relecture audacieuse de l’antihéros de Patricia Highsmith sur Netflix

relecture audacieuse de l’antihéros de Patricia Highsmith sur Netflix
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Andrew Scott et Johnny Flynn revisitent de manière glaçante la fuite en avant meurtrière du célèbre escroc. Un retour aux sources fascinant.

Il est dangereux de réinventer une œuvre qu’on aime. Comment faire mieux qu’Alain Delon ou Matt Damon ? Mais cette relecture m’a conquis par son côté sombre qui colle au personnage de Patricia Highsmith. », admet le comédien Johnny Flynn. Le Britannique est aux commandes avec le charismatique Andrew Scott (Sans jamais nous connaître, Fleabag) de l’intrigant Ripley. Nouvelle exploration pour Netflix de la descente aux enfers de l’antihéros du romancier américain.

Petit escroc new-yorkais falsificateur de factures, Tom Ripley est chargé par un riche industriel de ramener son fils qui goûte aux charmes de la dolce vita italienne. L’héritier qui peint en amateur éclairé et bronze sur les plages avec sa compagne journaliste Marge Sherwood (Dakota Fanning) n’a aucune envie de traverser à nouveau l’Atlantique. Mais ému de trouver un compatriote, Dickie Greenleaf accueille Ripley à bras ouverts dès son arrivée sur la côte amalfitaine. Il partage avec elle sa vie de bohème. Entre attraction et répulsion, Ripley s’immisce dans l’intimité de Greenleaf.

Sur cette partition bien connue qui mène au meurtre, le créateur Steven Zaillian (scénariste de la liste de Schindler et de L’Irlandais) parvient à surprendre avec cette variation crépusculaire et fataliste qui baigne dans le noir et blanc le plus froid, entre Hitchcock et Fellini. Un parti pris inspiré de la couverture d’une première édition du roman. Sa série prend le contrepied de la torpeur estivale qui berçait les adaptations de René Clément et Anthony Minghella. En résulte l’impression d’un ciel d’automne menaçant auquel font écho les rues désertes, les longs silences remplis de malaise qui planent entre Tom et ses interlocuteurs.

Une course oppressante

Andrew Scott assume le rôle de l’escroc. Ni attrayant ni dandy, son Ripley est un marginal en perpétuelle fuite et évitement. Passer d’un système – souvent boiteux – à un autre. La graine de paranoïa qui sommeille en lui n’attend que de germer. Avant même de quitter la Grosse Pomme, il regarde par-dessus son épaule de peur d’être rattrapé par ses fantômes. Comme l’agneau sacrificiel, Johnny Flynn (Emma) laisse entrevoir un Dickie innocent, qui fait confiance à un inconnu en qui il reconnaît son désir d’indépendance. « Dickie et Marge se voient comme des artistes en exil fuyant leur environnement privilégié à la manière de Gertrude Stein et Ernest Hemingway établis à Paris. Mais ils cachent leur visage : leur confort repose sur ces origines sociales qu’ils rejettent »note Johnny Flynn, dépassé par le caractère tragique de son personnage. « En voulant faire découvrir à Ripley sa vie d’artiste, ses valeurs, Dickie lui donne les clés pour usurper son identité. Sa mort devient inévitable. Il se comporte comme le Christ dans les jours précédant la crucifixion. »

La mort de Dickie survient rapidement à l’écran. Une manière pour Steven Zaillian de se distinguer de ses prédécesseurs qui en faisaient l’apogée de leur long-métrage. Il puise dans toutes les aspérités disséminées dans les cinq romans consacrés à l’escroc sociopathe. Y compris la dimension queer. “Malgré ses crimes, le spectateur ne peut s’empêcher d’apprécier Ripley et de souhaiter qu’il échappe à la justice, c’est le génie de la plume venimeuse de Patricia Highsmith”, salue Johnny Flynn. Entre beaux hôtels et bidonvilles, la série tisse le parcours oppressant d’un homme qui se déteste, pris dans ses propres pièges et mensonges.

 
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