Trump sans surprise et dans la continuité

Trump sans surprise et dans la continuité
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John Parisella prend du recul sur l’actualité américaine afin de mieux comprendre les enjeux qui se dessinent dans la course à la Maison Blanche.


Publié à 00h49

Mis à jour à 9h00

JOHN PARISELLA

Fellow au CERIUM, ancien délégué général du Québec à New York et Washington et conseiller spécial au National

Le 3 avril, une enquête commandée par le le journal Wall Street a indiqué que l’ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidentielle de 2024, Donald Trump, serait en tête dans six des sept États clés pour remporter la majorité au collège électoral américain.

Bien sûr, il est encore tôt, mais force est de reconnaître que malgré ses déboires judiciaires – il est devenu lundi le premier ancien président américain à comparaître devant la justice pénale – Trump pourrait bel et bien être réélu président en novembre prochain.

Le parcours politique de Trump

Lors de l’élection présidentielle de 2016, qu’il a remportée, Trump est sorti du lot des prétendants républicains en se présentant comme un candidat anticonformiste.

Il avait revêtu les habits d’un « nouveau républicain » qui n’hésitait pas à s’en prendre à ceux qui dominaient le parti depuis la présidence charnière de Ronald Reagan.

Lorsqu’il a été choisi comme candidat à la convention républicaine de juillet 2016, ses premiers mots ont été : « Je serai votre voix. » La campagne qui a suivi s’est beaucoup concentrée sur lui, sur sa personnalité d’homme d’affaires milliardaire et de star de la télévision. Son profil était clairement différent du profil de politicien de carrière traditionnel auquel les Américains sont exposés depuis plusieurs décennies. C’est ainsi qu’à la surprise des observateurs aguerris, il remporte les élections de novembre 2016.

Mais la surprise ne s’est pas limitée aux élections de 2016.

Après son arrivée au pouvoir, Trump a mis en place une administration très polarisante, faisant des gestes souvent imprévisibles et improvisés, et gouvernant dans une dynamique de confrontation avec plusieurs autres autorités gouvernementales. Un style de gouvernance qui contrastait avec de nombreuses traditions et conventions de la politique américaine. Sa proximité avec certains dirigeants autoritaires comme Vladimir Poutine et Kim Jong-un a également déstabilisé les alliés des États-Unis.

Tout au long de son mandat, on se souviendra de Trump pour ses efforts visant à démolir l’héritage de son prédécesseur, Barack Obama, en matière d’accessibilité aux soins de santé, ce qu’il n’a pas réussi à faire. Il a toutefois retiré les États-Unis de l’accord de Paris sur le changement climatique, ainsi que de l’accord sur le contrôle des armements nucléaires avec l’Iran.

Après avoir perdu le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 2018, le président Trump a été destitué pour la première fois dans le cadre d’un processus de destitution.mise en accusation (impeachment) pour « abus de pouvoir » et « entrave au bon fonctionnement du Congrès ». En 2020, il a perdu la Maison Blanche face à Joe Biden. Dans le même temps, le Parti républicain a dû céder le contrôle du Sénat. Trump n’a jamais accepté sa défaite et a fait obstacle à la transition pacifique du pouvoir.

Les événements qui ont suivi ce scrutin, comme l’émeute du 6 janvier 2021, qui avait toutes les apparences d’une tentative d’insurrection, ont donné lieu à une nouvelle mise en examen dans le cadre d’une seconde procédure de destitution.

Ainsi, de 2016 à 2021, le caractère imprévisible et anticonformiste de Donald Trump a contribué à alimenter un climat politique marqué par la surprise face aux frasques du président et de son administration.

Trump en 2024 : la continuité du non-conformisme

Aujourd’hui, on constate que la version 2024 du candidat Trump peut compter sur une base bien plus large et bien plus engagée qu’en 2016, séduite par son slogan MAGA (Rendre sa grandeur à l’Amérique) ainsi que sa vision conservatrice et populiste. Beaucoup de ses partisans croient toujours que les élections de 2020 ont été volées. L’équipe qui dirige sa campagne a pris le contrôle de l’organisation du Parti républicain et éliminé toute dissidence en interne. Trump lui-même exerce une grande influence sur les caucus républicains à la Chambre des représentants et au Sénat.

L’ancien président parle de revanche contre ses adversaires et contre certains de ceux qui l’ont abandonné depuis sa défaite en 2020. Il promet de transformer la fonction publique et de la mettre en conformité avec sa politique. Il a également déclaré qu’il entendait être un « dictateur d’un jour », ce qui lui permettrait de fermer la frontière avec le Mexique. Il a également qualifié d’« otages » les personnes actuellement emprisonnées ou en passe de l’être pour leur implication dans les émeutes du 6 janvier 2021, et a promis de leur accorder la grâce présidentielle s’il était élu. De plus, il se considère comme une victime de la politisation du système judiciaire américain par les démocrates et la « gauche radicale », une situation qu’il promet de corriger. Ce sont des actions qui promettent de semer la discorde s’il est à nouveau élu président.

Sur la scène internationale, Trump continue de se méfier des organisations intergouvernementales et ses récents propos concernant certains membres de l’OTAN qui ne paient pas leurs cotisations suscitent de vives inquiétudes parmi les alliés occidentaux des États-Unis. Le président hongrois Viktor Orbán a confié, à l’issue d’une rencontre avec Trump, que ce dernier n’entendait pas soutenir l’Ukraine face à l’agression russe.

Bref, le Donald Trump version 2024 s’inscrit dans la continuité du non-conformisme qui a marqué sa présidence de 2017 à 2021. S’il est réélu, il n’y aura cette fois pas de surprise.

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