« Les chefs sont heureux de voir que la nouvelle génération profite des réseaux sociaux pour communiquer sur la médecine »

« Les chefs sont heureux de voir que la nouvelle génération profite des réseaux sociaux pour communiquer sur la médecine »
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Quoi de neuf Doc : Avez-vous toujours voulu être médecin ?

Guillaume Chorao : Oui et non. Quand j’étais plus jeune, je jouais au football à un haut niveau. Au cours de mon adolescence, j’ai subi une blessure typique des jeunes sportifs.

J’ai consulté le médecin du PSG à l’époque et j’en suis reparti avec des étoiles plein les yeux. C’est alors que je me suis dit “Si le football ne marche pas, je n’essaierai pas la médecine.”

Et comme pour 99% des gens, le foot ne marchait pas… Alors après le bac, j’ai commencé des études de médecine.

« Après deux jours au bureau, j’ai réalisé que ce n’était pas pour moi. J’ai exprimé des remords et j’ai repris le cours d’urgence”

Et la médecine d’urgence, c’était votre vocation ?

CG : Non ! A l’origine, j’ai choisi la médecine générale. J’ai voulu quitter l’hôpital public à cause de la mentalité dans les hôpitaux, une hiérarchie un peu trop présente et qui dénigre les plus jeunes.

J’ai passé six mois aux urgences, car c’est nécessaire dans le cursus de médecine générale. C’était extrêmement captivant, mais extrêmement éducatif.

A cette époque, mes patrons me disaient : “Guillaume, ta façon de fonctionner ne rentre pas dans la médecine générale, tu es fait pour les urgences”. Mais j’ai quand même choisi la médecine générale au concours. Et après seulement deux jours au pouvoir, j’ai réalisé qu’ils avaient raison. J’ai donc montré des remords et j’ai repris le cours d’urgence.

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

CG : Le point fort des urgences, c’est qu’on a vraiment l’impression d’être utile à quelque chose. Nous sommes le premier maillon, celui qui apporte les premières actions avec un impact immédiat sur l’état du patient. Car au final, les médecins en aval sont peut-être les plus compétents possibles, mais si le patient décède au début de son traitement aux urgences, ils ne servent à rien…

Et les inconvénients ?

CG : L’énorme manque de personnel et de ressources. Ce qui rend le travail aux urgences très exigeant, c’est que nous dormons peu. C’est parfait pour ceux qui aiment la diversité et l’adrénaline, mais si vous avez besoin d’un rythme soutenu et de huit heures de sommeil par nuit, ER n’est pas pour vous.

Le deuxième gros inconvénient est que nous perdons beaucoup de temps à cause des patients qui viennent alors que leur état ne l’exige pas. À mon avis, quelqu’un qui peut attendre une semaine avant de voir un médecin n’a pas à se rendre aux urgences. La quintessence des urgences est que le pronostic du patient dépend d’un traitement immédiat par un médecin.

“Je me tuais en essayant d’apprendre la médecine en détail, pendant que des gens qui n’y connaissaient rien criaient sur les réseaux qu’il y a deux lunes sur Terre et que la 5G est dans le vaccin”

Et alors, comptez-vous rester dans le public ?

CG : Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, les situations d’urgence ouvrent de nombreuses portes. Même s’il s’agit d’une activité hospitalière au départ, vous pouvez également exercer en ville.

De nombreux médecins urgentistes passent dix ans aux urgences d’un hôpital, puis adaptent leur pratique lorsqu’ils souhaitent adopter un mode de vie plus relaxant, comme s’installer. Je ne prévois pas. Je me laisse guider par les cours à venir, mes connaissances et mes progrès.

Comment un interne en médecine d’urgence peut-il obtenir 200 000 abonnés sur TitTok ?

CG : Mon externat s’est déroulé pendant le Covid, donc il y a eu toutes les fake news que l’on connaît sur les réseaux. Les personnes très suivies ont manipulé l’information et répandu des ordures. Je me tuais en essayant d’apprendre la médecine en détail pendant que des gens qui n’y connaissaient rien criaient sur les réseaux qu’il y avait deux lunes autour de la Terre et la 5G dans le vaccin. Cela m’a rendu fou.

La seule référence sur Internet à l’époque était Michel Cymes. Je me demandais pourquoi personne n’avait pris cette place sur les réseaux sociaux. Donc à la fin de mes 6e Un an, après le concours, je me suis lancé.

“Je n’ai pas l’impression que mon activité sur internet m’ait porté préjudice jusqu’à présent”

Comment avez-vous procédé ?

CG : J’ai commencé à publier ce qui me venait à l’esprit sur Tiktok, et en quelques vidéos, mon compte est rapidement devenu viral. Je pense que le profil du stagiaire qui parle de sa vie avec humour, les gens ont aimé.

J’ai fait une sorte de « tendance » (tendance sur plusieurs vidéos, ndlr) sur une musique du rappeur La Fouine. J’ai présenté des situations inhabituelles vécues aux urgences par mes collègues ou moi-même. Ce mélange étrange a fait décoller mon compte. Ensuite, j’ai continué en développant des contenus plus professionnels et moins exclusivement axés sur l’humour.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/thefrenchradiologist-je-veux-casser-le-cliche-selon-lequel-les-radiologues-sont-faineants

Un jeune médecin qui fait de l’humour sur les réseaux, vous n’avez pas peur que cela donne une mauvaise image ?

CG : Dans tous les services que j’ai utilisés, je n’ai pas eu un seul avis négatif à ce sujet. La plupart de mes patrons le savent et sont heureux de voir que la nouvelle génération profite des réseaux sociaux pour communiquer sur la médecine et empêcher que certaines informations complètement fausses circulent. Les patients comme les collègues me reconnaissent de temps en temps, je n’ai pas l’impression que mon activité sur internet m’ait porté préjudice jusqu’à présent.

« La seule crainte que l’on puisse avoir, c’est que l’information médicale devienne un peu moins précise et exhaustive avec le temps »

Avez-vous l’impression qu’avec la multiplication des médecins sur les réseaux sociaux, les fausses nouvelles médicales sont en train de disparaître ?

CG : La réponse n’est pas si évidente. D’une part, il est indéniable que plus il y a de professionnels de santé sur les réseaux, moins il y a de chances que de fausses informations circulent sans être démenties.

La seule crainte que l’on puisse avoir est qu’avec la multiplication des médecins sur les réseaux, l’information médicale soit un peu moins précise et exhaustive dans le temps, du fait de l’adaptation au large public. Mais ce sera toujours mieux que toutes les désinformations divulguées par des personnes extérieures au monde médical.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/alexandre-sifer-ophtalmo-inattendu-influenceur-detendu

Utilisez-vous parfois les réseaux sociaux pour prendre position sur l’actualité ?

CG : Je n’ai jamais été trop politique et je ne pense pas que ce soit mon rôle. Mais je peux commenter l’actualité lorsqu’elle concerne la santé, car c’est un domaine qui me concerne, moi et ma communauté.

Si j’arrive à faire passer le message que l’état du système de santé en France est préoccupant, c’est déjà beaucoup. Je ne cherche pas à faire plus.

Mon objectif est de communiquer la médecine, de la démocratiser et de la montrer telle qu’elle est, avec ses bons et ses mauvais côtés… Et éviter que de fausses informations circulent !

 
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