«Nous nous sentions en confiance», déclare le chauffeur

«Nous nous sentions en confiance», déclare le chauffeur
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Des briefings réduits au strict minimum, une quasi-absence de communication entre les équipes… Deuxième prévenu à s’exprimer jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris, Denis T., le conducteur du TGV qui a déraillé en Alsace le 14 novembre 2015 faisant 11 morts, résumait l’état d’esprit qui régnait avant l’accident : « Nous étions confiants ».

En jean et pull noir, le cheminot insiste sur son rôle de simple « exécuteur » qui ne faisait que suivre les consignes de vitesse et de freinage données par Francis L., le responsable de traction (CTT), également présent dans la cabine. pilotage du train d’essai du TGV Est.

Mardi, lors de l’audience précédente, Francis L. a rappelé qu’il devait lui-même respecter les instructions du responsable des essais, un ingénieur de Systra, la société gérant les essais, décédé dans l’accident.

Sur les bancs des parties civiles, certains ne cachent pas leur agacement face à cette désintégration des responsabilités de chacun.

Denis T., Francis L. et Philippe B., technicien Systra chargé d’informer le pilote sur les particularités de la piste – qui doivent être entendus vendredi – sont poursuivis pour homicide et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement aux règles. devoir. obligation de sécurité.

La SNCF, la SNCF-Réseau et Systra sont jugées pour les mêmes chefs d’accusation mais ne seront entendues que fin avril. “Je ne me sens pas responsable, d’autres personnes auraient pu être là à ma place”, déclare Denis T.

Le premier jour du procès, comme l’a rappelé le président, il avait jugé « un peu injuste » de se retrouver parmi les accusés. «Mon rôle était de veiller à ce que le train roule d’un point A à un point B tout en maintenant la vitesse demandée et de répondre aux points de freinage lorsqu’ils étaient annoncés», explique-t-il à la barre. Avec, souligne-t-il, « la sécurité en tête ».

Pas question de prendre la moindre initiative lors des tests. D’ailleurs, il ne participe pas aux briefings, les échanges avec l’exécutif de la CTT sont brefs.

“J’aurais pu dire non”

« Mais vous n’êtes quand même pas un robot », s’agace le procureur. Le président de la 31e chambre insiste. « Vous auriez pu discuter des ordres du CTT », lui demande-t-elle. «J’aurais pu dire non», reconnaît le prévenu.

Pourtant, les signes avant-coureurs n’ont pas manqué avant le déraillement du train d’essai du TGV Est, a rappelé le tribunal.

Deux incidents ont eu lieu sur le même tronçon de ligne le 11 novembre et la même matinée du 14 novembre. Dans les deux cas, survitesse et distances de freinage à l’estime sont à l’origine des incidents… qui n’ont en aucune manière été signalés par la les équipes de pilotage et les responsables des essais.

Le 11 novembre, l’équipe de conduite constate un freinage dangereux dû à une vitesse excessive mais réagit par « On fera mieux le 14 novembre ! » « .

Le matin du 14 novembre, la distance de freinage avait été mal évaluée et elle avait été enclenchée beaucoup trop tôt, ce qui a pu laisser croire dans l’après-midi qu’il y avait de la « place » pour aborder le virage où s’est produit l’accident.

L’enquête a montré que le TGV abordait un virage à 265 km/h, bien au-dessus des 176 km/h prévus à cet endroit. Il a déraillé 200 mètres plus loin, heurtant le parapet du pont au-dessus du canal Marne-Rhin près d’Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée à 243 km/h.

L’enquête a également établi que ni les équipements ni la voie ne pouvaient être imputés à ce déraillement.

«Je pense beaucoup aux familles des victimes. Beaucoup sont venus me parler ici au tribunal. Cela m’a touché, j’avais une appréhension. J’avais si peur. Le fait d’avoir reçu du soutien est énorme», a déclaré Denis T. avant de quitter le barreau.

Les trois prévenus « physiques » encourent des peines de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Les trois sociétés risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 225 000 euros.

Les débats se termineront le 16 mai, la décision du tribunal sera rendue dans les mois suivants.

 
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