Au procès de l’accident mortel du TGV Est, la société qui a réalisé les tests décline toute responsabilité

Au procès de l’accident mortel du TGV Est, la société qui a réalisé les tests décline toute responsabilité
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Ce n’est pas moi, c’est un autre. C’est le résumé que l’on peut faire du procès du déraillement du train d’essai LGV est-européen, qui a causé la mort de onze personnes en novembre 2015 tout près de Strasbourg. Depuis l’ouverture du procès le 4 mars, aucun des prévenus n’a reconnu avoir commis une faute ni même joué un rôle ne serait-ce qu’un rôle minime dans l’accident. Une catastrophe ferroviaire est passée quasiment inaperçue puisqu’elle s’est produite au lendemain même des attentats du 13 novembre à Paris.

Parmi les personnes mises en cause par la justice dans le déraillement, Systra, la société d’ingénierie en charge des essais, qui a nié mardi toute responsabilité. “Systra a rempli toutes ses obligations”, a fait valoir Nicolas Massart, directeur technique et représentant légal de l’entreprise, filiale de la SNCF et de la RATP, devant le tribunal correctionnel de Paris. Interrogé depuis lundi, il a soutenu, dans un exposé « très technique et contractuel », selon ses propres mots, « long et filandreux », selon l’avocat des parties civiles, que sa société n’avait « aucune compétence » quant au déroulement de l’affaire. former. “Systra avait la responsabilité de l’exploitation de la ligne mais SNCF Mobilité était en charge de la conduite du train, un domaine dans lequel nous n’avons aucune compétence”, a-t-il insisté. Le représentant du Systra, en costume noir, a constamment nié toute responsabilité ou erreur dans la gestion des tests.

A l’ouverture du procès, le patron de Systra, Pierre Verzat, a affirmé que son entreprise “n’était pas à l’origine de l’accident”. “Cette position participe au débat nécessaire concernant la manifestation de la vérité”, a-t-il ajouté. L’enquête a établi que ni les équipements ni la voie ne pouvaient être mis en cause pour expliquer le déraillement du TGV, qui a emporté 53 personnes dont 28 « invités ».

Vitesse excessive et freinage tardif

Pour rappel, une vitesse excessive et un freinage trop tardif ont été à l’origine de l’accident. Le TGV aborde une courbe à 265 km/h, bien au-dessus des 176 km/h prévus à cet endroit. Il a déraillé 200 mètres plus loin, heurtant le parapet du pont sur le canal Marne-Rhin près d’Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée à 243 km/h.

Sur le banc des parties civiles mardi, les familles des victimes hochent la tête. “Ce “on n’a rien à se reprocher” est insupportable”, estime Gérard Chemla, avocat d’une cinquantaine de parties civiles. Le représentant Systra ne s’en écarte pas. “Je comprends que ce que je dis est difficile à entendre pour les familles des victimes”, admet-il.

Selon les juristes, « le Systra a confié la définition, l’organisation et la conduite des contrôles d’excès de vitesse à du personnel n’ayant pas d’expérience en matière d’essais d’excès de vitesse, et n’a pas compensé cette inexpérience par une formation appropriée et un accompagnement adapté à ce type de contrôle ». Le responsable des essais à bord du train, salarié de Systra, est décédé dans l’accident. Les experts avaient dénoncé à la barre « des décisions, actions, ou absences d’action » [de la part de Systra] ayant directement contribué à l’accident.

Jeudi et vendredi, ce sera au tour du représentant de la SNCF de s’expliquer.

 
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