“Cela nous ramène à la théorie de l’accident”, estime l’ancien directeur du centre judiciaire de la gendarmerie

“Cela nous ramène à la théorie de l’accident”, estime l’ancien directeur du centre judiciaire de la gendarmerie
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Des découvertes récentes importantes mais toujours un mystère. Après neuf mois de stagnation, l’enquête sur l’affaire du petit Emile s’est brusquement accélérée ce samedi 30 mars, avec la découverte de son crâne par un randonneur, à une vingtaine de minutes à pied du Haut-Vernet, village des Alpes-de-Haute. -Provence, lieu de sa disparition le 8 juillet.

Une première découverte suivie ce lundi de celle de ses vêtements, près d’un ruisseau, à une centaine de mètres du crâne. Ces avancées ne semblent toutefois pas s’être avérées, pour l’instant, décisives pour élucider la mort du petit garçon. Pour tenter d’y voir plus clair, et de comprendre quelles formes devrait désormais prendre cette enquête, 20 minutes a interrogé François Daoust, ancien directeur de l’unité judiciaire de la gendarmerie qui comprend notamment l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), largement impliqué dans cette affaire.

Compte tenu des récentes découvertes, quelles sont les issues possibles de l’enquête ?

Sur la table, trois hypothèses sont ouvertes : 1/ L’enfant est perdu. 2/ Il y a eu un accident causé par un tiers qui a quitté le corps. 3/ C’est un meurtre.

Le but est donc désormais d’essayer de trouver le plus d’indices possible à travers les vêtements et les os. Il faudrait trouver d’autres ossements et essayer de remonter le ruisseau le plus haut possible. Car on voit bien qu’en raison de la configuration des lieux, les ossements ont certainement été perturbés par les pluies, et donc il faut remonter en amont ce qui pourrait être le point zéro. Celle de la chute de l’enfant, ou du lieu où il s’est arrêté, épuisé, avant de décéder. Ou, pour s’en tenir à l’hypothèse de l’enfant perdu, l’endroit où il est tombé dans le ruisseau et s’est rapidement noyé.

Par la suite, vous devrez faire la même chose en aval. Car les inondations ont pu emporter les morceaux et les ossements ont pu continuer leur voyage.

Alors, même si le procureur dit ne privilégier aucune hypothèse, la théorie de l’accident s’épaissit selon vous ?

Ces premiers éléments nous amènent davantage vers la thèse d’un accident que vers celle d’un crime. Il faudra maintenant voir ce que montrent les analyses des vêtements, s’ils contiennent des traces de sang par exemple. Ce qui veut dire qu’il aurait été blessé. Comment ? Par qui ? D’autres questions seraient posées.

Est-ce une nouvelle enquête qui commence maintenant ?

Oui, c’est une nouvelle enquête. A partir du moment où on sait qu’il est mort, et qu’il est là depuis un moment, il faut tout recommencer en supposant que c’était depuis le premier jour.

Après avoir passé, comme on l’imagine, neuf mois dans la nature, que peut-on espérer retrouver sur les vêtements ?

Si nous avions des coupures nettes comme des couteaux ou un cutter, nous reviendrions sur la piste criminelle. Si nous avions des larmes, ou pas de larmes directes, mais les vêtements endommagés du petit garçon et des traces de sang, cela voudrait dire que, soit dans une chute, soit dans un choc, avec un véhicule par exemple, il a été blessé. . C’est pourquoi le procureur, avec toute la prudence nécessaire dans cette affaire, garde en tête les trois possibilités.

Ces vêtements pourraient-ils encore contenir de l’ADN étranger identifiable ?

Cela, je ne le sais pas. Parfois, il peut y avoir des surprises. Sur des vêtements lavés plusieurs fois en machine, s’il y a une gouttelette de sang qui s’est infiltrée dedans, de l’ADN peut ressortir, alors pourquoi pas. Mais nous sommes dans une probabilité d’indice faible.

Quels éléments techniques pourraient nous apporter une certitude ?

Il s’agirait de trouver suffisamment d’indices qui montrent, par exemple, que le garçon est tombé dans le ruisseau. Mais si nous ne trouvons rien d’autre, sans blessure, sans rien d’autre, cela continuera à étayer la théorie de l’accident. Même si ça n’empêchera pas X ou Y de dire : « Oh non, il y a peut-être quelque chose derrière ça ». Un peu comme on le fait avec les gens du village qui disent : « Non, non, ce n’est pas possible, ça ne peut être que l’intervention d’un tiers. » Il faut prendre du recul. Ce n’est pas parce que nous avons cherché du mieux que nous avons pu que nous n’avons pas manqué l’enfant tombé dans un ruisseau.

Combien de temps encore cette enquête peut-elle durer ?

C’est toute la difficulté. Combien de temps faudra-t-il pour inspecter le ruisseau et ses environs ? S’ils trouvent des éléments, comment, en laboratoire, la partie génétique, la partie médico-légale et anthropométrique pourra-t-elle fonctionner ? Je pense qu’il faudra encore au moins quelques semaines.

Y aura-t-il un jour une certitude ?

Cela dépendra de ce que nous trouverons.

En l’état, ce n’est pas possible ?

Non, ce n’est pas possible. Il existe des lignes directrices, mais elles ne suffisent pas.

Et l’hypothèse d’un crime parfait ?

Un crime n’est parfait que lorsqu’on ne sait pas qu’il s’agit d’un crime. Un crime non résolu, c’est autre chose. Là, il faudrait voir de quels éléments disposent les enquêteurs.

Après presque un an d’enquête, s’il y avait eu de forts soupçons sur un ou plusieurs individus, auraient-ils déjà émergé ?

De toute façon, il y aurait déjà eu suffisamment d’informations pour guider les enquêteurs. Là, en gros, on repart de zéro. Mais cela n’élimine pas tout le travail qui a été fait sur l’environnement, les soupçons et les éléments à charge ou à décharge qu’ils ont pu trouver. L’enquête est donc déjà alimentée par ce qu’ils ont fait.

C’est une histoire qui passionne, avec tout le recul de votre carrière, comment expliquez-vous que celle-ci soit particulièrement mémorable ?

Parce que c’est un petit garçon. Parce qu’il est si mignon. Que nous avons tous eu des enfants, des frères ou des cousins. Parce que nous pouvons tous nous identifier à nos parents, directement ou indirectement. Et après, derrière, il y a toutes les questions qu’on peut se poser sur une famille, qui n’est pas une famille moyenne, ou qui n’est pas comme les autres et qui laisse un halo de mystère supplémentaire. On est vraiment dans de la psychologie sensationnelle basique, rien d’autre.

 
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