à Montpellier, une agora pour partager préoccupations et solutions

à Montpellier, une agora pour partager préoccupations et solutions
Descriptive text here

Sur la terrasse, devant le marché couvert, il n’y a plus de chaises disponibles. De nombreuses personnes sont venues au café des Halles des Quatre Saisons ce jeudi 11 avril. Au cœur du quartier de la Paillade à Montpellier, générations, catégories sociales, habitants de la ville et ceux du centre-ville, se côtoient, ce jour-là, pour discuter. ensemble sur le sujet qui les préoccupe : la violence chez les jeunes.

La semaine précédente, Samara, une jeune fille de 13 ans, a été lynchée devant son collège, dans le même quartier. Selon le parquet, qui n’évoque aucune dimension religieuse, ce déferlement de violence trouve son origine dans “invective” entre étudiants sur les réseaux sociaux. Sortant du coma, la jeune écolière est psychologiquement traumatisée.

La ville et ses habitants sont encore ébranlés. « Il faut prendre du recul, sortir de ce fait divers, parler ensemble et ne pas rejeter la faute sur l’école ou les parents »explique au micro relié à une enceinte placée au milieu des tables, Nourdine Bara, figure emblématique du vivre-ensemble montpelliérain, auteur et organisateur régulier d’agoras.

Les réseaux sociaux, encore et toujours en question

Un deuxième micro circule parmi les tables. Hamid, père de deux collégiens, habite le quartier. Se levant, il inspire profondément et lâche : « C’est la première fois que j’ai peur pour mes enfants. Je vous le disapostrophe-t-il en regardant le public, J’ai un creux au ventre quand ils partent à l’école le matin. J’essaie de comprendre ce qui se passe, mais cela me dépasse. » Le père l’assure, il parle beaucoup avec ses enfants, de ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux, de la société “qui a changé”mais je me demande chaque jour “comment les protéger”. Zakia, médiatrice impliquée dans le quartier, témoigne à son tour : « Je vois souvent des adolescents se donner des coups de pied pour s’amuser, par sympathie. Mais parfois, certaines personnes n’aiment pas communiquer de cette façon. Ils se sentent alors exclus. C’est un travail fondamental que nous, les adultes, devons faire. C’est à nous de fixer des limites.»elle croit.

Les témoignages se succèdent, avec une constante : la violence n’est pas spécifique aux quartiers difficiles. Il irrigue également les écoles des villages et des quartiers plus huppés de Montpellier et d’ailleurs. La violence circule sur les réseaux sociaux « où les émotions les plus fortes sont banalisées », déplore Nathalie. Elle vit en dehors de la ville. Lunettes de soleil sur le nez, elle raconte cette conversation qu’elle a eue avec son adolescente au sujet du meurtre du professeur d’histoire-géographie Dominique Bernard en octobre dernier à Arras. « Il m’a dit, l’air de rien : « Oh, ça arrive… » Mais nonfulmine la mère. Je lui ai expliqué que ça ne devait pas se passer comme ça, gratuitement”et tente une explication : « En regardant continuellement de très courtes vidéos sur les réseaux sociaux, je me rends compte que mon fils passe trop vite de la joie à la tristesse, au point qu’il banalise les émotions et les actes. »

Le sport pour canaliser les émotions

Les échanges deviennent de plus en plus vifs. Laetitia, une jeune femme brune, vêtue d’un t-shirt à l’effigie de son club de boxe, s’avance, plus timide au micro que sur un ring. « Le sport est une des solutions pour canaliser la violence, à tout âge », Elle suggère. Un peu plus tôt, elle est arrivée au volant de son minibus d’où sortait une ribambelle de gamins du quartier, tous habillés en tenue de club. « Dans le club, on a beaucoup de filles, et ça aussi ça change. » Sarah, 15 ans, confirme en toute confiance. « Quand j’étais à la maternelle, j’étais assez en colère, je me disputais avec les autres enfants. Mon père m’a inscrit au judo. Aujourd’hui, je suis ceinture noire, j’ai confiance en moi, je sais gérer mes émotions et je sais me défendre”dit l’adolescente, téléphone à la main, qui observe, dans son lycée, “peu de violence physique, mais beaucoup de violence verbale”.

Chloé, 24 ans, étudiante en psychologie, tente une approche plus philosophique : « La violence n’est pas une fatalité. Ressentir de la violence n’est pas une pathologie. Mais comme me le disait mon grand-père, citant Albert Camus, « on ne peut pas arrêter un homme ». J’aimerais qu’on s’en souvienne, mais qu’on n’oublie pas de se parler”elle espère.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Reprenez la fierté du tabac
NEXT Entre skate et breakdance, des battles de freestyle sur glace à voir au Mans