de problème. Maintenant, je ne suis pas en bons termes avec Thierry Ardisson. Il y a deux ans, nous avons travaillé ensemble sur Hier Aujourd’hui Demain, une émission que j’animais sur France 2. Il m’a supplié de le prendre comme coproducteur. Je n’y étais pas obligé, mais j’ai accepté par amitié. Après l’émission, il a été grotesque en disant que les mauvaises audiences étaient de ma faute, afin de préserver ses intérêts futurs au sein de France Télévisions. Ce n’est pas une personne fiable. Quand il était chez Bolloré, il disait du mal de France Télévisions, et maintenant qu’il est à France Télévisions, il dit du mal de Bolloré. Il m’a poignardé dans le dos. Donc c’est définitivement fini pour moi !

Gérard Miller, avec qui vous travaillez de longue date, est accusé de viols et d’agressions sexuelles par plusieurs femmes…

[Il nous coupe.] Je ne vous donnerai aucune réponse à ce sujet.

Par le passé, vous n’avez jamais caché votre sensibilité de gauche. En 2024, êtes-vous toujours un homme de gauche ?

J’ai toujours une sensibilité de gauche. Mais aujourd’hui, c’est plus compliqué que ça. Je suis socialement de gauche, mais je ne suis pas d’accord avec certains excès qu’on observe dans La France insoumise [LFI], et même au Parti socialiste. Devenons-nous réactifs avec l’âge ? Peut être. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’est pas aussi révolutionnaire à mon âge qu’à 20 ans. Nous voyons les choses de manière moins tranchée. C’est normal de ne pas être « réveillé » à 60 ans. Mais je n’ai pas changé d’avis sur le fait que le patron de Peugeot est bien trop payé par rapport à ses ouvriers. Si telle est votre question, alors oui, en cela, je suis toujours de gauche.

Vous reconnaissez-vous à la gauche de Raphaël Glucksmann ?

Je ne le trouve pas assez sociable. Si l’on veut reconquérir les électeurs du Rassemblement national, ce qu’il faut, selon moi, c’est penser davantage aux Français les plus défavorisés. Ce ne sont pas eux qui voteront pour Glucksmann. Il récupérera une partie des macronistes de gauche, et une partie des sympathisants de LFI déçus par les dérives de Mélenchon. Je ne sais pas encore pour qui je vais voter, mais il n’est pas impossible que ce soit pour Raphaël Glucksmann. De plus, cela enverra Mme Salamé à l’Élysée. Alors oui, votez pour Glucksmann, et comme ça je pourrai peut-être récupérer le créneau du samedi soir sur France 2 !

La percée du Rassemblement national vous inquiète-t-elle ?

Je me suis toujours positionné contre Marine Le Pen. Je n’ai pas changé d’avis, malgré les moqueries de la fête. En revanche, je comprends ses électeurs qui ont été déçus par la droite, la gauche et ni la droite ni la gauche. Mais il faut comprendre que je ne suis pas un activiste. Quand on me demande mon opinion politique, comme vous le faites, je réponds parce que je suis honnête. En revanche, je n’encourage personne à voter comme moi. Je n’ai pas cette prétention, ni ce pouvoir.

Ça fait parler… La Joconde !

Parmi les innombrables talents de Laurent Ruquier : écrire des pièces de théâtre. Le dernier en date s’appelle La Joconde parle enfin et joue jusqu’à fin mai au Théâtre de l’Œuvre (Paris 9ᵉ), avant de reprendre début 2025. “C’est un projet que j’ai dans mes tiroirs depuis au moins quinze ans, confie Laurent Ruquier. Au départ, j’avais imaginé un dialogue entre elle et Léonard de Vinci alors qu’elle posait dans son atelier. Puis j’ai décidé de faire un « only on stage » où elle raconte au public sa double vie. Celle d’une femme, mais aussi celle d’une peinture qui a traversé les siècles. » Pour le jouer sur scène, il a jeté son dévolu sur l’actrice Karina Marimon. «C’était en allant voir la pièce Grande mère C’est au Théâtre des Béliers à Paris que j’ai eu la révélation. Dès qu’elle est apparue sur la scène, je me suis dit : « C’est elle. » Même si c’était au départ une pièce que j’avais écrite pour Michel Fau. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il y joue un jour. »

 
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