France – Monde – Décès d’un missionnaire franco-canadien accusé d’agression sexuelle sur des Inuits

France – Monde – Décès d’un missionnaire franco-canadien accusé d’agression sexuelle sur des Inuits
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Un dessin représentant le Père Rivoire, lors d’une manifestation à Lyon, France, le 16 janvier 2023

PHOTO AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE

Celui qui était considéré, notamment au Canada, comme le symbole de l’impunité des agresseurs sexuels au sein de l’Église catholique, “est décédé jeudi après une longue maladie”, a indiqué le père Ken Thorson des Oblats de Marie Immaculée (OMI), dans un communiqué. envoyé à l’AFP.

Le nonagénaire, qui vivait près de Lyon, n’a finalement jamais été inquiété malgré de nombreuses plaintes et plusieurs demandes d’extradition du Canada.

« Nous comprenons que cette nouvelle sera difficile, en particulier pour les survivants et leurs familles qui ont plaidé pour qu’il soit traduit en justice au Canada », a poursuivi Ken Thorson.

“Nous regrettons que malgré tous les efforts, M. Rivoire ne se soit jamais rendu disponible et n’ait jamais eu à répondre aux accusations portées contre lui”, a-t-il ajouté.

Joannes Rivoire a toujours contesté ces accusations.

– Des excuses « jamais prononcées » –

“Je suis content qu’il soit parti, bon débarras”, a répondu vendredi à l’AFP Steve Mapsalak, qui l’accusait de l’avoir agressé sexuellement.

Ce résident du nord du Canada s’est rendu en France il y a un an et demi pour soutenir la demande d’extradition d’Ottawa. “Je lui ai rappelé dans ma propre langue les très mauvaises choses qu’il m’avait faites et je lui ai dit que je méritais des excuses, ce qu’il n’a jamais dit”, a-t-il déploré.

Steve Mapsalak, à droite, lors d’une conférence de presse à Issy-les-Moulineaux, France, le 12 septembre 2022 PHOTO AFP / Christophe ARCHAMBAULT

Le père Rivoire, qui a vécu parmi les Inuits pendant plus de trois décennies, avait appris leur langue et pratiquait avec eux la chasse traditionnelle – le caribou et le phoque. Dans les villages, il enseignait le catéchisme et le français, disait la messe et officiait aux funérailles.

Mais en 1993, il quitte brusquement le Canada lorsque les deux premières plaintes sont déposées. Un premier mandat d’arrêt a été émis par le Canada en 1998. Mais aucune mesure n’a été prise et il a été levé en 2017.

Pourtant, en 2022, une nouvelle plainte est déposée – au Canada il n’y a pas de délai de prescription pour les crimes sexuels – et Ottawa émet un nouveau mandat d’arrêt, redonnant espoir aux victimes.

Mais en octobre de la même année, la France a rejeté la demande d’extradition vers le Canada, expliquant qu’il s’agissait d’un cas complexe et qu’elle n’extradait pas ses citoyens.

Une décision très mal comprise au Canada où Marc Miller, le ministre des Relations Couronne-Autochtones de l’époque, déclarait qu’il était « décevant de voir cette grave injustice se reproduire ».

Pour l’organisation Inuit Tapiriit Kanatami, qui représente les Inuits du Canada, « il est tragique que Rivoire ait pu mettre fin à ses jours sans avoir à répondre devant les tribunaux des abus sexuels qu’il a commis ».

Estimant qu’il s’agit d’« un échec systémique des États » à défendre les peuples autochtones, l’organisation apporte son soutien aux victimes et évoque tous « les agresseurs qui continuent d’échapper à la justice ».

Un manifestant lors d’un rassemblement pour exiger l’extradition du père Rivoire, à Lyon, France, le 16 janvier 2023 PHOTO AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE

Même les procédures d’exclusion de la congrégation, engagées ces derniers mois contre les religieux, ont échoué.

Fondée en 1816, la congrégation des Oblats de Marie Immaculée (OMI) compte 3 700 missionnaires à travers le monde. Elle s’est implantée dans le Grand Nord canadien au début du XXe siècle, dans des conditions extrêmes.

Elle y construit à l’époque des hôpitaux et gère des internats pour les enfants autochtones, qui subissent parfois des « abus », « des douleurs et des souffrances », comme le reconnaissaient les oblats avant le « pèlerinage pénitentiel » du pape François au Canada en août 2022.

Le pontife lui-même demandera pardon aux victimes pour les violences perpétrées dans les internats locaux où entre 4 000 et 6 000 enfants sont morts de maladie, de malnutrition ou de négligence.

 
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