derrière cette vidéo virale, l’inquiétante idéologie des « citoyens souverains »

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twitter/leflibustier « Je ne contracte pas » : derrière cette vidéo, le complot des « citoyens souverains »

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« Je ne contracte pas » : derrière cette vidéo, le complot des « citoyens souverains »

SECTE – «Je n’appartiens plus à la société République française» : ce n’est pas, habituellement, la réponse que l’on donne à un gendarme qui demande ses papiers sur le bord de la route. C’est pourtant l’étrange réponse que fait cette passagère d’une voiture filmant son échange avec la police française, dans une vidéo diffusée le 2 avril par le spécialiste des fake news Vincent Flibustier sur X, et dont le succès (plus de 2 millions de vues) est n’a d’égal que l’étonnement, parfois l’hilarité, qu’il provoque.

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L’interaction entre ce couple, bien décidé à ne pas obéir, et des policiers de moins en moins patients, culmine avec une vitre brisée, suivie de l’arrestation (non filmée) des deux protagonistes. Tout au long de l’altercation, les propos tenus par ces derniers, leur attitude, leur justification pour refuser d’accéder à la demande des policiers, peuvent paraître étranges. Presque scénarisé. Et pour une bonne raison.

Le couple concerné, qui a depuis publié un https://twitter.com/_mizmo/status/1776143275759387074 détaillant ses motivations, revendique ainsi s’inscrire dans le mouvement des « citoyens souverains ». Une idéologie complotiste qui, pour faire simple, considère que la France, comme beaucoup d’autres pays, n’est plus une nation mais une entreprise privée. De ce fait, obéir à ses lois les plus fondamentales (obéir aux forces de l’ordre, payer ses impôts, etc.) n’est plus une obligation pour les citoyens, mais uniquement pour les « entrepreneurs ». Vous suivez ? Non ? Un peu d’histoire vous aidera.

Un mouvement profondément américain

Il est impossible de séparer le mouvement des « citoyens souverains » de ses racines : le « citoyens souverains », même s’ils se sont répandus partout depuis peu, ils sont avant tout nord-américains, et ce n’est pas un hasard. Au cœur de leurs idées se trouve la résistance à un État qu’ils considèrent comme intrinsèquement tyrannique à l’égard de l’individu. Une philosophie qui irrigue, sous des formes plus ou moins modérées, les Etats-Unis et son histoire plus qu’ailleurs.

Pour le citoyens souverains, l’État n’est donc pas légitime, mais il l’était jusqu’en 1933. A cette date, les États-Unis de Roosevelt cessèrent de rattacher leur monnaie à l’étalon-or : au plus profond de la crise de 1929 était une manière de libérer les flux monétaires, d’instaurer le keynésisme récupération. Mais pour notre sovcits », le projet était bien plus néfaste. Satanique, même.

En réalité, les États-Unis auraient à ce moment-là renoncé à leur privilège de nation, pour devenir un simple emprunteur auprès des grandes banques. Pire encore, le pays aurait proposé une hypothèque à ses propres citoyens ! Chaque naissance ajoute de la valeur empruntable placée dans les caisses des institutions financières, qui n’ont alors plus qu’à se frotter les mains…

D’autres variations sur le même thème placent le basculement de l’État américain vers l’illégitimité au moment de la guerre civile entre le Nord et le Sud (1861-1865). Plus précisément, à l’époque où, pour la toute première fois, les citoyens américains payaient de l’impôt sur le revenu. Un thème commence à émerger : qu’il s’agisse de l’étalon-or ou des impôts, le cœur de cette croyance concerne l’argent.

Terrorisme, gros argent et beaux discours

L’émergence de différents mouvements (car multiples) de citoyens souverains est très nébuleuse, mais une étude récente la situe dans les années 1950, avec le développement du mouvement anti-fiscal outre-Atlantique. Depuis, différentes idées s’y sont rassemblées, souvent pour tirer une légitimité de combats très contrastés.

Le FBI considère ainsi que Terry Nichols, l’un des terroristes de l’attentat d’Oklahoma City en 1995, a adhéré aux thèses du sovcits. Aujourd’hui, des groupes d’extrême droite et complotistes, comme les Proud Boys ou Q Anon, sont considérés comme propageant tout ou partie de cette idéologie.

Mais parallèlement à l’extrémisme violent de ces mouvements, il y a les « citoyens souverains » du quotidien. Comme notre couple français à la célébrité fulgurante. En France, un rapport de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) de 2021 explique, page 189, que la réflexion sur le sujet a été ravivée dans les années 2010 à l’occasion de la création du CNT (Conseil national de transition). par Eric Fiorile – un personnage du complot qui cherchait à restaurer « la souveraineté du peuple contre les politiques ». Les « citoyens souverains » se sont ensuite retrouvés impliqués dans les manifestations des gilets jaunes, puis dans les mouvements complotistes liés au Covid-19.

Formules récitées

L’arme principale des « citoyens souverains » : la répétition de mots clés, et une bonne dose de mauvaise foi. Chez Laetitia et son mari, comme chez les sympathisants britanniques, australiens ou canadiens, on répète sans cesse « je ne contracte pas », « tribunal populaire » ou « fraude au nom légal », devant un policier, l’inspecteur des impôts, ou pourquoi pas, le pharmacien qui leur demanderait leur carte vitale. Ces propos sont plus qu’un refus : selon le sovcitsils sont la seule réponse, la clé pour ne pas faire ce que l’État, ou un représentant de l’État, leur demande.

Ces expressions, souvent jargonneuses, sont en fait une marque de complotisme dans la version citoyenne souveraine. Aux Etats-Unis, les automobilistes arrêtés, par exemple, pensent qu’en évitant soigneusement les mots « drive » et « car », ils pourront s’en sortir sans se faire demander des papiers. D’où ces discours aux sonorités fausses, préparés à l’avance, comme technique pour échapper aux sollicitations officielles.

Bien entendu, cela ne fonctionne pas, et ces techniques ne leur permettent pas d’échapper à l’État ou à la police, comme on peut le voir dans la vidéo virale de ces derniers jours. Et c’est aussi souvent là que l’idéologie des citoyens souverains peut se transformer en tragédie personnelle. En 2023, un homme de 63 ans est abattu aux États-Unis après avoir ouvert le feu sur des policiers venus le déloger d’une maison qui ne lui appartenait pas. Pourtant, l’homme pensait avoir la loi de son côté : il adhérait aux thèses des citoyens souverains.

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