Dans le monde de Trump, tout peut s’acheter

Dans le monde de Trump, tout peut s’acheter
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Il n’a fallu qu’une seule journée du procès de Donald Trump pour illustrer son modus operandi : dans le monde de Trump, tout s’achète, à commencer par le silence. Cela a si bien fonctionné pour lui qu’il pense que c’est une façon tout à fait normale de faire les choses.


Publié à 1h22

Mis à jour à 7h00

C’est aussi pour cela qu’il ne comprend pas comment il se retrouve aujourd’hui devant les tribunaux pour un incident qui, pour lui, fait partie de la façon normale de faire des affaires. Surtout quand on risque d’avoir des ennuis.

C’est ainsi que dès le premier témoin appelé à la barre, nous avons appris comment fonctionnait sa technique favorite, que nous appelons le « catch and kill ». Avec l’aide d’un rédacteur en chef complice, il s’agit d’acheter l’exclusivité d’un article pouvant compromettre Donald Trump et de ne pas le publier.

Cela s’est produit au moins trois fois. Toujours pour couvrir les frasques de Donald Trump. Comme le fait qu’il ait été père d’un enfant illégitime suite à une liaison avec une femme de ménage (ce qui était faux), qu’il ait eu une liaison assez longue avec une camarade de jeu du magazine Playboy. Et, au centre de son procès actuel, qu’il a eu une relation sexuelle avec l’actrice porno Stormy Daniels.

Quoi qu’il en soit, les droits d’une histoire embarrassante pour l’ancien président ont été achetés pour l’enterrer grâce à l’accord que Trump avait conclu pendant des années avec David Pecker, l’éditeur du Enquêteur national.

L’Enquêteur n’est pas exactement Le monde ou laOsservatoire romainmais ce qui lui manque en rigueur est largement compensé par sa distribution.

On l’appelle un tabloïd de supermarché, car on le trouve à la caisse de pratiquement toutes les épiceries à grande surface aux États-Unis. Ses titres sont donc vus ou lus par des millions de personnes. On parle le plus souvent d’ovnis, de régimes miracles ou encore de vies cachées des stars. Mais aussi, parfois, la politique.

Lors de la campagne électorale de 2016, le journal avait publié plusieurs articles négatifs sur la rivale de M. Trump, Hillary Clinton. On a dit, entre autres, que Mmoi Clinton avait embauché un tueur à gages, avait échoué à un test du détecteur de mensonge du FBI ou était si malade qu’il ne lui restait que six mois à vivre.

Au cours des mois précédents, Trump avait également demandéEnquêteur pour nuire à la campagne d’un rival à l’investiture républicaine, le sénateur Ted Cruz. Le journal avait publié des informations complètement fausses (et farfelues) selon lesquelles le père du sénateur était impliqué dans l’assassinat de John F. Kennedy.

Mais rien de tout cela ne constitue une infraction pénale au regard de la loi américaine. Pas même le fait d’avoir fait de fausses justifications dans les livres comptables pour cacher l’argent donné à Stormy Daniels. Cela ne devient un crime que s’il y a complot visant à enfreindre une autre loi. Dans le cas présent devant le tribunal, nous parlons de lois électorales.

Le complot que doit démontrer l’accusation est celui d’avoir conspiré pour que l’affaire Stormy Daniels ne devienne pas publique avant les élections de 2016. Rappelons le contexte : moins d’un mois avant le vote, une vidéo montrant M. Trump tenant des propos sexistes venait d’être retrouvée et diffusée. Une autre histoire comme celle-ci aurait grandement nui à la campagne, d’où la nécessité de garder secrète la liaison avec l’actrice porno.

Ce n’est donc pas pour rien que l’éditeur de Enquêteur national est le premier témoin entendu dans ce procès. Le complot est l’œuvre de trois personnes : David Pecker, Donald Trump et Michael Cohen, ancien avocat personnel et homme à tout faire de l’ex-président qui avait payé les 130 000 $ réclamés par Stormy Daniels.

Mais, probablement pour la première fois de sa vie, Donald Trump ne peut pas acheter la clémence de la cour.

Déjà, le juge qui préside l’affaire, Juan Merchan, a ordonné à M. Trump de ne pas commenter publiquement l’affaire ni les témoins. Il le fait pourtant chaque jour depuis le début de la procédure, ce qui pourrait lui valoir une condamnation pour outrage à magistrat.

Mais le plus ironique dans tout cela est que M. Trump se plaint – sans pouvoir fournir la moindre preuve – de s’être fait voler les élections de 2020. Le résultat d’une grande conspiration démocrate, en somme. Mais c’est lui, aujourd’hui, qui est accusé de complot… concernant l’élection présidentielle de 2016.

Politiquement, M. Trump a passé ces trois dernières années à jouer le rôle de la victime d’une élection qui lui aurait été volée en 2020. Nous verrons à l’issue du procès, mais il est fort possible que le tribunal en vienne à la conclusion que c’est lui, Donald Trump, qui a triché lors de l’élection qui l’a amené à la présidence quatre ans plus tôt.

À l’approche d’une nouvelle élection, qui s’annonce serrée, cela pourrait faire la différence.

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