Iwao Hakamada, qui a passé 46 ans dans le couloir de la mort au Japon, finalement acquitté

Iwao Hakamada, qui a passé 46 ans dans le couloir de la mort au Japon, finalement acquitté
Iwao Hakamada, qui a passé 46 ans dans le couloir de la mort au Japon, finalement acquitté
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L’ancien boxeur professionnel Iwao Hakamada, condamné à mort pour le meurtre de quatre membres d’une famille en 1966, à Hamamatsu (Japon), le 28 août 2018. KAZUHIRO NOGI / AFP

Espérons que ce soit la dernière page du dossier Hakamada. Condamné à la peine de mort le 11 septembre 1968, Iwao Hakamada, un Japonais de 88 ans, a été acquitté jeudi 26 septembre par le tribunal de Shizuoka lors de son procès en révision.

M. Hakamada est le détenu qui a passé le plus d’années dans le couloir de la mort au monde – près de 46 ans – un record dont il se serait volontiers passé. Ancien boxeur devenu employé dans une entreprise de fabrication de miso (soja fermenté), il fut arrêté en août 1966, accusé d’avoir assassiné son patron, la femme de son patron et leurs deux enfants le 30 juin 1966. Il fut condamné à mort deux des années plus tard.

Lors de son procès, il est revenu sur ses aveux, affirmant avoir été battu lors de son interrogatoire. Selon ses avocats, M. Hakamada a été interrogé pendant un total de 264 heures, avec des séances allant jusqu’à seize heures, sur une période de vingt-trois jours pour obtenir des aveux. Sa condamnation à mort a été confirmée en appel en 1980 par la Cour suprême japonaise.

En mars 2007, Norimichi Kumamoto, chef du panel de trois juges qui a initialement condamné M. Hakamada, a déclaré qu’il doutait de sa culpabilité. L’Association japonaise des boxeurs professionnels et Amnesty International soutiennent le condamné et permettent d’obtenir des progrès.

En 2014, le tribunal de Shizuoka a admis des doutes sur sa culpabilité après que des tests génétiques aient miné les preuves à charge au cœur du dossier de l’accusation : l’ADN trouvé sur des vêtements ensanglantés ne correspondait pas au sien. Il est alors libéré.

Cette affaire était devenue un symbole pour les partisans de l’abolition de la peine de mort au Japon, moins nombreux dans l’Archipel, selon les sondages, que ceux qui y étaient favorables. Mais le chemin pour obtenir un procès en révision a été particulièrement long et tortueux. En appel du parquet, la Haute Cour de Tokyo a remis en question en 2018 la fiabilité des tests ADN et annulé la décision de 2014, sans renvoyer M. Hakamada en prison. En 2020, nouveau rebondissement : la Cour suprême annule la décision qui empêchait M. Hakamada d’être rejugé. Lors des réquisitions pour son procès en révision, en mai 2023, les procureurs ont de nouveau réclamé la peine de mort, invoquant sa culpabilité. « au-delà de tout doute raisonnable ».

Des preuves avaient été fabriquées

Jeudi, le juge a remis en question l’enquête ayant conduit à la condamnation à mort. « Le tribunal a déterminé que trois éléments de preuve avaient été fabriqués pour suggérer que l’accusé était l’auteur du crime. En excluant ces éléments, les autres éléments retenus contre lui ne suffisent pas à établir qu’il en est l’auteur. crimes, a déclaré le juge dans ses déclarations. Il a également décrit la méthode d’interrogatoire comme“inhumain” parce qu’il visait à infliger « douleurs physiques et mentales » et à « pour contraindre à des déclarations »thèse que ses avocats ont toujours défendue. Le juge a ajouté que « les enquêteurs ont altéré les vêtements en y mettant du sang ».

Les partisans de M. Hakamada, qui n’étaient pas présents à l’audience, espèrent que les procureurs ne feront pas appel de ce jugement. Selon ses proches, il souffre d’importantes séquelles psychologiques après avoir passé près de cinq décennies dans le couloir de la mort, souvent à l’isolement, et où chaque jour pourrait être le dernier, comme le prévoit la loi japonaise. « Nous avons mené une bataille qui semblait interminable pendant si longtemps »» déclarait il y a quelques semaines sa sœur Hideko, 91 ans, leader de ses partisans.

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Les condamnés à mort au Japon sont souvent prévenus au tout dernier moment qu’ils seront pendus quelques heures plus tard, la pendaison étant la seule méthode de peine de mort acceptée dans l’archipel. Les politiques n’ont pas l’intention de l’abolir. En décembre 2023, l’Archipel comptait dans ses prisons un peu plus de 100 condamnés à mort.

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Le Monde avec AP et AFP

 
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