« Ce qui me frappe le plus, c’est le manque d’équité et d’équilibre »

« Ce qui me frappe le plus, c’est le manque d’équité et d’équilibre »
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J’ai 38 ans, je suis professeur de français, j’ai rencontré mon partenaire en octobre 2021 sur une appli. J’ai tout de suite su qu’il avait des enfants et cela ne m’a pas particulièrement inquiété. Sauf que je n’ai pas compris à l’époque toute la complexité de la chose ! Aujourd’hui, ce qui me frappe le plus, c’est le manque d’équité et d’équilibre. Je donnerais toujours plus que lui, je m’adapterais toujours plus que lui. Je me demande comment réussir à équilibrer une relation forcément déséquilibrée dès le départ. Jusqu’à ce que je rencontre ses enfants, j’avais l’impression d’être cachée, ce qui était un peu pénible car quand il était avec eux, on ne s’appelait pas, on ne se voyait pas et ça n’arrivait pas. Ce n’était pas naturel. J’ai été soulagé de les rencontrer fin avril 2022, car c’était aussi une marque d’engagement de la part de mon compagnon. Cela n’est arrivé ni trop vite ni trop longtemps après nos débuts, c’était très bien.

Pour me préparer, j’ai lu beaucoup de livres sur les familles recomposées, mais j’ai finalement fait à ma façon. J’ai aussi suivi des belles-mères sur Instagram, mais j’ai rapidement arrêté de suivre beaucoup de comptes car ils partageaient beaucoup de choses négatives et cela m’a fait voir des problèmes là où il n’y en avait pas. Une famille recomposée n’est jamais idyllique, mais pour moi tout va bien et voir tous ces témoignages de moments négatifs m’a plus perturbé qu’autre chose.

Nous avons tous dîné ensemble et je suis rentré chez moi. Deux semaines plus tard, nous sommes partis tous les cinq en week-end dans les Pyrénées. C’était parfait pour faire connaissance. Passer les premières nuits ensemble dans un lieu neutre nous a aidé, personne n’avait vraiment de repères donc, durant ce week-end, nous étions à égalité.

Quand les enfants projettent un avenir commun

Les parents étaient séparés depuis deux ans lorsque je suis entré dans la vie des enfants et ils avaient déjà un beau-père de l’autre côté. Le petit avait alors 6 ans, c’était tout de suite facile et fluide. Celui du milieu était plutôt un petit chat sauvage qui restait à distance mais, au fil du temps, on s’est mis à rire. Avec le plus grand, c’est encore différent, on s’entend bien, mais il est aussi hyper possessif et jaloux. S’il pouvait avoir son père pour lui tout seul, il préférerait. Ce qui n’est pas toujours évident à gérer mais on rigole beaucoup et il m’a même dit « quand on aura des enfants, tu seras un peu comme leur grand-mère, non ? » Qu’ils s’imaginent que je serai encore là dans 20-30 ans, qu’ils s’imaginent avec moi, c’est ce qui est le plus important et ça m’aide beaucoup.

J’ai emménagé chez eux en octobre 2022 car cela nous paraissait naturel. Ce qui était difficile, c’était d’emménager dans la maison qu’il avait construite avec son ex-femme. Au début, je ne me sentais pas vraiment chez moi, j’avais du mal à trouver ma place, donc on a changé beaucoup de meubles, repeint les murs, mais il a fallu du temps avant que je m’y sente bien. Parfois, c’est quand même compliqué. J’ai aussi découvert que c’était compliqué de ne pas avoir la paix le matin. J’ai été célibataire pendant longtemps et ce manque de calme et de tranquillité est l’une des choses les plus lourdes pour moi, avec le train-train quotidien des courses, de la lessive et des repas. Je fais plus que mon partenaire, parce que je travaille moins. Les choses se sont déroulées sans problème et naturellement, mais parfois, si c’est un moment où je ne me sens pas bien, je me demande. Je remets en question ma relation, mon rôle, je me demande si cette vie me convient vraiment, si elle ne m’enlève pas trop de liberté, etc. Cela demande quand même une telle capacité d’adaptation de notre part pour être belle-mère, qu’il est humain de se demander ces questions. Cela s’impose à vous et vous ne réalisez pas au début toutes les conséquences que cela entraîne. Ensuite, quand on a le nez dedans, c’est plus difficile de pouvoir s’arrêter.

Faire face aux impondérables de la famille recomposée

Même si tout se passe bien avec l’ex de mon compagnon, ce passé omniprésent peut me peser. Même si vous passez un week-end romantique, il y aura forcément un moment où les enfants ou votre ex vous appelleront. Nous n’avons jamais un jour vraiment libre de ce passé, un jour où il n’y a aucune autre présence. J’ai rencontré son ex-femme en même temps que je rencontrais les enfants, par hasard sur un parking, lorsque nous ramenons les enfants après notre week-end dans les Pyrénées. C’était une période où la petite se sentait un peu rejetée par sa mère puisque son compagnon de l’époque avait aussi deux enfants. Dans la voiture, elle m’a dit « Maman ne veut pas être avec moi, je ne lui manque pas » et elle s’est cachée derrière moi quand nous sommes arrivés, elle ne voulait pas aller voir sa mère. Ça crée une ambiance bizarre pour la première rencontre ! Sans compter que je suis assez jaloux, assez « incertain » et pour moi, c’était un gros fardeau de la rencontrer.

Je pense qu’il y a un peu de concurrence. Elle est argentine, très sociable, très bavarde, très sympathique et il y a une différence entre elle et moi. Je ne savais pas trop comment me positionner face à elle. Je sais qu’il est important que les enfants aient de bonnes relations, mais il y a des choses qui sont difficiles et qui contribuent aussi au déséquilibre. Mon homme ne s’occupe pas de mon ex tous les jours. L’image qui symbolise le mieux ma vie de belle-mère, c’est de marcher sur une corde raide et de ne jamais savoir si on va tomber ni dans quel sens on va tomber. Il faut s’adapter, composer avec les autres, toujours dans un équilibre précaire.

Beaux-parents pour référence

C’est drôle parce qu’être dans une famille recomposée m’a permis de comprendre que j’avais moi-même vécu dans une famille recomposée. Ma mère avait déjà un fils lorsqu’elle a épousé mon père et comme mon demi-frère appelait mon père « papa », je ne m’en suis jamais rendu compte. Mes parents se sont séparés quand j’étais adolescente et j’ai rencontré ma belle-mère, que je considère aujourd’hui comme ma mère, quand j’avais 17 ans. Il semble qu’au début, je l’ai rendu malheureux. Quand mes parents se sont séparés, c’était un véritable enfer et avec mon père, nous avons vécu isolés pour nous reconstruire. Quand j’ai vu arriver ma belle-mère, j’ai dû me dire qu’elle allait me le voler même s’il ne me l’a pas du tout imposé, et que la première année de leur relation, j’ai vu très petit. C’est ce qui a contribué au fait que nous entretenons une excellente relation et que je la considère aujourd’hui comme ma mère. Elle m’a même adopté ! Je pense que ça m’a aidé dans mon propre rôle, dans le sens où je me suis souvenu que mon père ne me l’imposait pas et que je trouvais ça cool, donc j’arrive à ne pas toujours être là quand les enfants sont là. C’est important pour eux d’être seuls avec leur père.

Mon père était le beau-père d’un garçon de quatre ans et cela s’est mal terminé avec mon demi-frère. Il a eu un échec et il a dû flipper un peu quand je suis devenue marâtre. J’ai aussi réalisé que lorsqu’on devient belle-mère, on impose ça à sa famille, à ses amis, et ce n’est pas forcément toujours facile. Ça prend du temps pour tout le monde, quand on te voit éternellement célibataire et que d’un coup tu débarques avec un mec, trois enfants et un chien, ce n’est pas rien !

La richesse des liens que nous tissons

Aujourd’hui, je pense qu’on s’entraide à grandir et j’espère les ouvrir au monde. Ils m’apportent aussi des éléments de la culture argentine de leur mère et je pense donc que nous nous enrichissons mutuellement. Cette famille recomposée m’apporte aussi des réponses. Je me demandais d’avoir un enfant et maintenant, vivant avec eux, ce n’est définitivement pas le cas. Je ne me voyais pas du tout avoir un bébé, donc quatre enfants. Honnêtement, non merci, je vieillis et je ne regrette rien.

Pour le mariage, c’est plus problématique parce qu’il ne veut pas se marier alors que moi, et on retrouve ce problème d’équilibre que j’évoquais. Il a fait beaucoup de choses avec son ex et ensemble nous avons des projets de voyages, d’aménagement du jardin… mais nous n’avons pas de projets communs et ça me manque beaucoup en terme d’engagement. Il ne comprend pas que c’est important pour moi. Je me dis « merde, il pourrait faire l’effort ». Il a un vrai traumatisme à cause de ça et je ne sais pas s’il saura le surmonter. Je sais que je dois lui laisser le temps de revenir vers moi sur ce sujet et que j’en parle moins, ça sera ma mission (rires).

Quand je me laisse emporter et vis au jour le jour, je me sens plutôt bien mais j’aimerais pouvoir trouver mon équilibre et ma place par rapport à l’ex. J’aimerais me sentir vraiment en sécurité et engagé. C’est une question de confiance personnelle sur laquelle je dois travailler, mais nous sommes ensemble depuis deux ans et demi et il faut du temps pour effacer tous les traumatismes des relations passées. Quand on est dans ce type de famille, je pense qu’il faut vraiment du temps pour que chacun trouve son équilibre. Nous avons adopté une chienne et je crois vraiment qu’elle a, en quelque sorte, rééquilibré les choses. Tout le monde en prend soin et rend les choses plus égales, surtout parce que c’était mon choix d’avoir un chien. C’est comme notre quatrième enfant !

 
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