Ils nous disent d’abord combien de nuances ont des vertus. Le monde du football est, disons-le, à l’avant-garde d’une forme d’hystérisation permanente où l’on brûle ce qu’on vantait quelques jours (heures ?) auparavant, et où les jugements définitifs à l’égard de l’un ou de l’autre ignorent les moindre objectivité, comme l’illustre par exemple le récent débat autour de la contre-performance de Kylian Mbappé contre le FC Barcelone la semaine dernière.
Quand on écoute Pierre Sage, il est frappant de constater la nuance dont il sait faire preuve, parvenant, comme le disait si bien Jacques Chirac, à « mépriser les hauts et réparer les bas ». Hier soir encore, au terme d’un match d’anthologie remporté 4 à 3 par l’OL face à Brest, et quelques minutes seulement après le coup de sifflet final, Pierre Sage a indiqué à quel point son équipe n’avait pas suffisamment maîtrisé tactiquement la rencontre, pointant du doigt des domaines de progrès à réaliser pour les prochains matches, là où tant d’autres se seraient « enflammés » après une telle victoire. Donc la nuance.
Puis l’humilité. Depuis décembre, lorsqu’il a repris une équipe en difficulté, Pierre SAGE a souligné que seul le travail permettrait de redresser la situation. Discours tout à fait approprié dans ces circonstances. Mais là où il a laissé sa marque, particulièrement celle de ses joueurs évidemment, c’est dans sa capacité à faire preuve d’humilité au quotidien. Que ce soit ses discours, son attitude après les matchs, en cas de victoire ou de défaite, ou encore ses vêtements (ah son fameux combo survêtement’ gants doudoune), tout chez cet homme respire l’humilité, où les temps poussent sans cesse vers l’égoïsme dans le sens littéral du terme.
Une humilité visiblement contagieuse si l’on regarde l’attitude des joueurs qui ont retrouvé cette capacité à faire des efforts ensemble, et les uns pour les autres, là où le début de saison a été marqué par les excès d’individualisme de la plupart d’entre eux. ‘entre eux. Même certains individus réputés pour leur égoïsme exacerbé semblent contaminés et multiplient les races et les choix collectifs, c’est dire…
Enfin, contrôlez vos émotions. C’est pour moi la clé de la réussite de tout manager ou manager, que ce soit dans le monde du travail, du sport, ou encore de la politique. Celui qui gagne, au final, est souvent celui qui sait rester maître de ses émotions. En la matière, force est de constater que le coach Sage véhicule une sérénité encore une fois contagieuse.
Là où tant d’entraîneurs s’agitent au bord du terrain, multipliant mimiques et colères, notre leader des Gones reste souvent un calme olympien, et transmet ainsi à ses joueurs une quiétude qui contribue aussi sans doute à faire la différence dans les moments « chauds ». Ce calme, cette maîtrise de soi, joue selon moi un rôle prépondérant dans la performance, toujours à une époque où tout nous pousse à sur-réagir, de manière épidermique et souvent excessive.
Alors bien sûr, Pierre Sage cultive d’autres atouts, et notamment une maîtrise tactique largement éprouvée.
Et pourtant, rien ne dit que cela va durer.
La beauté du sport en général, et du football en particulier, réside aussi dans sa glorieuse incertitude. Et peut-être que dans quelques semaines, quelques mois, Pierre Sage verra son crédit s’effondrer et s’attirera des critiques. Mais d’ici là, savourons et gardons en tête ces différents enseignements qui sont finalement si Lyonnais.
Sébastien Michel
Maire d’Écully
