Auchan et Leroy Merlin sont des entreprises de la galaxie Mulliez qui restent très implantées en Russie, lorsque la plupart des grandes entreprises françaises ont décidé, lors de l’invasion de l’Ukraine, de quitter le pays. Le groupe continue d’y employer des dizaines de milliers de salariés. Mais Nhood, la filiale immobilière d’Auchan, a vendu les centres commerciaux qu’elle exploitait dans le pays. Cette vente surprise annonce peut-être une volonté de se désengager ou, en tout cas, de limiter la casse dans un marché devenu très risqué.
Cette affaire est incroyablement opaque. Côté français et côté russe s’affrontent, au moins. La presse russe affirme que la filiale immobilière d’Auchan aurait vendu 40 centres commerciaux. Mais le siège de Nhood en France n’en parle que de 19. Le repreneur est une mystérieuse société russe créée il y a quelques mois, dirigée par un jeune avocat de 23 ans que personne ne connaît et qui a toutes les allures de prête-nom. Cette société semble avoir les moyens financiers importants puisqu’elle s’est positionnée pour l’achat d’autres centres commerciaux en Russie.
Auchan emploie 30 000 personnes en Russie
Le montant de la transaction est inconnu, mais il ne s’agit certainement pas d’une bonne affaire pour le groupe français. Le gouvernement russe impose une réduction d’au moins 50 % aux entreprises occidentales qui souhaitent quitter le pays. C’est une sorte de taxe de sortie. Et la négociation se déroule sous la menace d’une saisie pure et simple des biens par l’État. C’est ce qui est arrivé à Danone, qui a vu ses usines mises sous gestion provisoire avant de pouvoir trouver un accord avec un repreneur pour un montant, lui aussi inconnu.
Cela ne signifie pas pour autant qu’Auchan fermera ses magasins en Russie, a immédiatement précisé le groupe. Auchan est aussi particulièrement surveillé par les autorités russes, car il y a un enjeu social fort, notamment parce qu’il emploie 30 000 salariés. L’enseigne a indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de fermer ses 230 magasins russes, même si son activité est nettement moins performante. Le chiffre d’affaires est en baisse de 5 % en 2023 et le bénéfice a été divisé par 10. Quoi qu’en dise le Kremlin, la situation économique n’est pas particulièrement prospère en Russie, d’où peut-être cette volonté de céder ce qui peut encore l’être, les murs, même à prix cassés.
