la cocaïne et la pauvreté menacent la paix. A voir ce dimanche soir dans « Le monde en face »

la cocaïne et la pauvreté menacent la paix. A voir ce dimanche soir dans « Le monde en face »
Descriptive text here

Entretien avec Julie Peyrard, réalisatrice, avec Christophe Astruc, de Colombie : paix confisquée, paroles d’otages (Capa).

Pourquoi parlez-vous de « paix confisquée » ?

La paix en Colombie est menacée par le trafic de drogue qui prospère ainsi que par la pauvreté et les inégalités qui restent très profondes. Ce sont les deux combustibles de la guerre civile, qui a fait 450 000 morts. Les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), d’inspiration marxiste, sont nées d’un mouvement de rébellion paysanne en 1964. Aujourd’hui encore, 1 % des propriétaires fonciers possèdent 81 % des terres. L’accord de paix de 2016 avec le gouvernement de Bogota a été signé par environ la moitié des combattants des Farc. Et les enlèvements augmentent encore : 200 en 2023.

Lire aussi : A Bogota, la capitale de la Colombie, l’eau potable rationnée jusqu’à nouvel ordre

Comment fonctionne la justice « réparatrice » de la Juridiction Spéciale pour la Paix ?

La Colombie a créé un système unique de justice dite « transitionnelle » ou « réparatrice » pour réconcilier le pays. Elle s’est inspirée des expériences du Rwanda après le génocide et de l’Afrique du Sud après l’apartheid. Ce processus prévoit la reconnaissance des crimes par leurs auteurs, membres des Farc ou des forces gouvernementales, leur condamnation aux peines communautaires et leur réinsertion dans la vie civile et démocratique. Ils doivent également apporter des réponses précises aux 338 000 victimes qui ont témoigné devant la Cour.

Votre film s’appuie principalement sur les témoignages des otages…

Le témoignage des victimes devant la Juridiction Spéciale a été le point de départ du film. Les premiers à témoigner, dès 2021, furent les ex-otages des FARC. 21 000 personnes ont été kidnappées entre 1990 et 2016. 10 % ne sont jamais revenues. Les quatre que nous avons interviewés, l’ancienne sénatrice Ingrid Betancourt, son assistante Clara Rojas, une policière colombienne et une ancienne sous-traitante de la US Drug Enforcement Agency, avaient décrit en détail leur captivité dans la jungle. Amazonien, dans les livres publiés après leur sortie. Aujourd’hui, leurs récits croisent les images filmées par les Farc, désormais accessibles, là où on les reconnaît.

Parmi les victimes de kidnappings, il y a aussi des enfants enrôlés par les Farc…

Le recrutement des filles et des garçons est l’un des chapitres d’accusation de la Juridiction Spéciale. Le recrutement par les Farc était parfois un moyen pour les familles d’assurer leurs moyens de subsistance. D’autres ont été kidnappés. Comme Vanessa Garcia, qui raconte comment des guérilleros sont arrivés dans sa classe et l’ont emmenée avec une dizaine d’enfants pour en faire des combattants. Et parfois des esclaves sexuelles.

Quelle part de responsabilité incombe à l’État et aux paramilitaires ?

Nous nous sommes concentrés sur les victimes des enlèvements des Farc. Il ne s’agit pas de faire taire les crimes commis par les forces gouvernementales et les paramilitaires d’extrême droite. Il y a eu des atrocités, des massacres, des charniers. L’État a reconnu certains crimes, un chef d’état-major a été condamné. Un autre film devrait lui être consacré.

France 5 21h05

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Alba Ventura et la lettre « bouleversante » de son père
NEXT il ne manque plus que l’autorisation de l’ASN pour que ça démarre