Cinéma #MeToo. “A chaque fois que je montais sur scène, on me demandait de me mettre nue”

Cinéma #MeToo. “A chaque fois que je montais sur scène, on me demandait de me mettre nue”
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Manon (le prénom a été modifié à la demande du témoin) quitte l’école “l’année de MeToo ”. Elle avait alors 24 ans. “Un bouleversement total, même dans ma façon de voir le métier d’actrice”, raconte la jeune femme de 30 ans, à la terrasse d’un café parisien. Même en envisageant de ne plus jouer.

Trois ans plus tôt, l’intégration d’une des onze écoles nationales de théâtre avait pourtant été un signal fort pour ce passionné de scène depuis le collège. “C’était un espace où, adolescente, je m’épanouissais, une bulle loin d’une histoire familiale compliquée, elle se souvient. L’examen d’entrée à l’école est extrêmement sélectif, lorsque vous êtes admis, vous vous attendez à ce que ce soit le début d’une belle carrière. »

Mais l’expérience est ” une catastrophe “. « Nous n’avions que des professeurs masculins et la notion de « maître » y était très forte, explique Manon. C’était une très vieille école, avec une idée très traditionnelle de ce que devrait être une actrice. On commence par des textes classiques où, en tant que femme, il faut jouer au moins une fois la servante, la princesse… J’ai commencé à me dire : “J’aimerais beaucoup être un homme parce que les rôles sont plus intéressants”. »

“Le lanceur me demande de soulever mon pull”

En dehors de l’école, les expériences ne sont pas plus stimulantes. Elle se souvient d’un casting pour jouer une silhouette dans un clip, auquel elle s’est présentée vêtue d’un pull. « Le casteur me demande de le soulever pour voir mon corps, pour voir si cela irait bien dans son clip. J’avais 20 ans. Je me souviens de l’avoir fait et de m’être demandé : « Qu’est-ce que je fous ? Demanderiez-vous à un homme de voir à quoi il ressemble dans son T-shirt pour un petit rôle ? » Bien sûr que non. Mais pour une femme, il fallait s’assurer qu’il n’y ait pas de renflements dans son film, car cela n’est pas considéré comme « beau ». Toute la question est là, cette notion de beauté : « De quoi rêvons-nous, à quoi pensons-nous ? »

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Cette réflexion sera centrale dans ses choix d’actrice. À l’école, Manon tente de s’épanouir dans le « des petits espaces de liberté » qu’elle trouve, comme le « projets personnels ». Elle enchaîne alors un single sur scène avec un texte choc sur le corps de la femme. “Je travaille à la fois sur le monstre qu’il peut être et sur la diva de l’extrême, et je joue avec ça”continue Manon.

Ça ne passe pas. “Les quelques femmes de l’école m’ont donné de très bons retours et les hommes ont arrêté de me parler, assure-t-elle. Des intervenants m’ont dit que je les avais choqués, le réalisateur que je m’étais « trompé »… Quand tu es trash, quand tu touches des lieux…

 
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