L’arthrose, à quoi est-elle due, comment la prendre en charge ? – .

« Waouh, c’est coincé dans mes articulations… Je ne suis plus aussi souple qu’avant ! »

Qui, passé un certain âge, n’a jamais pensé (ou entendu dire dans son entourage) ce type de phrase ? Difficultés à marcher, à lever les bras, à se lever… Plus le temps passe, notre mécanique corporelle n’est plus aussi bien huilée, et plier nos articulations devient plus compliqué.

Si l’on peut parfois imputer nos maux à de faux mouvements provoqués par nos activités, notre manque d’exercice, ou encore la météo, un autre suspect nous vient aussi souvent à l’esprit : l’arthrose. Et pour cause : cette maladie n’est pas rare, puisqu’on estime qu’elle touchera près de 10 millions de Français en 2050. À quoi est-elle due, et ses effets peuvent-ils être atténués ?

Quand les articulations se bloquent

L’arthrose est une maladie musculo-squelettique, c’est-à-dire qu’elle affecte le système qui donne sa stature à notre corps et lui permet de bouger. Celui-ci est constitué de muscles, d’os et d’articulations, points de contact entre eux. C’est eux qui assurent la mobilité de notre squelette. Et ils sont aussi la cible de l’arthrose, comme nous l’enseigne l’étymologie de ce mot, du grec « arthrose », « articulation ».



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L’arthrose attaque directement une ou plusieurs articulations, qu’elles soient porteuses (c’est-à-dire qui supportent le poids du corps : genoux, hanches, chevilles, colonne vertébrale…) ou non. La gonarthrose (ou arthrose du genou) est la plus fréquente, suivie de la coxarthrose (ou arthrose de la hanche). Il existe également l’arthrose des doigts et la rhizarthrose (ou arthrose touchant la base du pouce), celle de la colonne vertébrale, et plus rarement celle de l’épaule, du coude ou de la cheville.

Les mécanismes à l’origine de cette maladie chronique ne sont pas encore complètement identifiés, mais on sait que certains facteurs comme le vieillissement et le surpoids peuvent favoriser son apparition. Arthrose classée comme arthrose primitive si elle se développe spontanément. Elle est dite secondaire si elle se manifeste suite à un traumatisme d’une articulation ou à une autre maladie articulaire, comme l’arthrite (inflammation des articulations résultant d’un dysfonctionnement du système immunitaire) ou la goutte (rhumatisme provoqué par des dépôts microscopiques de cristaux d’acide urique dans les articulations).

Même s’il existe très peu de travaux scientifiques décrivant les origines génétiques, on sait que certaines activités augmentent le risque d’arthrose. C’est par exemple le cas du sport de haut niveau ou des métiers impliquant le port de charges lourdes ou l’exécution de mouvements répétés.

Comment fonctionne une association ?

Une articulation saine est constituée des structures suivantes :

  • Muscles qui s’attachent aux os via les tendons. Ils stabilisent l’articulation pour lui permettre de bouger ;

  • Les os, qui soutiennent le corps et permettent l’insertion des tendons et des ligaments. Les ligaments et la capsule articulaire qui stabilisent les os entre eux pour éviter leur luxation ;

  • Cartilage qui recouvre les extrémités des os. Ce cartilage articulaire est une sorte de coussin, sans nerfs ni vaisseaux sanguins, qui absorbe les chocs et favorise la fluidité des mouvements articulaires. Il repose sur une partie osseuse appelée os sous-chondral ;

  • La membrane synoviale, qui tapisse l’intérieur de la capsule articulaire. Il produit du liquide synovial (ou synovie), qui assure la lubrification des articulations et la nutrition du cartilage par imbibition. Il s’agit d’un exsudat de plasma sanguin, de composition très similaire, mais enrichi en acide hyaluronique, produit par la membrane synoviale. La synoviale élimine également les éventuels corps étrangers présents dans l’articulation.

Schéma d’une articulation.
Shutterstock/Blamb

Quels sont les effets de l’arthrose sur les articulations

Auparavant, l’arthrose était considérée comme une pathologie liée exclusivement à des problèmes de cartilage. Cependant, il est désormais bien établi que les mécanismes associés à cette maladie sont beaucoup plus complexes, et impliquent non seulement le cartilage, mais aussi toutes les structures de l’articulation (tendons, os, membrane synoviale, ligaments).

L’arthrose entraîne une dégénérescence du cartilage, ainsi qu’une inflammation des articulations. Cette inflammation peut être à la fois la cause ou la conséquence de l’arthrose.

Du fait de cette destruction lente et progressive, le coussinet cartilagineux perd progressivement la capacité d’amortir les contraintes mécaniques appliquées à l’articulation lors des mouvements. Victime des pressions mécaniques qui en résultent, l’os sous-chondral réagit en formant, à la périphérie de l’articulation, des excroissances osseuses appelées « becs de perroquet » (ou « ostéophytes »).

En anglais, l’arthrose est « osteoarthritis », dont la traduction littérale serait « osteoarthrose ». Ce nom anglais met en avant la contribution de l’os sous-chondral à l’arthrose.

Le cartilage articulaire étant dépourvu de nerfs, sa destruction ne provoque pas de douleur chez les patients. Lorsque l’articulation devient douloureuse, il est trop tard et les autres structures articulaires sont touchées (car innervées !) et cela signifie que l’arthrose est déjà bien installée.

L’arthrose entraîne progressivement une destruction de l’articulation, ce qui entraîne une grave altération de la mobilité. Les patients éprouvent des difficultés à se tenir debout (marcher, courir, etc.), ainsi que des problèmes articulaires au niveau des mains, des coudes ou des épaules qui rendent la préhension ou le portage difficile. Des problèmes de dos peuvent également survenir (douleurs au cou, au dos et au bas du dos), lorsque les disques intervertébraux sont touchés.

Prévenir l’arthrose ?

En matière de prévention, les praticiens conseillent aux patients de perdre du poids lorsque cela est nécessaire, et de pratiquer régulièrement une activité physique spécifiquement adaptée aux patients qui permet de mobiliser et de renforcer les articulations sans les traumatiser (natation, etc.).

Cette activité doit être associée à une alimentation équilibrée afin d’éviter d’une part le surpoids, facteur de risque majeur de rhumatismes, et d’autre part les carences en calcium et en vitamine D, qui augmentent le risque d’ostéoporose et donc de fracture. .

La prévention des traumatismes est également recommandée, dès l’enfance et l’adolescence. Ce point est particulièrement important lors de la pratique d’un sport. Pour ce faire, il est nécessaire de former les entraîneurs sportifs aux conséquences ostéo-articulaires des traumatismes (échauffements ciblés, renforcement musculaire pour stabiliser les articulations, interruption sportive adaptée en cas de traumatisme…).

Enfin, il est important de prévenir les chutes chez les personnes âgées, car elles peuvent entraîner des fractures pouvant provoquer de l’arthrose.

Traitements de l’arthrose

La stratégie thérapeutique globale pour traiter l’arthrose consiste à maintenir la qualité de vie du patient et à ralentir son évolution.

Dans un premier temps, les interventions sont non chirurgicales et consistent à gérer les symptômes. Ces traitements ciblent donc les conséquences de la maladie, mais pas la maladie elle-même. Il s’agit de préserver la mobilité et de soulager la douleur grâce à des analgésiques et des anti-inflammatoires. Si ces médicaments perdent leur efficacité, l’étape suivante consiste à recourir à la chirurgie, toujours pour soulager la douleur et tenter de restaurer la mobilité articulaire.

Différentes approches existent comme le drainage de l’excès de synoviale, le lavage de l’articulation en éliminant d’éventuels débris cartilagineux ou osseux, la réparation des tendons suite à une rupture, une synovectomie c’est-à-dire l’ablation de l’excès de membrane synoviale (dû à une inflammation), une arthrodèse pour bloquer l’articulation et souder les os, etc.

Au stade ultime, l’arthrose peut nécessiter la pose d’une prothèse par un chirurgien orthopédiste.
Shutterstock/guimauve sucrée

L’approche ultime est la pose d’une prothèse pour remplacer l’articulation. En effet, le cartilage articulaire ne peut pas être régénéré et sa destruction est donc permanente. La pose de prothèses est courante pour la hanche et le genou, et existe également pour d’autres articulations comme l’épaule, la cheville et les disques intervertébraux. Il existe des prothèses partielles ou totales (remplacement de l’intégralité de l’articulation).

L’arthrose, une maladie grave mais peu visible

La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a reconnu l’arthrose comme une maladie grave pour laquelle il existe un besoin médical très insatisfait en thérapies modifiant la progression de la maladie.

Qu’il s’agisse de jeunes ayant subi un traumatisme articulaire ou de personnes âgées confrontées au stress typique dû au vieillissement ou à la dégénérescence des tissus, il existe un besoin impérieux de soutenir la recherche scientifique pour explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques durables.

Si certaines pathologies comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires font l’objet de nombreuses recherches visant à développer des solutions thérapeutiques efficaces, ce n’est pas le cas de l’arthrose. Certes, même en l’absence de traitement efficace, le pronostic vital des patients touchés par cette maladie articulaire n’est pas compromis.

Mais si l’arthrose « ne tue pas », elle touche néanmoins plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde, dont elle détériore considérablement la qualité de vie. Son traitement constitue un enjeu mondial, tant économique que de santé publique. En effet, l’arthrose contribue à une augmentation des situations de handicap et de la morbidité.

En impactant le vieillissement de la population et de la population française en général, elle réduit le nombre d’années de vie en bonne santé et constitue une lourde charge, du fait des départs anticipés aux retraites, des déclarations de maladies professionnelles et des journées de travail perdues. chaque année, elle accouche.

Elle passe malheureusement au second plan par rapport à la recherche en santé, les travaux sur l’arthrose restant mal subventionnés par rapport aux travaux sur des pathologies dont les conséquences sont jugées plus imminentes.

Soutenir la recherche scientifique est pourtant essentiel, d’autant plus depuis l’émergence de la médecine régénérative, qui pourrait constituer une opportunité pour traiter les défauts du cartilage et favoriser sa régénération.

Parmi les approches les plus prometteuses figurent la construction de greffes de cartilage à l’aide de biomatériaux et de cellules souches associées à l’impression 3D, ou encore l’utilisation de préparations de nanoparticules injectables dans l’articulation pour ralentir la progression de l’arthrose. Ces nanoparticules peuvent être d’origine humaine, comme les vésicules extracellulaires produites par les cellules souches, ou artificielles, comme les liposomes produits à partir de lipides végétaux ou marins.

Financer ces travaux, notamment grâce au soutien de l’État et d’associations, comme la Société française de rhumatologie ou la Fondation pour la recherche médicale, est essentiel si l’on souhaite assurer le bon vieillissement de notre population, et sa capacité à continuer à déménagez en toute sérénité, malgré votre grand âge.


Pour de plus amples :
– La page dédiée à l’arthrose sur le site de la Société française de rhumatologie (SFR) ;
– Le projet Research on OsteoArthritis Diseases (ROAD) de l’Arthritis Foundation ;
– La page dédiée à l’arthrose sur le site de la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) ;
– Le dossier consacré à l’arthrose par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

 
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