Un actif qui gagne +8% en un mois
Le prix de l’or a été très atone de fin 2023 jusqu’à fin février dernier. En effet, l’attitude attentiste des décideurs de la FED à l’égard de l’assouplissement monétaire avait rendu cette relique barbare moins attrayante. Et dans une période où les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi élevés depuis près de 20 ans, les obligations d’État à rendement garanti semblent attirer davantage les désirs des investisseurs. L’or n’est pas un produit d’investissement comme les autres. Sa fonction est de sécuriser une partie du patrimoine. Dans un marché obligataire fort comme celui d’aujourd’hui, il est naturel que certains préfèrent le profit à la sécurité.
L’inflation américaine peine à baisser
Mais voilà, début mars, face à une économie américaine qui semble maintenir de bons niveaux, l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis marque le pas. De quoi remettre en question l’efficacité de la politique de hausse des taux pour endiguer le phénomène. L’appréciation du prix de l’or est alors immédiate. L’or est toujours déchiré dans ce genre de situations. N’oublions pas qu’il s’agit avant tout d’un produit commercial et que l’acheter est un acte presque politique, comme un signal de la santé de notre économie.
Un assouplissement des règles monétaires
Et le coup de grâce de la bonne nouvelle pour le métal jaune arrive immédiatement par l’intermédiaire de Jerome Powell, le patron de la FED qui, alors qu’il laissait planer le doute depuis plusieurs mois sur une potentielle baisse des taux directeurs, a finalement annoncé sa volonté de les réévaluer à trois fois en 2024.
2024, c’est aussi le nouveau pic du prix de l’or en euros atteint le 21 mars au fixing de Londres (la référence officielle du prix du métal précieux). Idem pour le prix en monnaie américaine le même jour qui dépassait pour la première fois facilement les 2 210 $. Résultat des courses : l’actif prend 8% en à peine un mois.
L’or comme observateur des hauts et des bas du monde
Si les considérations économiques jouent un rôle important dans la dynamique du prix de l’or, n’oublions pas que le métal est également réceptif aux aléas géopolitiques.
Des conflits qui durent
En février 2022, l’opération militaire russe sur les terres ukrainiennes du Donbass fait bondir en quelques heures le prix de l’or. Et si cette guerre semble s’enliser entre les deux camps depuis maintenant deux ans, certaines actions sur le terrain continuent d’influencer le cours du métal jaune. Il est important de rappeler que la Russie produit et conserve d’importants stocks d’or.
Du côté de la bande de Gaza, c’est la même chose. Les attentats terroristes du 7 octobre en Israël et la réponse immédiate du gouvernement de Netanyahu ont réveillé le réflexe d’acheter et de protéger avec de l’or. En seulement 15 jours, le cours a gagné plus de 6,5% pour flirter avec les 1900 euros.
Une volonté de dédollarisation
L’autre élément significatif dans la dynamique de l’or est la propension de certains pays à accumuler le métal précieux. Parmi eux, on compte la Chine qui souhaite, dans un projet de recomposition des blocs d’influence dans le monde et notamment avec l’élargissement du club des BRICS (pour le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud), s’émanciper des États-Unis. États-Unis et, en fait, du dollar. Certains prédisaient le retour de l’étalon-or comme monnaie. L’annonce n’a pas eu lieu. Mais en réalité, le renversement du rapport de force avec l’or comme variable d’ajustement est en cours.
Se passer de la première puissance mondiale en formant un bloc, c’est affaiblir son économie et donc sa monnaie. De quoi appliquer une équation presque évidente pour les spécialistes : un dollar faible est la perspective d’un or fort.
Week-end de Pâques oblige, les bourses sont fermées, laissant le prix de l’or à son plus haut historique en euros : le prix de l’once d’or s’échange désormais à 2070,28 euros.
