« Par quel chemin vais-je aller ? » » Les Bordelais entre surprise et colère

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Rive droite, ce mercredi 10 avril au soir, les quais scintillent de lumières bleues – les gyrophares des policiers postés au miroir d’eau. Un « spectacle » observé par un groupe de jeunes étudiants, qui se remettent de leurs peurs à « l’apéritif ». « J’étais dans le tram, avec mes écouteurs, lorsque le conducteur a fait une annonce dans le micro. Je n’ai pas compris tout de suite, j’ai d’abord pensé au suicide, à quelqu’un qui s’était jeté dans la Garonne. Tramway évacué, foule sur le trottoir et, très vite, annonce de la fermeture du pont de pierre. »

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Eugénie entend la sirène d’un camion de pompiers, puis ça ne s’arrête pas ; c’est là qu’elle comprend que c’est plus grave… « Au début, on avait beaucoup d’informations contradictoires, et puis on a vu apparaître les premières informations sur les réseaux sociaux », raconte-t-elle. C’est donc de ce côté-ci de la berge que se passera la soirée entre amis, avec le sourire : « Ouf, ce n’est pas nous. »

« Comment aller sur la rive gauche, à la nage ? »

Quelques centaines de mètres plus loin, derrière la banderole imprimée « police nationale », l’ambiance n’est pas la même. Pont bloqué, tramway arrêté, et face à la police, imperturbables, les passagers bloqués rive droite ne cachent pas leur mauvaise humeur. La plupart d’entre eux n’ont pas encore lu l’information, alors, convaincus que c’est une bagatelle, ils se mettent en colère. Une mère tente de pousser vers l’avant une poussette qui porte un nouveau-né : “Laissez-le passer, j’habite juste de l’autre côté !” Mais que s’est-il passé? », s’énerve-t-elle. « Allumez la télévision, Madame, répond le policier, je ne peux rien vous dire. » Il avance, mallette au bras, comprenant qu’il n’y arrivera pas : il explose en jurons. Naïma s’affole : « Je dois retourner à Mérignac, où vais-je aller ? » Une jeune joggeuse enlève ses écouteurs, « est-ce que je dois encore me retourner ? » Et puis, apprenant les faits, met la main sur sa bouche : « Ah oui ? ok, ok, bon je vais courir encore un peu, ce n’est pas si grave », tandis que ses voisins s’effondrent à l’idée de « marcher trois quarts d’heure ».

Maxence le sait. Pour autant, il n’abandonne pas. « Quoi qu’il en soit, l’incident s’est produit à plus de 50 mètres et ils bloquent toute la ville ? Comment aller sur la rive gauche, à la nage ? » Il rentre du travail et devait se rendre à Saint-Michel. Les paroles débordent, un policier le remet à sa place.

“Ne poussez pas”

Un cycliste s’approche alors du ruban de signalisation, pose des questions et se tourne vers la foule : « Les cyclistes qui veulent, suivez-moi, nous allons passer par le pont Saint-Jean. » Une dizaine de vélos le suivent, ravis de ne pas avoir à parcourir jusqu’au pont Chaban-Delmas. Dans son fauteuil roulant, Martin les regarde partir. Il allait chercher un ami à la gare. Alors, il l’attend à l’entrée du pont, elle le rejoindra en taxi, explique-t-il. Un nouveau cycliste fait une seconde brèche dans la nuit à la recherche de la nouvelle passerelle menant au pont Saint-Jean. Les travaux ne sont pas terminés, on ne voit rien. Devant nous, les livreurs de pizza à vélo tracent le chemin et nous expliquent comment traverser la route : « Si tu n’appuies pas sur le bouton du feu, tu attendras toute la nuit. »

Le parcours reste acrobatique, mais on arrive finalement à l’embouchure du pont rive gauche. « En même temps, il n’y a pas de voiture », sourit notre compagnon de traversée. Sur la rive gauche, le passage du pont est à nouveau bloqué, puis le ruban de signalisation boucle le bassin réfléchissant. En Bourgogne, la foule attend le bus, promis. Une seule ne suffira pas : « Ne poussez pas, ne poussez pas, détendons-nous », crient des voix. Des cris s’élèvent alors : il y a un but. Oui ce soir, il y avait aussi un match de foot.

 
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