L’emploi reste solide alors que la croissance ne montre aucun signe de reprise. C’est le mystère économique de l’année 2024

L’emploi reste solide alors que la croissance ne montre aucun signe de reprise. C’est le mystère économique de l’année 2024
Descriptive text here

Salariés sur le site d’une usine Renault.

Les keynésiens, cette secte qui règne depuis un demi-siècle sur la politique social-démocrate, commenceront peut-être à abattre les murs. Les chiffres statistiques de l’économie française publiés cette semaine les plongent en haleine, car ils ne les comprennent pas. Et, autre phénomène grave, ils prouvent que les prescriptions qu’ils formulent pour relancer l’activité sont hors de propos.

Toutes les recommandations actuelles pour relancer l’économie s’articulent autour de deux outils : les taux d’intérêt et une relance de la demande, qui vont de pair :

-Les taux d’intérêt doivent nécessairement baisser, car s’ils baissent, emprunter sera plus facile, donc on pourra investir et même emprunter pour consommer (immobilier et automobile).

-Quant à la relance de la demande, elle permet de réactiver la consommation de masse, donc les achats, donc la production, donc l’emploi. Cela implique une augmentation des revenus distribués (salaires), cela implique une redistribution des revenus (modèle social). Nous sommes ici dans les fondements de la politique de Keynes, qui opère en période de crise économique, au bas du cycle.

C’est exactement ce qui s’est passé lors du COVID avec le « quoi qu’il en coûte », qui a permis un redémarrage violent de l’économie et un relatif calme social.. Ce modèle fonctionne à court terme.

A plus long terme, il aurait fallu revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire un retour au calme sur les déficits, les dettes publiques et même sur les dépenses sociales. Mais nous savons très bien ce qui s’est passé. Dès que le ministre de l’Économie a annoncé la fin du « quoi qu’il en coûte », toute la classe politique s’est mise à cibler ce soupçon de politique d’austérité et de rigueur insupportable..

Le résultat est que nous avons aujourd’hui une élite politique qui considère que la est au bord de la faillite, mais qui refuse catégoriquement d’accepter des réductions des dépenses publiques et sociales. Classique! Ils pensent tous (y compris le Président de la République) que la croissance reviendra et qu’à terme, on retrouvera des recettes fiscales qui permettront d’amortir la dette. Keynes, encore une fois, a très bien résumé cette logique dans la Théorie Générale qui date de 1936… Et depuis, on a utilisé et abusé de ce logiciel. Cela a fonctionné à merveille lors des Trente Glorieuses…

Beaucoup moins bien à partir des années 1980, parce que nous avons changé de paradigme, la croissance s’est aplatie à long terme. Nous sommes passés d’un taux annuel de plus de 5 % à un taux de croissance moyen inférieur à 3 %. Mais nous avons continué à distribuer de l’argent en protégeant les modèles sociaux, mais comme nous n’avions pas cet argent, nous avons commencé à emprunter.

Les chiffres publiés cette semaine prouvent que toute l’élite économique et politique, nourrie et imprégnée de keynésianisme, s’est « égarée » sans vouloir le reconnaître, d’où le mystère qui entoure les forces macroéconomiques. Ces forces de la macroéconomie montrent :

-d’un, que l’emploi résiste bien à des tensions très fortes dans certains secteurs ;

-deuxièmement, cette croissance ralentit. L’économie française ne montre aucun signe de reprise du cycle. Pour les économistes normalement formés, ces chiffres sont contradictoires ou faux, ils ne perdront donc pas leur temps à les parcourir. Car pour eux, si la croissance est faible, l’emploi devrait décliner. Et comme la croissance est faible, si l’économie ne fonctionne pas, il faut la soutenir.

L’erreur d’analyse commise est très simple. Comme Keynes l’a dit et écrit, ils considèrent l’emploi comme le résultat direct de la croissance.. Les chiffres d’aujourd’hui ne nous le disent pas. Si l’emploi résiste bien (alors que la croissance est faible), c’est parce que nous manquons de main d’œuvre en quantité et surtout en qualité. Les intentions et prévisions d’embauche sont bonnes dans des secteurs très précis pour lesquels nous n’avons pas les effectifs (en restauration, numérique, logistique, etc.). Les salaires qui ont augmenté n’y font rien, puisque les salariés attirés et formés ne sont pas présents.

La croissance soutenue par la demande a été un facteur de création d’emplois. Mais aujourd’hui, c’est fini, c’est l’offre d’emploi qui alimente la croissance. Les entreprises sont freinées par le manque de main d’œuvre, le manque d’initiative et d’innovation. C’est un problème démographique, mais c’est aussi un problème de formation et d’appétit pour le travail. L’envie de travailler s’est estompée. Le télétravail, la semaine de 35 heures, la semaine de 4 jours ne facilitent pas l’essor de la création de richesse par le travail.

Le diagnostic de la situation française décrit un système bloqué par le manque de flexibilité, de liberté, le manque d’oxygène, d’innovation. C’est tellement vrai que la population française bat des records d’épargne (19%) et un stock qui dépasse les 6 000 milliards, ce qui mesure le niveau d’inquiétude.

Conclusion, les moteurs keynésiens de la croissance ne fonctionnent plus (dépenses de redistribution, injections d’argent public et de devises, etc.).

La croissance ne tombera pas miraculeusement du ciel. La croissance ne peut revenir que grâce à l’innovation, au travail et à la liberté d’entreprise. Mais tous ces moteurs ne sont pas inscrits dans l’ADN des sociétés social-démocrates qui sont les nôtres. Ce n’est pas la croissance qui crée des emplois, c’est l’emploi et le travail qui génèrent la croissance.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le prix Nobel de chimie, Moungi Bawendi, à Tunis
NEXT Otages : de nouvelles négociations en cours entre Israël et le Hamas au Caire