« Ce qui se passe est impressionnant. En Flandre, on ne voit plus de différence entre le PS et le PTB” – .

« Ce qui se passe est impressionnant. En Flandre, on ne voit plus de différence entre le PS et le PTB” – .
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Les tensions entre le PS et le MR sont habituelles. Même lorsqu’ils sont censés être alliés, les deux partis se tirent dessus. Nous l’avons constaté tout au long de cette législature. Mais récemment, ces attaques sont devenues encore plus répandues. Campagne oblige. Mais pas seulement. La réforme du décret Paysage a sans aucun doute impacté l’entente déjà fragile entre socialistes et libéraux. Et désormais, tout semble permis… Dans le cadre de son rendez-vous « Regard de Flandre », La Libre a interviewé Isolde Van den Eynde, journaliste politique à Het Laaste Nieuws. L’éditorialiste décortique la campagne socialiste et les dernières déclarations de Paul Magnette.

Le PS proposé de permettre aux Bruxellois de passer leur permis de conduire dans leur propre langue. “La maîtrise d’une des deux langues (nationales) ne doit pas être un obstacle”, ont estimé les socialistes. Le MR a vivement réagi, les accusant une nouvelle fois de communautarisme. Êtes-vous d’accord avec l’argument des libéraux ?

Quelque part, oui. Je trouve que c’est une forme horrible de cosmopolitisme très avancé. Je ne connais aucun pays où l’on peut passer des examens administratifs dans huit langues différentes. Déjà en Belgique, nous avons la chance de pouvoir choisir entre nos trois langues officielles. Force est de constater que Bruxelles abrite de nombreuses nationalités. Mais ce n’est pas avec ce type de proposition que nous allons former une communauté ! Comment créer une communauté sans langue commune ? Si même pour les démarches administratives, on ne doit plus faire d’efforts pour apprendre le français ou le néerlandais, c’est dangereux…

Mais, pour les socialistes, les libéraux opposés à cette mesure « flirter avec l’extrême droite »

En disant cela, le PS va trop loin ! Dire que le MR se met à l’extrême droite simplement parce que les libéraux encouragent l’usage des langues nationales n’est pas acceptable. C’est devenu la réponse socialiste à toutes les critiques. Cela témoigne de la grande faiblesse du PS.

Les écologistes sont aussi souvent accusés de communautarisme dans la capitale. Comment expliquer ce phénomène qui s’observe surtout à Bruxelles ?

Il y a beaucoup plus de personnes d’origine étrangère à Bruxelles. Cela explique en partie ce comportement. Mais j’observe quand même une très grande différence entre les partis francophones et néerlandophones de la capitale. On n’observe pas le même discours au Vooruit et au PS. Même entre Groen et Ecolo, les positions ne sont pas les mêmes, notamment sur l’abattage rituel ou le code du bien-être animal. Cela vient peut-être du fait que les partis néerlandophones à Bruxelles sont dirigés depuis la Flandre, où la vision est complètement différente. Les partis francophones ne fonctionnent pas de la même manière. Le PS dispose d’une section bruxelloise très forte, dirigée par une personnalité bruxelloise dotée de beaucoup de pouvoir. Et Ecolo a un coprésident qui vient de Bruxelles.

Georges-Louis Bouchez (MR) à La Libre : « Il y a une lutte communautaire entre le PS, Ecolo et le PTB, ils exploitent l’électorat musulman »

La N-VA affiche ses ambitions pour la capitale. Pouvez-vous imaginer les nationalistes flamands au pouvoir à Bruxelles ?

Les sondages dans la capitale sont toujours très difficiles à interpréter. Mais si les derniers chiffres deviennent réalité, on se demande s’il sera possible de former un gouvernement à Bruxelles sans la N-VA. Partant de cette réalité mathématique, Rudi Vervoort (PS) a même estimé qu’il pourrait éventuellement accéder au pouvoir avec les nationalistes flamands puisqu’il faut avoir une majorité dans les deux groupes linguistiques. Mais il ne le ferait pas avec plaisir. Il convient toutefois de noter que la vision de Bruxelles de la N-VA est similaire sur plusieurs points à celle des autres partis flamands. Ils sont tous d’accord en tout cas sur une chose : la réforme des six zones de police et la création d’une zone de police unifiée. Même certains partis francophones pourraient y être favorables. La N-VA pourrait donc bel et bien trouver des partenaires.

Bart De Wever a réaffirmé qu’il était hors de question qu’il gouverne avec le PTB/PVDA. Mais le maire d’Anvers ne peut pas adopter cette attitude contre le Vlaams Belang. Est-ce le signe qu’il n’exclut pas une alliance avec le parti de Tom Van Grieken ?

Il est beaucoup plus facile pour Bart De Wever de tenir ce discours à l’égard du PTB qu’à l’égard du Vlaams Belang. Il a vraiment peur de la vision économique du parti de Raoul Hedebouw, qui est à l’opposé de celle prônée par la N-VA. C’est aussi son côté historien qui parle. Il regrette que les Belges ne soient pas assez vigilants sur ce qui s’est passé avec les communistes. Il voit un grand danger face à cette montée de l’extrême gauche. Lorsque nous discutons du Vlaams Belang avec lui, nous sentons qu’il ressent honnêtement le même sentiment. À un moment de sa carrière politique, il a déclaré qu’il voulait vaincre le nationalisme du Vlaams Belang parce qu’il voulait mettre en avant une autre forme de nationalisme, qui serait inclusive. Il a réussi pendant un certain temps. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le Vlaams Belang est devenu le parti leader en Flandre. Et les électeurs N-VA hésitent entre ces deux partis. Les nationalistes flamands se trouvent donc dans une situation très difficile. Si Bart De Wever déclare qu’il ne s’alliera jamais avec le parti de Tom Van Grieken, il risque de perdre beaucoup d’électeurs. Et s’il dit qu’il veut aussi gouverner avec le Vlaams Belang. C’est pourquoi il choisit d’entretenir le flou. C’est stratégique.

On parle souvent d’un alliance PS-N-VA après le 9 juin, mais Paul Magnette face à Bart De Wever a affirmé ce week-end dans L’Echo qu’il voulait « tout faire pour éviter la N-VA dans une coalition ». Qu’est-ce que c’est vraiment ?

Je comprends Paul Magnette. Compte tenu du programme du PS, il est logique que celui-ci souhaite éviter d’arriver au pouvoir avec la N-VA. Mais il faut ouvrir les yeux et se dire que cette situation avec les deux plus grands partis flamands dans l’opposition ne peut pas durer. Le professeur de sciences politiques Paul Magnette le comprend certainement. D’autant qu’il y a ce sentiment régionaliste qui est plus présent au PS que dans les autres partis. D’où l’intérêt de la N-VA pour les socialistes. Les libéraux, par exemple, ont encore une vision de la Belgique. Mais même si le PS et la N-VA voulaient s’allier, ils n’ont plus autant de poids qu’avant. En 2014, ils étaient bien plus nombreux que les autres partis. Ils auraient donc pu mener la danse. Mais pour l’instant, ce n’est plus le cas : ils perdent des électeurs et l’écart avec les autres partis se réduit. Le PS et la N-VA n’ont pas réussi à entreprendre ensemble des réformes majeures.

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Les événements des dernières semaines, notamment rififié autour du décret Paysagepourraient-ils faire perdre encore plus de plumes au PS ?

Il se retrouve un peu dans la situation de la N-VA. Lorsque vous vous associez trop à un parti, vous pouvez perdre des électeurs. Mais si on l’exclut trop, on peut aussi en perdre. Le PS doit en quelque sorte choisir entre la peste et le choléra. Mais je pense que ce n’est pas la bonne stratégie pour les socialistes de devenir soudainement très populistes. Ils ont toujours dit qu’ils étaient un parti responsable. Et ils ont été un parti responsable, comme nous l’avons vu avec le gouvernement Di Rupo qui a mis en œuvre des réformes difficiles. Mais on se pose désormais des questions. C’est impressionnant ce qui se passe. En Flandre, on ne voit plus de différence entre le PS et le PTB. Sur le plan socio-économique, c’est le même discours. Il existe des divergences sur la vision géopolitique, mais ce n’est pas ce qui affecte et intéresse particulièrement les citoyens.

« Nous sommes confrontés à un dangereux précédent. Le PS et Ecolo facilitent la montée au pouvoir du Vlaams Belang.»

Le PS s’est-il donc quelque peu perdu dans sa campagne en tentant de contrer le PTB ?

Le PS a démarré très fort, avec une belle campagne. Le slogan « solide et solidaire » est très fort. Ils ont très bien défendu la politique qu’ils menaient. C’est logique car ils ont eu une énorme influence dans ce gouvernement. À nos yeux, cela n’a pas toujours été positif, mais il n’en reste pas moins qu’ils ont donné le ton. De nombreux partis flamands sont trop faibles et mal organisés par rapport à la machine qu’est le PS. Au début de la campagne, je me disais que le PS était largement en avance sur les autres partis. Mais quand je vois comment les socialistes courent après le PTB, allant même jusqu’à s’allier avec lui pour la réforme du décret Paysage… c’est vraiment dommage. Le PS s’est perdu. On voit bien à quel point c’est la panique, notamment à Bruxelles, où ils chutent dans les sondages. Ils essaient d’obtenir des votes là où ils le peuvent. Mais ils n’ont pas la bonne stratégie. C’est toujours bien de rester authentique. Mais cette panique ternit leur campagne.

J’ai parlé avec Paul Magnette la semaine dernière. Je lui ai dit que les socialistes couraient après le PTB, qu’ils cherchaient les votes des musulmans, notamment sur le code du bien-être animal. Le maire de Charleroi est un très bon homme politique. Il a toujours la réponse à tout. Mais quand on voit la situation à Bruxelles, je trouve que le PS va très loin. Trop loin.

 
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