Robert souhaite vivre avec Moussa, qui est beaucoup plus jeune que lui, mais la justice a quelques doutes sur le couple… – .

Robert souhaite vivre avec Moussa, qui est beaucoup plus jeune que lui, mais la justice a quelques doutes sur le couple… – .
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Ce matin-là, nous nous sommes retrouvés devant le tribunal de la famille. Pas de procureur ici, pas de parties civiles et des bancs vides. C’est pourtant là que se joue parfois le destin de certains couples, passés ou futurs.

En voici un en formation : Robert, la cinquantaine, souhaite vivre avec Moussa, qu’il a rencontré il y a un an et demi dans un pays africain connu pour son homophobie et qu’il a amené en Belgique. Problème : le greffier de leur commune de résidence a émis un avis négatif. Pour Moussa, la reconnaissance du statut de concubin est pourtant indispensable. Il y voit un élément déterminant dans la décision que doit prendre le CGRA concernant sa demande d’asile (son orientation sexuelle lui a valu quelques ennuis dans son pays natal, où il a échappé de peu à la lapidation).

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Différence de niveau

L’avocat de la ville énumère les accusations portées contre Robert et Moussa. Tout d’abord, il y a un écart de 24 ans entre eux, ce qui semble suffisant pour présumer une tentative de mariage simulé (même si à l’heure actuelle il n’est pas question de mariage, mais de cohabitation légale). Ensuite, la différence de niveau intellectuel est flagrante. Robert a une formation universitaire tandis que Moussa était chef cuisinier dans son pays natal. Enfin, la police a remarqué quelques divergences dans les entretiens simultanés des deux hommes. Notamment, Moussa semble hésiter lorsqu’on lui demande de quel côté du lit il dort, il donne une mauvaise année lorsqu’on lui demande quand ils se sont rencontrés et il ignore la religion de Robert. Ce dernier aurait, quant à lui, omis d’évoquer lors de son audition le lieu où ils avaient passé leurs premières vacances ensemble… Bref, un concours de circonstances montrant, selon elle, que Moussa ne vise clairement qu’à obtenir un avantage en termes de de séjour.

Une question piège

L’avocat de Robert et Moussa semble assez mécontent de ce raisonnement. Elle rappelle d’abord que selon une circulaire datant de 2013, il faut disposer d’éléments qui indiquent «clairement» que la cohabitation légale ne vise pas à créer une communauté de vie durable pour invoquer le caractère simulé d’un mariage. Cette même circulaire qui, toujours pour l’avocat, exige une combinaison d’indices indiquant sans doute la présence d’une cohabitation de complaisance, ou forcée. Et de rappeler également que ce document souligne clairement le fait que la cohabitation légale doit être évitée pour être qualifiée de suspecte. à première vue.

L’avocat s’emploie alors à déconstruire les arguments de la ville. Oui, Moussa s’est trompé d’année pour la visite de Robert dans son pays natal. Cela a commencé le 4 janvier et il s’est simplement trompé de date, étant toujours l’année précédente. Moussa est analphabète et a du mal à se situer dans le temps. Pour le reste, la trace des billets d’avion et les nombreuses photos sur Facebook sont là pour attester de la réalité du voyage.

Moussa hésite sur de quel côté du lit il dort ? Mais c’est clairement une question piège. Doit-on considérer le côté gauche ou droit d’un lit selon que l’on se tient debout au pied du lit ou au contraire lorsqu’on est allongé dedans ? Ce ne doit pas être le premier couple à faire des déclarations contradictoires, sans compter que parfois, on peut changer de place dans un lit, par exemple quand on veut dormir du côté de l’alarme qui doit sonner tôt le lendemain matin et que vous ne voulez pas réveiller votre compagnon.

Le voleur pensait avoir affaire à d’autres cambrioleurs : grave erreur…

Moussa ne connaît pas la religion de Robert ? Pas étonnant. Ce dernier se dit croyant mais non pratiquant, ce qui explique que Moussa n’ait pas pu donner de détails. D’autres éléments sont carrément contestés : il ressort des notes prises par l’avocat lors de l’audience que Robert a bien évoqué leurs premières vacances, mais que le policier n’a pas jugé utile de les noter. Idem pour Robert qui est accusé d’ignorer la date et le lieu de naissance de Moussa, alors qu’il a répondu correctement à cette question en page 2 du reportage ! Ce type d’oubli, selon l’avocat, démontre le travail de mauvaise qualité effectué par le prévenu.

Elle soumet également une dizaine de témoignages allant tous dans le même sens, de la part de leurs amis communs en Belgique, et attestant de la sincérité de leur relation.

Décision dans trois semaines…

 
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