Donald Trump accusé de fraude électorale en 2016

Donald Trump accusé de fraude électorale en 2016
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Il entra dans la salle d’audience 1530, au quinzième étage du palais de justice de Manhattan, l’air maussade et boudeur. Lundi matin, Donald Trump a été le premier président à être jugé pénalement dans l’histoire des États-Unis. Un peu avant 9h30, il s’est assis dans la salle d’audience, où, adossé au dossier de son fauteuil en simili cuir bordeaux, tombant d’ennui, il a fermé les yeux de temps en temps pendant l’audience, sursautant lorsque son avocat lui a donné un coup de coude pour lui montrer un document. Dans cette salle glaciale, à cause d’un problème de climatisation qui nous laisse le choix entre geler ou étouffer de chaleur, l’ancien président traverse visiblement une période difficile.

La parole a d’abord été donnée au parquet, représenté par le procureur adjoint Matthew Colangelo. Il est l’une des (nombreuses) bêtes noires de l’ex-président : ce magistrat d’une cinquantaine d’années aux allures de jeune premier ministre est un beau démocrate, ancien directeur de l’ancien secrétaire au Travail de Barack Obama, puis hiérarque. au ministère de la Justice sous Joe Biden. Surtout, il connaît le « dossier Trump » comme sa poche. Il a participé à de nombreuses enquêtes et poursuites civiles qui ont conduit, entre autres, à la dissolution de la fondation Trump en 2018 puis à l’amende record de 450 millions de dollars qui lui a été infligée le mois dernier à la suite d’un procès pour fraude.

Colangelo a commencé sa plaidoirie finale en qualifiant l’affaire de « complot criminel visant à corrompre l’élection présidentielle de 2016 ». Il a ensuite retracé le fil des événements. Selon lui, tout a commencé avec un pacte conclu en août 2015 à la Trump Tower entre l’homme d’affaires, alors candidat à la présidentielle, avec son ami David Pecker, patron d’un groupe de presse propriétaire du tabloïd « The National Enquirer », en présence de Michael Cohen, alors avocat et « réparateur » du milliardaire, toujours conscient des mauvaises choses. “Je serai vos yeux et vos oreilles”, promet le rédacteur en chef, qui estime qu’une alliance avec le candidat républicain pourrait rapporter gros à ses journaux.

Le reste après cette annonce

Selon l’accusation, Stormy Daniels a frappé à sa porte pour vendre le récit de la soirée qu’elle disait avoir passée avec Trump. Michael Cohen négocie son silence pour 130 000 dollars, « mais Trump propose de reporter le paiement » au-delà du 8 novembre 2016, soit « après l’élection », car visiblement, le « scoop » n’a plus aucune valeur s’il perd. « Cela montre le côté frugal de M. Trump, sa volonté de négocier tous les projets de loi », souligne cruellement le magistrat. Le paiement a finalement eu lieu. Michael Cohen s’en occupe, avec son propre argent. Il faut évidemment le rembourser, mais comment ? “Nous ne pouvions évidemment pas créer une ligne appelée ‘remboursement des stars du porno'” dans les comptes de la Trump Organization, note Colangelo. Il a donc fallu « habiller les comptes » pour rembourser Michael Cohen en onze fois, « sur présentation de onze fausses factures ».

L’ancien avocat de Trump, témoin clé

Matthew Colangelo s’est concentré sur la défense de la crédibilité de Michael Cohen, qui est son témoin vedette. L’ancien avocat de Trump est en effet devenu son assassin lorsqu’il a commencé à coopérer, à l’été 2018, avec la justice pour réduire sa peine de prison. « Il a certes menti, mais il a menti pour protéger son patron », a insisté le procureur adjoint.

La parole a ensuite été donnée à la défense, représentée par Todd Blanche, l’avocat de Donald Trump. Ce ténor du barreau a misé toute sa carrière à défendre l’ancien président. Il a quitté l’ancienne société prestigieuse dont il était associé pour ouvrir la sienne, a déménagé de New York en Floride avec femme et enfants et a même changé son affiliation politique de démocrate à républicaine. Il est décrit par ses anciens collègues du New York Times comme un homme de « la loi et de l’ordre ». En fait, il parle d’une manière calme et factuelle. Il ne se livre pas du tout à la polémique, contrairement à Donald Trump qui semble lui faire entièrement confiance.

Habilement, l’avocat a commencé à humaniser son client : « Vous le connaissez tous depuis des années, il est « plus grand que nature », mais c’est aussi un homme comme vous et moi, un mari, un père » et « un innocent ». Après avoir souligné que c’est à l’accusation de démontrer la culpabilité de l’ancien président et non l’inverse, il a posé la question rageuse : « Où est le crime ? » Avant de répondre : « Il n’y a rien de mal à tenter d’influencer une élection : c’est le jeu de la démocratie ».

Les chèques que Donald Trump lui-même a signés à Michael Cohen (de la Maison Blanche pour neuf d’entre eux, précise-t-il) n’étaient rien d’autre que des « frais juridiques » dont il ne pouvait connaître la nature car, en tant que président des États-Unis, il avait s’est coupé de son ancien groupe immobilier. Todd Blanche a annoncé que son comptable était prêt à confirmer à la barre qu’il « n’avait rien à voir avec la facturation ». Et d’ajouter : “il signait juste des chèques, et ce n’est pas un crime”. De même, il n’y a rien de mal à signer des « accords de non-divulgation » car, selon lui, l’ancien maître de la Maison Blanche « ne faisait que défendre son nom, sa marque et sa famille » lorsque Stormy Daniels a tenté de « lui extorquer de l’argent ». lui.

Puis il s’en est pris à Michael Cohen. “Pas plus tard qu’hier (dimanche soir, NDLR), il disait que ce procès lui procurait une excitation mentale.” Cohen, selon lui, est « obsédé » par Trump, dont il a juré la chute en écrivant deux livres contre lui et en animant un podcast. « Tous ses revenus proviennent de la destruction du président Trump. Il s’agit également d’un criminel reconnu coupable qui a admis avoir menti à plusieurs reprises dans le passé. Nous ne pouvons pas lui faire confiance.

Deux versions des faits

Pour permettre aux douze jurés de voir plus clair entre ces deux versions des faits, le juge Juan Merchan, qui présidait les audiences, a appelé à la barre le premier témoin appelé par l’accusation : David Pecker. L’homme qui aurait lancé l’intrigue n’est plus le président tout-puissant du groupe de presse tabloïd : âgé de 72 ans, il a gardé son look de playboy des années 80, avec ses cheveux gris mi-longs plaqués en arrière, et profite d’une retraite active comme un consultant indépendant.

Cuit sur les méthodes d’enquête du National Enquirer, il a confirmé « pratiquer le journalisme de chéquier », c’est-à-dire qu’il payait des sources (concierges d’hôtels, chauffeurs de taxi de luxe, etc.) pour obtenir des conseils sur des célébrités. Particulièrement à l’aise, riant aux éclats des plaisanteries des procureurs, il n’a pas pu aller plus loin : l’audience a dû être écourtée en raison d’un problème dentaire chez l’un des jurés. Suite du prochain épisode ce mardi…

 
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