Le taux de natalité au Chili chute au plus bas des Amériques

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Un couple promène ses chiens dans le parc du Bicentenaire à Santiago le 5 septembre 2024.
Photo : AFP/VNA/CVN

Entre 2013 et 2023, les naissances ont chuté de 29% dans ce pays sud-américain de 19,6 millions d’habitants. C’est 1,17 enfant par femme, selon l’Institut national de la statistique (INE), loin des 2,1 nécessaires au renouvellement naturel de la population.

«Être mère demande une abnégation absolue. J’adore voyager et quand je pars en voyage, je le fais seule. Je ne demande rien à personne, je disparais tout simplement.“, explique M.moi Ramirez, qui jongle entre son activité professionnelle et la poursuite d’études de master.

«Je ne me vois pas devoir me soucier de l’alimentation« un enfant »prendre soin de ses loisirs et donner la priorité à son bien-être plutôt qu’au mien“, ajoute l’avocat de 29 ans.

Selon la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES), le taux de fécondité du Chili est inférieur à celui de l’Italie, parmi les plus bas d’Europe, avec un taux de fécondité total (TFR) de 1,20.

Le Japon est le pays le plus vieux du monde, suivi par l’Italie, où près de 30 % de la population a plus de 65 ans, selon les Nations Unies.

Un couple fait du vélo dans le parc du Bicentenaire à Santiago le 5 septembre 2024.
Photo : AFP/VNA/CVN

«Les changements dans la société chilienne en matière de reproduction ont été très rapides. Ce qui a pris des décennies en Europe, on le voit au Chili en 10 à 20 ans.” explique Martina Yopo, sociologue à l’Université catholique.

L’accès des femmes à l’éducation, au travail et à la contraception a «normes familiales et de genre plus souples dans la société chilienne« . «Aujourd’hui, être femme ne signifie pas forcément être mère, cela ne signifie pas forcément avoir des enfants.” ajoute-t-elle.

Selon les projections, et malgré l’accueil des immigrés qui ont assuré 17,4% des naissances dans le pays en 2021, le taux de natalité continuera de baisser au Chili.

Si en 2023, les naissances avaient déjà atteint un niveau historiquement bas (171 992 naissances soit -9,1% par rapport à l’année précédente), au premier semestre 2024, seulement 70 336 naissances ont été enregistrées, selon l’INE.

«C’est une urgence, une crise sanitaire. (La natalité) est le facteur le plus important en matière économique et sociale.« , prévient Anibal Scarella, président de la Société chilienne de médecine de la reproduction.

La baisse du taux de natalité, «implique une augmentation de la population âgée qui devra très probablement continuer à travailler« en repoussant l’âge de la retraite. »Il n’y aura pas de renouvellement générationnel« Ce qui aura des conséquences économiques comme une baisse de la croissance et une augmentation des dépenses publiques en matière de santé et de dépendance, explique l’économiste Jorge Berrios.

« Antinatalisme »

Un couple promène son chien dans le parc du Bicentenaire à Santiago, le 5 septembre 2024.
Photo : AFP/VNA/CVN

Comme dans les pays développés, au Chili, l’âge du premier enfant est repoussé et en 2023, un tiers des naissances concerneront des femmes âgées de 30 à 34 ans.

«Nous n’aidons pas à concilier l’évolution du travail et le désir de tomber enceinte« , souligne Anibal Scarella, qui souligne la nécessité d’informations sur les risques liés au report de l’âge de la maternité et d’un meilleur accès à la conservation des ovules et à la procréation assistée.

Cette baisse des naissances s’accompagne d’une diminution drastique des grossesses chez les adolescentes, qui ont chuté de 80 % en deux décennies, selon l’INE.

En outre, les vasectomies ont augmenté de 887% en dix ans, selon le ministère de la Santé. Et la stérilisation féminine a augmenté de 54% dans les hôpitaux publics au cours de la même période.

La kinésiologue Tamara Guzman, 41 ans, n’a jamais souhaité devenir mère. Elle voit sa décision renforcée par son «des amies qui sont mamans, super fatiguées, stressées, qui ont du mal à payer la nounou, la crèche, les couches” parce que “tout est très cher« .

Isidora Rugeronni, cadre bancaire, fait partie de ces femmes qui ont pris la décision radicale de se faire stériliser. Elle n’avait que 21 ans à l’époque.

«J’ai senti qu’il y avait beaucoup de mal dans ce monde, beaucoup d’injustice, et j’en suis venue à l’antinatalisme, une philosophie qui affirme qu’il n’est pas éthique d’avoir des enfants étant donné l’état actuel du monde.” explique-t-elle.

«Si je n’ai pas d’enfants, je peux être une militante plus engagée et avoir un réel impact sur la société.” explique-t-elle, aujourd’hui âgée de 25 ans.

AFP/VNA/CVN

 
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