sur les traces du mystérieux « Jean »

sur les traces du mystérieux « Jean »
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Les huit sœurs dominicaines de Béthanie, installées à Montferrand-le-Château (Doubs), croyaient revivre la furieuse tempête médiatique de 2011, lorsque Michelle Martin, épouse et complice du pédophile Marc Dutroux, devait être accueillie dans leur communauté, à sa sortie de prison. Le tollé a mis fin au projet. Et voilà que toute la presse revient frapper à leur porte ! Le lieu n’est-il pas destiné à réinsérer des détenus ? Jean-Joseph Lataste, fondateur de leur institution, fut, en 1866, un pionnier en la matière. Il a été béatifié par Benoît XVI en 2012.

Le 4 avril, « L’Est républicain » révélait donc les témoignages déposés auprès des gendarmes de Besançon. Un mois plus tôt, l’un des sept membres d’un groupe de prière avait accueilli chez lui, pour une nuit, un homme aux vêtements usés, qu’il avait rencontré marchant sur une route de campagne. Le lendemain, il l’emmène à Montferrand pour prier dans le parc des sœurs. La cérémonie sera suivie d’un pique-nique. L’homme, qui se fait appeler « Jean », dit appartenir à la communauté Parole de Vie, dissoute en juillet dernier pour abus spirituels et phénomènes de contrôle, et se retrouve depuis errant sur les routes, sans but ni papiers d’identité, est hébergé par un autre député pour les deux prochaines nuits. Et disparaît tel qu’il était apparu, le 12 mars.

Parallèlement, Christine Dupont de Ligonnès fait la promotion de son livre, “Xavier, mon frère, présumé innocent”. Trois membres du groupe se demandent alors si Jean ne serait pas l’homme des photos, publiées à l’occasion, du fugitif supposé le plus célèbre de . Les quatre autres ne voient aucune ressemblance. Comment être sûr de reconnaître un visage sur lequel treize années se sont écoulées et qui lui-même changeait constamment d’apparence ? Ils décident cependant d’alerter la police, d’autant qu’ils disposent d’une canette dans laquelle Jean a bu, ainsi que de draps. ADN, donc, une exception parmi les 1 750 signalements recueillis depuis la fameuse disparition du 15 avril 2011. La brigade de recherche récupère les objets, bien consciente qu’après chaque article ou diffusion de témoignages de ce genre tombent en avalanches. Puis ça se calme.

Des reportages qui ont fait beaucoup voyager les deux enquêteurs toujours en charge du dossier, l’un policier à Nantes, l’autre à l’Office central de répression des violences aux personnes dirigé, à Nanterre, par le commissaire divisionnaire Franck Dannerolle.

Entre 2018 et 2021, trois monastères seront investis

Cold case de notre histoire criminelle commune, l’affaire XDDL est devenue l’affaire de tous ! Au fond, on espère qu’il est vivant, ne serait-ce que pour connaître la solution à l’énigme. Son voyage dans le sud de la France, au cours duquel il flirte avec le propriétaire d’une auberge où il passe la nuit, alimente le fantasme. On aimerait sortir de John List, le comptable américain qui assassina sa femme, ses enfants et sa mère en 1971, et qui fut reconnu dix-huit ans plus tard, lorsque, remarié, il mena une vie paisible en Virginie.

Le reste après cette annonce

Avant le Doubs, en février, XDDL aurait été aperçu dans un hôtel d’une île thaïlandaise. Des témoins, authentiques ou excentriques, le reconnaissent sur fond de décors religieux ou monastiques. N’est-ce pas naturel, puisque sa mère a créé la « branche » française de l’Église de Philadelphie et a passé sa vie à attendre les ténèbres qui précéderaient la venue du Christ Roi. Ainsi, entre 2018 et 2021, trois monastères seront investis : on recherche XDDL sous des robes de moine au point qu’un fidèle d’une abbaye du Var jurera de le reconnaître, en pointant le nom de Frère Jean-Marie Joseph, qui s’émerveille devant la police.

Une arrestation improbable

On le recherche également à Seborga, en Italie, dans une secte apocalyptique fondée par un médecin français retiré de l’ordre, dont la famille était liée à celle des Ligonnès. On se souvient enfin de l’arrestation à Glasgow d’un courageux habitant des Yvelines en raison d’une très vague correspondance d’empreintes digitales prises à l’aéroport. Clairement, XDDL traverse les frontières comme d’autres, dans les romans, franchit les murs.

Nantes, 7 avril. Sous les premières gouttes de pluie, par un morne dimanche de printemps, les rues sont calmes. Seuls quelques badauds se dépêchent de rentrer chez eux pour le déjeuner. Sur le boulevard Robert-Schuman, deux joggeurs repartent vers le centre. Soudain, l’un d’eux s’arrête, saute sur place et prend une photo du numéro 55, adresse rendue tristement célèbre par la découverte, le 21 avril 2011, des corps d’Agnès Hodanger, épouse de Dupont de Ligonnès, et mère de quatre enfants. les enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoît. Ils ont été enterrés sous la terrasse à l’arrière de la maison.

Achetée deux fois et entièrement rénovée, la maison de la tragédie continue d’attirer les curieux.

©DR

La préfecture de Loire-Atlantique est durablement marquée par ce drame. Il suffit de rester quelques heures sur le boulevard pour s’en rendre compte. Les joggeurs d’abord. Puis les gens attendent le bus. « Évidemment, l’arrêt « Américains » est juste à côté, donc on regarde », m’explique ce Parisien de passage. Puis une voiture ralentit, ses occupants désignent la façade XIXème. Ce n’est sans doute pas pour ses caractéristiques architecturales. La porte d’entrée, blanche en 2011, s’affiche désormais en bleu nuit. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont bloquées par du papier occultant. A la place des traditionnelles sonnettes en laiton qui bordent l’entrée des résidences mitoyennes, un interphone équipé d’une caméra. «Je ne le connaissais pas», s’agace le propriétaire. Et puis, la maison a été refaite de A à Z, ça n’a plus plus rien à voir avec ce qu’elle était. »

La famille qui vit ici depuis 2019, mais aussi les voisins, dont beaucoup se sont installés bien après la tuerie, ne supportent plus les journalistes et les curieux. Une riveraine s’oblige à se montrer amicale : « Vous faites votre travail, je comprends, mais il n’y a plus rien d’excitant ici, ça doit être ennuyeux pour vous aussi », dit-elle avec un sourire forcé. Sans journalistes, nous aurions oublié cette histoire. » Plus loin, un autre confirme que cela a forcément eu un impact sur les Nantais, « alimentant les discussions lors des dîners… Evidemment ».

Il y a un tourisme un peu macabre, je pense que les gens essaient de comprendre

Un commerçant voisin

Revendu en 2015, quatre ans après le massacre, pour 260 000 euros (soit un peu plus de la moitié de la valeur d’une propriété de 130 mètres carrés), le 55, boulevard Robert-Schuman n’a pas été habité dans l’immédiat. Un travail important a été réalisé, sans doute pour tenter d’effacer jusqu’au souvenir du quintuple meurtre. Depuis les rues adjacentes, on constate en effet que la porte donnant accès au jardin à l’arrière de la maison est devenue une grande baie vitrée. Quant à la terrasse désastreuse… on ne peut qu’imaginer qu’elle a été détruite.

L’intérieur et la vue sur le jardin ont été complètement modifiés lorsqu’en 2019, la maison a été vendue à un couple avec un enfant. Il a retrouvé sa valeur : 479 000 euros. Après huit ans de silence, la maison reprend vie au rythme d’une famille qui se veut pourtant discrète. Mais il doit encore supporter les sonneries des journalistes et les regards des curieux. « Il y a un peu de tourisme macabre », analyse le propriétaire du restaurant de burgers voisin. Je pense que les gens essaient de comprendre. »

Égocentrisme, narcissisme et sentiment de toute-puissance

Lundi 8 avril, trois semaines après les témoignages du groupe de prière, les échantillons provenant de Besançon devaient être acheminés à l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale. Les résultats seront transmis à Nantes et comparés à l’ADN de Dupont de Ligonnès que possède la justice. Nous aurons donc attendu trois semaines pour nous occuper des phoques. Leur analyse immédiate, comme dans le cas du crâne d’Émile, aurait pu lever le doute. Ou non. Mais nos sources le suggèrent : ils ne croient pas vraiment à un XDDL errant, acceptant le toit du premier arrivé, au risque de se faire démasquer. Il aurait dû perdre sa splendeur, son bavardage. Il ne serait plus le mythomane cynique dont les incohérences trompaient ses proches, et tous ceux qui ont pu croire son « Bonjour tout le monde » au moment de son départ en vacances, ce mail qui expliquait l’improbable extradition par la Drug Enforcement Administration. (BRIGADE DES STUPÉFIANTS). ), ultime rôle grandiose et héroïque de témoin protégé.

Les psychologues lisent dans ses actes un égocentrisme total, doublé de narcissisme et d’un sentiment de toute-puissance. Il ferait partie de ces meurtriers convaincus que leur femme et leurs enfants feraient mieux de mourir que de découvrir la sinistre vérité, en l’occurrence l’abîme des dettes, creusé par les impôts, les Urssaf et les Assedic. Si les témoignages du groupe de prière avaient paru plus plausibles aux enquêteurs, on peut penser que les gendarmes de France et de Navarre auraient organisé une gigantesque chasse à la chasse dans le Doubs à la mi-mars, investissant ses forêts et ses vallées. Depuis l’article de « L’Est républicain », repris par tous les médias, les gendarmes de Besançon ont reçu 170 nouveaux appels faisant état de Xavier Dupont de Ligonnès dans la région ! Sa mère ne le voyait-il pas occuper « une place exceptionnelle dans l’histoire de France et même du monde » ?

 
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