« À cause de la glace, mon fils s’est suicidé. » Un témoignage poignant

Son nom était Teremu. Il avait 29 ans. Il y a deux mois, il a mis fin à ses jours après des années de dépendance à la glace. Juste avant, il avait envoyé un dernier message à sa mère. Entretien exclusif et émouvant qui est aussi un message envoyé aux autres parents.

Pierre Emmanuel Garot, Lucile Guichet


Publié le 22 avril 2024 à 16h57,
mis à jour le 22 avril 2024 à 17h14

30 kilos de glace ont déjà été saisis depuis le début de cette année. C’est déjà plus que toute l’année 2023. Et tandis que certains choisissent de profiter de l’importation de cette drogue très addictive, le trafic se développe en Polynésie où les toxicomanes sont livrés à eux-mêmes. Le quotidien en famille devient insupportable. C’est le cas de Lisiane (prénom d’emprunt). Ella a accepté de témoigner. Elle a perdu son fils plus tôt cette année.

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Le fils de Lisiane n’a été inquiété ni par la police ni par la justice. Les opérations antidrogue se sont multipliées ces dernières semaines, notamment au profit de l’opération « déminage » organisée avant les JO.

©gendarmerie nationale

P.1ère Qu’est-ce qui a retenu votre attention ?

« Avant, c’était une personne très gentille et douce. Mais quand il a commencé à consommer, il n’était plus le même. Il m’a répondu brutalement. Il ne mangeait plus. La nuit, il était agité : « Il ne dormait plus. C’est grâce à sa copine que j’ai découvert qu’il prenait de la glace. Dans un premier temps, il a nié. Puis il m’a dit que c’était pour joindre les deux bouts.

P.1ère Vous êtes-vous senti impuissant ?

  • “Oui parce que je vis seul avec mes enfants, depuis la mort de mon mari. Mais j’ai essayé de le raisonner. Je lui ai demandé où allait son salaire. Il m’a aidé un peu à la maison, 5 000 à 10 000 FCP par mois, mais il n’a presque rien payé. Il avait son travail, il vivait avec maman. Je lui ai dit qu’il m’a fait souffrir, que je devais avoir des projets dans la vie qui pouvaient l’aider à s’en sortir : faire des voyages. Il ne voulait pas m’écouter.
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30 kilos de glace ont déjà été saisis depuis début 2024.

©P.1ère

P.1ère Vous vous êtes senti coupable quelque part ? Avez-vous tout essayé…

« Depuis qu’ils sont petits, mes enfants ont su gérer leur indépendance. Je travaillais souvent par équipes et il n’y avait personne pour les surveiller. Pourtant, j’étais là pour les éduquer, mais lorsqu’ils étaient plongés dans « On ne peut rien faire. Nous ne pouvons que prier. Pour lui, cette drogue était un loisir. Il soulageait ainsi sa conscience et ses problèmes. Quand il est parti, c’était une douleur insurmontable.

Son fils avait consulté un psychologue, mais avait rapidement abandonné son suivi. Sa mère assistait, impuissante, à sa longue descente aux enfers.

P.1ère Avait-il changé physiquement ?

« La glace a eu un gros impact sur lui. Il avait l’air plus âgé. Il avait des cernes, il avait maigri. Ça me fait mal. Lorsqu’il est tombé dans cette spirale, il n’avait plus d’argent, plus « Il n’a même pas écouté son parrain, mon frère. À un moment donné, lorsqu’un consommateur de glace n’a plus d’argent pour s’approvisionner, il se rend chez les revendeurs pour devenir lui-même revendeur.»

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« Maman, je n’y arrive pas, je dois de l’argent à des amis » a déclaré le fils de Lisiane, Teremu, avant de commettre l’irréparable. « C’est comme si quelqu’un m’avait poignardée », dit-elle.

©P.1ère

P.1ère Quel a été le dernier message qu’il vous a envoyé ?

« Pardonnez-moi pour tout ce que j’ai dit ou fait. J’ai perdu ma vie. Je t’aime. Quand il est décédé, j’ai Je me suis adressé aux jeunes présents à la veillée pour tenter de les sensibiliser. Il y a eu beaucoup de pleurs, mais cela ne les a pas empêchés de continuer. L’un d’eux a quand même demandé pardon à sa mère lorsqu’il a appris que mon fils était décédé. Et elle ajoute, avec colère, « la plupart des gens qui vendent de la glace, c’est un milieu plutôt aisé. Il semble qu’ils n’aient pas encore assez d’argent. Ils en veulent toujours plus. Mon fils ne pouvait pas s’en sortir.

Il n’existe toujours pas de centre de désintoxication pour soigner les toxicomanes en Polynésie. Pas d’association de lutte contre la drogue non plus. Les parents et les familles se retrouvent seuls face à la dépendance.

 
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