« Taïwan est un pays encore trop sous-estimé par les entreprises françaises » (CCI France Taiwan)

« Taïwan est un pays encore trop sous-estimé par les entreprises françaises » (CCI France Taiwan)
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Français de l’étranger : quels sont les objectifs de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française à Taiwan ?

Stéphane PEDEN : La CCI accompagne avant tout les entreprises dans leur installation. Auparavant, nous intervenions également en amont en travaillant avec eux sur la mise en place de projets ou la prise de contacts par exemple. Ce rôle est désormais assuré par Business France, et nous nous concentrons principalement sur l’arrivée : création d’entreprise, domiciliation, obtention de visas, recrutement, etc. Certaines personnes me contactent aussi parfois pour des renseignements sur le marché. Je les accompagne quand je peux mais les redirige vers Business France dès qu’ils ont besoin d’un accompagnement plus approfondi. Cette décision de diviser les activités entre nos deux organisations s’inscrit dans un objectif plus large de travail d’équipe à Taiwan : comme dans d’autres pays, nous avons créé le « Equipe de France », qui regroupe le Bureau France, la French tech, Business France, les Conseillers du Commerce Extérieur, les associations et écoles françaises ainsi que l’Alliance française. Ensemble, nous travaillons main dans la main pour faire avancer les intérêts de la France à Taiwan, qu’ils soient économiques, scientifiques ou culturels.

Quelle forme prend cette coopération ?

Cela se matérialise d’abord à travers ce que nous appelons ” rendez-vous “, déjeuners occasionnels organisés avec différents ministres taïwanais. Nous développons un dialogue commun avec les autres acteurs de l’Equipe de France, afin de présenter nos atouts aux Taïwanais en vue d’éventuels partenariats. Nous leur faisons notamment découvrir des entreprises qui font partie de nos membres. Dès juin 2024, nous lançons également le Journées françaises “, au cours de laquelle nous rendrons visite aux maires de différentes villes taïwanaises sur des périodes de deux à trois jours. Visites d’entreprises françaises, rencontres universitaires ou encore un Thé aux bulles scientifique », un événement organisé par l’Office français pour valoriser l’excellence scientifique française, sera également au programme de ces journées. Celles-ci se clôtureront par l’inauguration d’un marché français pendant tout un week-end pour mettre en avant notre identité gastronomique qui fait rêver les Taiwanais. Tout cela nous permet d’avoir une meilleure visibilité auprès des institutions taïwanaises, et d’établir des liens privilégiés avec elles.

Quels sont vos objectifs de croissance ?

Depuis cinq ans, le nombre de nos adhérents ne cesse de croître. Pour les entreprises, adhérer à nos services – qui varient selon la catégorie d’adhésion – leur permet de gagner en visibilité et de se développer sur le territoire. En revanche, on ne fixe plus d’objectifs chiffrés. Nous nous sommes rendu compte que cette méthode nous poussait à vendre le plus d’adhésions possible par principe, et ce n’est pas la démarche que nous souhaitons. Nous nous engageons à créer une communauté saine, à mettre en œuvre des services adaptés aux attentes de nos membres et à croître de manière organique.

En plus de votre rôle auprès de vos adhérents, la CCI porte des valeurs de solidarité. Quels sont-ils ?

Une autre de nos priorités réside dans les politiques ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance). Nous soutenons plusieurs associations caritatives, à travers différentes actions. Par exemple, mon équipe et moi avons dormi une nuit dans la rue avec des sans-abri, pour récolter des fonds : nous avons obtenu 6 000 euros pour les sans-abri. Nous aidons également les Autochtones à planter des arbres dans les montagnes pour compenser le carbone produit par nos entreprises. Nous soutenons également une association qui vient en aide aux chiens errants dans les rues de Taipei, nous participons à la Gay Pride, etc. Ces enjeux sociaux et environnementaux sont essentiels pour nous : il s’agit de montrer que la France n’est pas seulement à Taiwan pour faire des affaires et qu’elle aussi participe à la solidarité locale.

Taïwan est-il un pays attractif pour les entreprises ?

De nombreuses grandes entreprises sont déjà implantées dans la région. Pour les petites entreprises, nous avons constaté un ralentissement pendant le Covid-19 et dans les années qui ont suivi. Beaucoup ont également été découragés par ce qui se dit sur la situation géopolitique en France : certains m’ont dit avoir peur de s’implanter ou d’investir à Taiwan parce qu’ils craignaient une guerre imminente. En réalité, sur place, ce stress n’existe pas vraiment, les citoyens n’ont pas cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et cela s’est encore davantage vu depuis l’élection présidentielle du 13 janvier 2024, tout le monde a pu constater que le vote s’est déroulé sans problème et on a tout de suite senti un regain d’intérêt pour l’île. Actuellement, j’accompagne cinq entreprises en création ainsi qu’en demandes, ce que je n’avais pas vu du tout depuis un an. J’espère donc voir un afflux d’entrepreneurs venir s’installer.

Quels sont les secteurs les plus prometteurs à Taiwan ?

Je pense qu’il y a beaucoup à faire dans le domaine de l’énergie, et de la transition énergétique qui est un sujet crucial pour Taiwan. EDF et Total sont déjà très présents pour les projets éoliens offshore, tandis que la société Ciel et Terre est réputée dans le domaine des panneaux solaires. Il reste cependant toute une gamme de spécialités dans lesquelles on peut attendre les entreprises françaises : stockage d’énergie, développement durable, etc. Je pense que Taiwan est un pays encore trop sous-estimé par les entreprises françaises, mais qui présente un réel potentiel de développement. D’autant que l’île est avide de partenaires et d’accueillir de nouvelles entreprises. C’est un pays très ouvert aux étrangers.

 
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