« la rue l’a tué », déplore le Resto du Cœur

« la rue l’a tué », déplore le Resto du Cœur
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Il s’appelait Jules, il avait une trentaine d’années et père d’un enfant de 4 ans. Dans la nuit de samedi à dimanche, il a perdu la vie. Jules était un sans-abri bien connu à Mouscron et notamment au Resto du Cœur qu’il fréquentait régulièrement. Le malheureux dormait dans des endroits accroupis ou sous la toile d’une tente, faute de mieux.

C’est dans cette tente, quelque part dans le quartier de Blommes, qu’il finit ses jours. L’équipe du Resto du Cœur se dit dévastée par ce drame qui «nous rappelle la dure réalité de l’exclusion sociale et de la précarité» qui touche encore trop de pauvres. Au lendemain de sa mort, les personnes « privées » sont celles qui ont été en contact avec Jules et qui sont aujourd’hui privées de sa présence. “Nous le voyions presque tous les jours au restaurant. Depuis plusieurs semaines, nous l’accompagnions pour tenter de lui trouver un logement et de le sortir de ce précipice. La nouvelle de sa mort nous attriste, nous met en colère et nous ébranle», confie Xavier Bouret, le directeur du Resto du Cœur de Mouscron.

Faut-il attendre qu’un drame rassemble tous les acteurs luttant contre la précarité ? “Jules ne vivait pas en ermite. Il avait déjà frappé aux portes des structures d’accueil de la Ville de Mouscron. Il était comme les autres SDF que la rue broie et écrase : pas toujours poli et parfois ivre. L’accès au refuge de nuit lui a parfois été refusé. Pour quoi ? Parce que nous conditionnons l’aide qui devrait être accordée à toutes les personnes qui dorment dans la rue. S’il y a des conditions, nous faisons campagne pour qu’elles soient beaucoup moins drastiques. Même s’il est tout sauf évident d’aider les personnes qui peuvent avoir des accès de violence, verbales ou physiques parce qu’elles sont sous imprégnation alcoolique ou en état de manque.», poursuit notre interlocuteur.

Le directeur du Resto du Cœur hurlu ne veut pas parler d’un «responsabilité individuelle» qui a entraîné la mort du sans-abri. Rappelez-nous simplement la noirceur et la brutalité du quotidien qui ne peut être facilité qu’avec un travail encore plus approfondi. “Malgré les abris de jour et de nuit, il faut aller plus loin. La rue a tué ce jeune homme. Nous devons en être conscients pour aider ceux qui vivent dans les mêmes conditions et qui consomment de la drogue ou de l’alcool à survivre. Ensemble, de quoi sommes-nous capables ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour éviter de vivre une autre tragédie ? Telles sont les questions que toutes les parties prenantes doivent avoir à l’esprit. Exclure des personnes déjà exclues de tout le reste ne fera qu’aggraver la situation.», conclut Xavier Bouret.

En deuil ce lundi, le Resto du Cœur n’a pas fini de se battre pour faire entendre la voix des « exclus du partage », selon l’expression chantée par Coluche, Jean-Jacques Goldman et les Enfoirés depuis 1985, déjà…


Coup de rappel macabre

Mercredi 17 avril. La Ville de Mouscron accueille quatre associations pour les remercier du soutien apporté à l’accueil de jour et à l’accueil de nuit, dont bénéficient les sans-abri. Dimanche 21 avril, un des sans abris qui résidaient sur le territoire de Mouscron a perdu la vie.

Parfois, ce n’est pas une coïncidence. Parfois, ce que nous pensons être une coïncidence n’est qu’un retour implacable à la réalité. Eh oui, la Ville de Mouscron a enfin trouvé un bâtiment pour son nouveau refuge qui combinera accueil de jour et accueil de nuit. Oui, le service des affaires sociales a eu raison de mettre à l’honneur l’Estrella, la Mosquée, la Croix Rouge et Saint Vincent de Paul. Et après ? La rue, les fléaux qu’elle entretient et qu’elle corrompt ne disparaîtront pas du jour au lendemain.

C’est ensemble (donc avec le Resto du Cœur et toutes les autres associations de terrain) que des aides plus justes pourront être apportées. Jules ne sera pas oublié. Au-delà de son deuil, il faut désormais avoir le courage de faire face à la triste réalité…

 
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