les veuves veulent que « justice soit rendue »

les veuves veulent que « justice soit rendue »
Descriptive text here

Une alliance à l’annulaire et les yeux encore inondés de larmes, les deux veuves se battent pour garder vivant le souvenir de leurs époux, Eric Chaveneau et Luc Montalbano. Tous deux éducateurs spécialisés à l’Ehpad Anaïs, ils ont mis fin à leurs jours.

La première en mai 2020, dans un bois à proximité du refuge pour personnes handicapées, à La Membrolle-sur-Choisille. La seconde en juin 2023, cette fois au sein des locaux. Dans un mail sans ambiguïté adressé à ses collègues, il pointe la responsabilité de son employeur qui aurait « poussé à bout ».

“Ils ne savaient plus quoi faire pour le faire taire”

D’une seule voix, leurs épouses et mères de leurs deux enfants respectifs affirment qu’elles n’ont rien vu venir. « Aujourd’hui, nous voulons que justice soit faite, que le conseil d’administration change, que les chefs de service de l’époque soient sanctionnés… Rien de tout cela n’a été fait. »

Si les deux suicides ont été reconnus comme accidents du travail par la Sécurité sociale, ils souhaitent que la fondation soit tenue pour responsable.

« Eric avait été licencié pour faute grave, sans aucune explication. Après sa mort, nous avons appris qu’il s’agissait en fait d’une affaire vieille de dix-huit ans dans laquelle il avait été disculpé. Ils ne savaient plus quoi faire pour le faire taire, l’évincer. »commence Carole Chaveneau.

« Tiré comme un gâchis »

« Nous vivions avec amour, passion et avions mille projets. C’était un homme grand et fort, mais lorsqu’il a été licencié, il s’est senti sale, humilié, expulsé comme une poubelle. Lors de l’entretien lui annonçant son licenciement, le directeur lui demande de lui rendre ses clés pour protéger la maison et le lendemain, c’est tout. »

L’innommable, Marie-Agnès Montalbano l’a aussi vécue. Elle attend désormais les conclusions de l’enquête menée par la gendarmerie. “Il m’a fallu du temps pour comprendre ce qui s’était passé, j’étais dévasté, confie-t-elle. C’est grâce au collectif que mon mari n’est pas mort en silence. »

Au lendemain de ses obsèques, un collectif de salariés et anciens salariés s’est réuni pour dénoncer « un climat de travail néfaste ». Ceci est conforté, selon eux, par le taux élevé d’arrêts maladie de longue durée et l’augmentation des licenciements pour incapacité.

« Le déni le plus total »

Déclaré inapte à tous postes, Laurent Halé a quitté la fondation Anaïs. Il est le seul membre du collectif disposé à prendre la parole. « Les échos que j’ai sont époustouflants. La direction reproduit les mêmes erreurs, elle est dans le déni total »il dit. « Rien de ce qui était préconisé par l’expertise n’a été mis en place »confirme Christian Michaud, secrétaire général CFDT Santé sociale 37.

La situation concerne même la sphère politique. « Comment le Département peut-il encore financer cette fondation ? Bien évidemment, les engagements réclamés par Nadège Arnault n’ont pas été tenus par sa direction, qui nie toujours toute responsabilité dans ces deux suicides.s’indignent les élus départementaux du groupe Écologiste et Citoyen.

De son côté, la présidente du conseil départemental estime qu’elle ne peut pas se prononcer car « L’affaire est toujours en cours. Nous avons l’obligation de financer ce type d’établissement. Il faut tenir compte des personnes accueillies, je pense à elles en premier lieu. »

Fin de la « phase aiguë de la crise »

Une cellule de crise a été ouverte au sein de la Fondation Anaïs en juin 2023. Elle a été dissoute en décembre. « Avec les partenaires sociaux, nous avons convenu que nous n’étions plus dans la phase aiguë de la crise », explique Patrick Soria, directeur exécutif de la fondation. Ancien directeur de la cellule de crise, il a été embauché en CDD pour exercer cette fonction, avant d’être promu en novembre. « Nous sommes entrés dans la phase de suivi de la mise en œuvre du plan d’action. À la mi-décembre et suite aux 32 recommandations de l’expert externe mandaté, nous avons mis en place un groupe de travail. Il est composé de six membres élus du CSE et de trois membres de la direction. Par ailleurs, nous avons mis en place de nombreuses actions pour soutenir les salariés en congés. La grande majorité a repris le travail. La situation s’est clairement améliorée. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « Nous savons que les Caennais sont pleinement derrière nous »
NEXT l’essence et le diesel plus chers aujourd’hui