La constance des prix à la pompe est observée malgré les fluctuations du marché international. La pause du Ramadan devrait donc se poursuivre jusqu’à la mi-avril. Ce statu quo, temporaire selon les experts, laisse présager une inévitable adaptation à la situation économique. Mais le pire est encore à venir. Éclairage.
Depuis deux mois, les prix des carburants stagnent dans les stations-service. Malgré les fluctuations du prix du baril de Brent, les compagnies pétrolières nationales n’ont pas répercuté la hausse des prix internationaux du pétrole sur le marché local. La pause du Ramadan se poursuit, semble-t-il, au moins jusqu’à la mi-avril.
Attendre
Alors que l’on s’attendait à ce que les prix à la pompe augmentent le premier jour de mars, cela ne s’est pas produit depuis la mi-janvier. A noter que la dernière variation imputée date du 16 janvier, avec une baisse de 30 centimes pour le diesel. Quant au super, il est resté au même niveau. Toutefois, comme la référence des prix internationaux des produits raffinés, Platts, est généralement fixée tous les 15 jours, les prix devraient en principe fluctuer, à la hausse ou à la baisse, au début de chaque mois. Il ne faut donc s’attendre à aucun changement début avril, comme l’ont confirmé les experts.
« Il faut savoir que la crise du conflit russo-ukrainien a impacté le prix du baril de Brent. De plus, l’attaque des raffineries en Russie va mettre sous pression les produits raffinés dans les prochains jours. Ainsi, malgré la hausse des prix internationaux, je suppose que les entreprises marocaines maintiendront le statu quo. En principe, le marché ne devrait pas connaître de hausse, notamment pour le diesel. Le super devrait par ailleurs enregistrer une infime augmentation d’une dizaine de centimes, mais il y a de fortes chances qu’elle ne soit pas imputée», estime Mostafa Labrak, expert en énergie et directeur général d’Energisum Consulting.
Si les compagnies marocaines d’hydrocarbures n’ont pas répercuté les dernières augmentations, cumulées à 1 dirham le litre aujourd’hui, c’est, entre autres, pour soutenir le pouvoir d’achat des Marocains.
Selon les experts qui suivent de près le secteur, ce geste de solidarité s’est manifesté en raison de cette période de grande consommation. Toutefois, du côté des distributeurs, le silence perdure. Contactées à plusieurs reprises, nos demandes restaient sans réponse au moment de la mise sous presse. Sauf que cette situation ne peut pas durer éternellement. Nous nous attendons à une répercussion de la hausse des prix une fois la période des fêtes passée. De plus, tous les indicateurs pointent vers une hausse des prix du pétrole cette année.
Pour Mostafa Labrak, cette période coïncide avec l’arrivée des beaux jours, durant laquelle la consommation de produits pétroliers s’intensifie, ce qui entraîne une hausse des prix à l’échelle internationale. Les tensions géopolitiques viennent aussi bousculer la donne, d’autant qu’aucun calme ne se profile à l’horizon.
La demande en berne
Pour étayer ces affirmations, JP Morgan, la banque d’investissement américaine, indique que les prix du pétrole pourraient atteindre, voire dépasser, les 100 dollars le baril d’ici la fin de l’été. Pour cause, la réduction de la production russe. Les estimations de JP Morgan s’appuient principalement sur la récente décision russe.
À court terme, le prix du pétrole brut de référence européen pourrait passer de 90 dollars le baril au cours du mois d’avril à 10 dollars d’ici septembre prochain. Une situation qui pourrait provoquer de fortes perturbations et affaiblir encore davantage une demande déjà en difficulté, selon les analystes de la banque.
En attendant, et au regard du contexte national, le délai est proche pour que les neuf compagnies pétrolières impliquées dans l’affaire des pratiques anticoncurrentielles soumettent le rapport trimestriel exigé par le Conseil de la concurrence.
Maryem Ouazzani
