Un salaire « décent » : telle est la promesse de Michelin à ses 132 000 salariés, en France et à l’étranger. Le groupe pneumatique fondé à Clermont-Ferrand a annoncé jeudi qu’il garantirait une rémunération supérieure au SMIC et permettant de « subvenir aux besoins essentiels » d’une famille, ainsi qu’un « socle de protection sociale universelle ».
346 euros de plus que le Smic
De quel montant parle-t-on ? En France, le salaire annuel brut, annoncé par le directeur des rémunérations du groupe, atteint 25 356 euros à Clermont-Ferrand et 36 638 euros à Paris. Sur douze mois, cela représente 2 113 euros brut mensuel pour un salarié clermontois. Soit 346 euros de plus que le salaire minimum, actuellement fixé à 1 767 euros brut. “En moyenne, le salaire décent représente entre 1,5 fois et 3 fois le SMIC”, explique à l’AFP Florianne Viala, directrice des rémunérations du groupe.
Subvenir aux besoins d’une famille
En net, le salaire minimum Michelin s’élève à 1 651 euros contre 1 399 euros pour le smic. En France, un quart des salariés du privé gagnaient moins de 1 590 euros net par mois en 2021 à temps plein, selon les chiffres de l’Insee.
« C’est un engagement logique envers l’ensemble des salariés du groupe », selon le PDG Florent Menegaux. « Vous consacrez du temps à votre développement et à celui de votre entreprise et, en échange, nous vous donnons les moyens, au moins, pour une famille de quatre personnes – deux parents et deux enfants – qu’un seul salaire permet d’envisager le logement, la nourriture mais aussi des loisirs, un peu d’économies, etc. »
« Salaire décent » : un concept soutenu par les Nations Unies
Concrètement, comment fixer le montant de la décence salariale ? Le terme fait en réalité référence à un concept spécifique. Le groupe à la mascotte Bibendum explique s’être appuyé sur les principes universels du Pacte mondial de l’ONU, particulièrement dédié à l’amélioration des conditions de vie et dont Michelin est signataire. Parmi ces principes, la notion de « Living Salaire », en anglais. Ce « salaire décent », ou « salaire vital », « permet aux travailleurs et à leurs familles de subvenir à leurs besoins fondamentaux ». La logique : un salaire n’est un salaire que s’il permet de vivre. Or, « le Smic ne permet pas toujours de vivre décemment ». À l’heure où le marché du travail évolue, cela n’incite pas toujours les salariés à rester dans la même entreprise.
C’est cette même notion qui est à l’origine d’un texte européen d’octobre 2022 relatif au « salaire minimum adéquat dans l’Union européenne ». “Nous étions convaincus que tous nos salariés bénéficiaient de salaires décents selon les critères définis” par ce programme, assure le patron de Michelin au Figaro. En se tournant vers l’ONG Fair Wage Network, qui promeut ce principe auprès de différentes marques, le groupe a constaté que ce n’était pas le cas pour 5% de ses effectifs.
Rien de nouveau pour les salariés français
Cette annonce ne représente donc pas de nouveauté particulière pour les salariés de Michelin en France. “C’est une démarche globale qui concerne plutôt les pays du monde où Michelin est implanté et où il souhaite développer cette politique salariale décente”, explique Fabien Claquin, directeur des ressources humaines de l’usine de Vannes. Il n’y a aucun impact sur la politique salariale en France et aucune conséquence à Vannes. »
D’ici fin 2024, les salariés de Michelin bénéficieront également d’un « socle de protection sociale universelle », composé d’un congé maternité d’au moins quatorze semaines et d’un congé paternité de quatre semaines rémunérés à 100 %. Cette assiette vise également à « protéger la famille d’un salarié décédé » avec le versement d’une prestation de décès d’au moins un an et d’une pension d’éducation pour les enfants, quelle que soit l’ancienneté du salarié. Une couverture santé est également proposée aux salariés et à leurs familles.
