Une journée à bord du Thermal Express

Une journée à bord du Thermal Express
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9h15, quai de la gare de Clermont. L’ambiance est fébrile. Un peu d’impatience se lit dans le regard des gens qui scrutent au loin le carrefour venant de Brézet. Et puis, instant magique, un immense panache de fumée et de vapeur annonce l’arrivée du Thermal Express tiré par un engin exceptionnel, le 140 C 27. Construit par la North-British Locomotive Company, livré en 1917, le « C » fut a participé à la Première Guerre mondiale en tirant des trains d’artillerie lourde. Après la guerre, elle retourne au service civil à la Compagnie des chemins de fer de l’Est puis à la SNCF. Aujourd’hui, il ne reste que 3 exemplaires de la série 140 C, en état de marche, sur les 340 construits. De quoi obtenir le titre de Monument Historique.

Dans les compartiments, on parle des étrangers

9h30, bienvenue à bord. Henri, président de l’association Train à Vapeur d’Auvergne, casquette sur la tête, accueille les premiers voyageurs. Amoureux de trains anciens et de paysages, ils seront servis. 6 wagons des années 20 à 60 composent le train qui propose un voyage dans le temps, à l’époque où l’on pouvait baisser les vitres en respectant l’interdiction de se pencher. Dans les compartiments, on parle étrangers. La dame à l’accent britannique qui demandait une première place a fini par trouver une place assez confortable pour elle derrière.

9h45, sifflements caractéristiques du chef d’orchestre et de la locomotive, ça fait partie du folklore. Le train avance lentement et se dirige vers Bourboule avec des arrêts prévus à Royat, Volvic et Laqueuille. Yves et René tiennent le wagon-bar, ils commencent déjà à servir le café et à garder le vin blanc au frais pour plus tard. Rachel s’occupe de sa petite fille et de la boutique de goodies et de souvenirs. « En fonction des déplacements, nous gagnons entre 150 et 1 000 euros de recettes » explique-t-elle, cela permet d’alimenter la trésorerie de l’association. A travers les fenêtres, la ville de Clermont défile sous un angle insolite. Le train arrive déjà à Royat-Chamalières pour son premier arrêt. On a l’impression de revenir à l’époque Napoléon III, hormis quelques détails vestimentaires.

Le Thermal Express, un régal pour les observateurs

9h57, nouveau coup de sifflet du « C ». Quelques voyageurs sont montés à bord du Thermal Expess. Le train met 34 minutes pour monter vers la gare de Volvic. Le pourcentage nécessite l’appui d’un moteur diesel en queue de train pour apporter un certain soulagement à la grand-mère qui reste en forme malgré ses 107 ans. Une 140 C de 1917, c’est sans doute la première fois qu’on circule sur cette ligne. Tout au long du parcours, de petits groupes de personnes sont postés pour prendre des photos et filmer. « Tout au long du parcours, nous avons des passionnés qui nous accompagnent. On les appelle des spotters, ce sont des gens qui prennent des photos de tous les trains historiques. Ils peuvent parfois traverser la entière pour photographier un train spécial », explique Henri, président du Train à Vapeur d’Auvergne. « Il faut reconnaître que le train que nous proposons aujourd’hui est véritablement un train spécial. Il n’y en a pas eu sur cette ligne depuis des années. Et les spotteurs s’en donneront à coeur joie jusqu’à la Bourboule et même au retour, comme cet homme régulièrement posté sur le toit de sa solide Peugeot 407 grise, histoire d’être à la hauteur du défi. l’événement.

10h40, le Thermal Express part pour le tronçon le plus long de la journée jusqu’à la gare de Laqueuille. Dans le wagon-bar, Flavien le conducteur rejoint quelques-uns des 26 bénévoles qui animent le train. « Aujourd’hui 6 associations différentes collaborent, notamment le Gadeft, groupement d’appui au développement de l’exploitation ferroviaire touristique, l’association gardoise propriétaire de la Locomotive ». Flavien a déjà fait les comptes de la journée. Il sait que le train n’est pas plein mais que les revenus seront suffisants pour couvrir les frais avec des billets à 60 euros. « Aujourd’hui, pour 140 km, nous consommerons 5 à 6 tonnes de charbon à 600 euros la tonne. Notre association fonctionne avec un budget annuel de 200 000 euros. Nous collectons des fonds grâce à des voyages, des contributions et des dons. A noter que les équipements empruntent des lignes SNCF soumises à péage. Elle nécessite que les équipements soient soumis à des contrôles techniques rigoureux et réguliers qui coûtent à chaque fois plusieurs milliers d’euros. La SNCF perçoit également un loyer pour l’entrepôt où est stocké le matériel à Brézet. Sans le volontariat de passionnés, rien ne serait possible et le matériel resterait inerte.

Vue imprenable sur la Banne d’Ordanche et le Sancy enneigé

11h53, le train arrive à la gare de Laqueuille pour une pause de 20 minutes. Ambiance Far West, sans les tumbleweeds mais avec Bleu La Mémée. Les passagers se rassemblent autour de l’engin dont la chaudière libère ses panaches de vapeur. D’autres apprécient le paysage somptueux avec la Banne d’Ordanche et le Sancy enneigé en arrière-plan. Les plus prudents restaient dans les voitures et profitaient des étagères rabattables pour déposer des paniers pique-nique. Pendant ce temps, les chauffeurs méconnaissables, 5 à tour de rôle, le visage couvert de poussière de charbon, font le plein d’eau et vérifient l’huile des cylindres et des bielles.

12h13, le Thermal Express redémarre en direction de la Bourboule pour 20 minutes d’une descente impressionnante pour un train de 500 tonnes. Laurent est aux commandes de l’engin diesel-électrique loué à la SNCF pour l’occasion. Son énorme moteur V16 ronronne à 600 tr/min, soulageant le « C » au démarrage. A la descente, les yeux rivés sur les manomètres de freinage, il réduit vitesse et poussée, sans oublier de klaxonner lorsqu’il aperçoit les spotters, toujours présents. Bien qu’il ne soit pas cheminot, il a dû apprendre toutes les procédures de la SNCF qui ne néglige pas la sécurité. Dès qu’il oublie de manipuler le traditionnel cerceau, l’alarme dite « homme mort » retentit dans la cabine.

Les « faces noires » profitent de l’arrêt pour vider le cendrier

12h33, le convoi arrive enfin à La Bourboule, sous les yeux des habitants et des touristes qui ont oublié depuis combien de temps ils n’ont pas vu arriver un train de voyageurs dans la ville thermale. La jolie gare ressemble à un fantôme, elle a été fermée en même temps que la ligne qui vous menait au Mont Dore.
Les « faces noires » profitent de l’arrêt pour vider le cendrier de la 140 C, car une locomotive c’est finalement comme une cheminée, une fois le charbon brûlé il faut retirer les cendres et le clinker pour un meilleur tirage. Christophe, l’un des pilotes, n’en revient pas de la beauté de la ligne de La Bourboule « C’est la première fois que je le fais et c’est franchement magnifique… les montées, les paysages… ça change des caténaires » dit-il avec son accent du sud. « Conduire cette machine est un peu exigeant mais il faut surtout faire attention, car le moindre défaut met du temps à se rattraper lors de la chauffe lorsque la pression commence à baisser ». Christophe fait partie de Gadeft et va revenir à Clermont. La machine de son association sera basée à Clermont pour l’été 2024 et il reviendra rouler avec ses amis clermontois qui n’ont toujours pas remis en route leur 141 R 420, faute de financement.

13h18, le train part en direction de Laqueuille pour un petit aller-retour supplémentaire. « La SNCF nous autorise à avoir une liaison de banlieue, cela permet aux Bourboulais d’embarquer sur quelques kilomètres » explique Henri. Sur la ligne, il n’y a aucun moyen de faire demi-tour, donc dans le sens retour, le moteur diesel tirera et la locomotive à vapeur poussera en faisant marche arrière. La montée dure 30 minutes, tout se passe sans problème. A Laqueuille les pilotes finissent de remplir l’annexe en eau pour le retour tout en maintenant la pression pour la deuxième descente vers La Bourboule. Une fois de plus, les fans se pressent autour de la machine. Toute l’équipe de bénévoles en a profité pour prendre une photo de groupe et immortaliser cette journée.

Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas de vapeur sur cette ligne

14h43, descente vers La Bourboule. « Ce voyage est véritablement historique puisque la ligne a été fermée il y a presque 10 ans. Seuls des trains de marchandises y circulent actuellement et quelques rares trains touristiques principalement en wagons » explique le président de l’association Train à Vapeur d’Auvergne. Cela fait extrêmement longtemps qu’il n’y avait plus de vapeur sur cette ligne, c’est finalement quelque chose de magique. Malgré l’immobilisation de la 141 pour sa grande visite, nous avons souhaité continuer à proposer aux Auvergnats la possibilité de bénéficier de trains à traction vapeur. Nos amis de Gadeft sont venus nous soutenir. La majorité des passagers sont clermontois, mais il nous tenait à cœur de permettre aux gens qui habitent Laqueuille ou La Bourboule de pouvoir prendre ce train.

15h28, tout le monde monte à bord du Thermal Express pour une dernière montée jusqu’à Laqueuille avant la grande descente vers Clermont avec les mêmes arrêts qu’à l’aller. Au moteur diesel, Laurent conduira le train jusqu’à son terminus tandis qu’à l’arrière, les conducteurs continueront d’alimenter le foyer de la 140, même si cela ne contribue guère à pousser le train. Le chauffage maintient l’huile sous pression, condition nécessaire pour éviter de casser la machine.

Basile dormira à l’Hôtel Albert-Elisabeth

19h20, gare de Clermont, tous les passagers descendent. Les chauffeurs arrosent le cendrier pour commencer à réduire la pression. Encore quelques photos, un dernier coup de sifflet et le 140 C 27 repart vers l’entrepôt de Brézet où il refroidira tranquillement jusqu’au prochain voyage. Sur le quai, Basile photographie une dernière fois avec son téléobjectif. «J’adore les trains à vapeur. Je suis venu exprès de Paris pour monter à bord du Thermal Express. Je dors à l’Hôtel Albert-Élisabeth et je prends les Intercités demain matin pour Paris »

Basilic
Photos 7 jours à Clermont
Henri
 
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