« La méthanisation peut encore accroître la décarbonation de l’agriculture »

« La méthanisation peut encore accroître la décarbonation de l’agriculture »
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Comment la digestion anaérobie contribue-t-elle aux transitions bas carbone dans l’agriculture ?

Tout d’abord, le digestat a permis de réduire le recours aux engrais chimiques de 30 à 50 % par an. Dans le même temps, le système racinaire des cultures énergétiques intermédiaires reste dans le sol. Ils contribuent ainsi à augmenter le stockage de carbone. Enfin, la méthanisation capte les gaz contribuant au réchauffement climatique issus des effluents d’élevage. Ceci s’est particulièrement renforcé depuis la réglementation de 2020, qui encourage fortement l’intégration de ces effluents.

Où sont les marges de progrès aujourd’hui ?

J’identifie trois leviers pour renforcer cette contribution. Tout d’abord, la production d’électricité renouvelable, via des panneaux solaires, peut être développée sur place à des fins d’autoconsommation. Par ailleurs, la valorisation du biogaz, notamment comme carburant pour les équipements agricoles, est désormais privilégiée. Elle connaît également un regain d’intérêt dans la perspective d’une éventuelle taxation du GNR. Par ailleurs, un système de rémunération complémentaire est à l’étude pour l’usage du BioGNV. La troisième voie concerne l’optimisation des unités pour maximiser leur efficacité et limiter les émissions de gaz lors du stockage. Les règles se précisent, depuis les arrêtés de culture jusqu’à l’épandage du digestat. Ils contribuent à la transition bas carbone du secteur. Ainsi que les Directives RED* II et III.

Le captage du carbone est l’une de ces pistes. Quels sont les enjeux ?

L’utilisation du bio-CO2 issu de la méthanisation est aujourd’hui marginale et limitée à quelques maraîchers sous serre de Bretagne et de Normandie.

Le prix du CO2, principalement d’origine fossile, a explosé en même temps que celui de l’énergie. Ainsi, le Bio-CO2, c’est-à-dire d’origine biologique, fait aujourd’hui l’objet d’un intérêt économique qui s’ajoute à sa contribution à la décarbonation. Les principaux clients potentiels sont les producteurs en serre et l’industrie alimentaire pour la gazéification des boissons.

Concrètement, les opportunités et contraintes seront spécifiques à chaque unité car le coût du transport sera déterminant. GRDF a donc mis en place un guide et un calculateur en ligne. 21 études sont également en cours au niveau unitaire ou territorial. Pour GRDF, l’enjeu de cette captation est de consolider l’intérêt économique de la méthanisation. Il contribue à la décarbonation du réseau que nous gérons et à la souveraineté énergétique de la France.

En novembre, Hervé Morin, président de la région Normandie, avait suspendu le soutien de sa collectivité aux projets de méthanisation en raison de spéculations sur le prix de certaines cultures, notamment le maïs. Qu’en penses-tu ?

Tout comme la Région Normandie, GRDF soutient une filière exemplaire. A notre connaissance, le recours aux cultures vivrières en méthanisation est de l’ordre de 6%, bien en dessous des 15% réglementaires. S’il y a des abus, il est naturel que la Région veuille les combattre. Nous restons l’un des principaux partenaires du Plan Métha pour promouvoir la méthanisation en Normandie, pour atteindre 20 % de gaz vert dans les réseaux en 2030, et 100 % en 2050.

Claire Guyon-Maïté

* Directives européennes sur la durabilité de la bioénergie (RED II) et sur la promotion de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (RED III).

 
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