La France est-elle plus généreuse que ses voisins européens ? – .

La France est-elle plus généreuse que ses voisins européens ? – .
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Vers un durcissement des droits du chômage ? Le Premier ministre Gabriel Attal a présenté mercredi soir, lors d’un entretien sur TF 1, différentes pistes à l’étude pour modifier l’accès et les conditions d’indemnisation du chômage en France. Parmi eux, la réduction de la durée maximale d’indemnisation. « Aujourd’hui, vous pouvez percevoir des allocations de chômage jusqu’à 18 mois, ce qui est plus que dans de nombreux pays », a-t-il déclaré.

Mais si l’on veut comparer la situation française, ne serait-ce qu’avec nos voisins européens, le calcul est complexe. « Chaque pays a son propre système, sa propre cohérence », selon Didier Demazière, chercheur au CNRS, travaillant sur la sociologie du travail, « cela dépend des critères de comparaison retenus ».

« Les conditions les plus sévères se trouvent au Royaume-Uni »

Gabriel Attal en a présenté trois : la durée maximale d’indemnisation, les conditions d’obtention du chômage et le montant des cotisations. Pour le premier, avec 6 à 18 mois d’indemnisation maximale pour l’instant, la France se situe plutôt dans la moyenne haute. En Europe, cette durée est plus élevée dans certains pays : jusqu’à 24 mois en Italie ou aux Pays-Bas. « Les conditions les plus sévères se trouvent au Royaume-Uni, avec environ 180 jours d’indemnisation maximale », souligne Didier Demazière.

Mais ce chiffre doit être relativisé avec d’autres critères. Ainsi en Italie, il suffit de trois mois travaillés au cours des quatre dernières années – contre six mois sur deux ans en France – pour percevoir une allocation chômage. Mais ces trois mois ne donnent droit qu’à un mois et demi. Pour obtenir le maximum de 24 mois, il faut donc avoir été salarié… quatre ans. Et aux Pays-Bas, au-delà d’un certain seuil, il faut travailler une année complète pour obtenir un mois d’indemnisation.

En ce sens, “en termes d’éligibilité et de durée d’indemnisation, la France est toujours tout en haut” du classement, précise Bertrand Martinot, expert associé à l’Institut Montaigne, spécialiste du marché du travail.

« Un des pays les plus avantageux, le Danemark »

Il faut également souligner le montant des indemnisations perçues, plus ou moins élevées selon les pays, et plus ou moins décroissantes au fil du temps. La France se situe dans la moyenne européenne, avec 57% du salaire journalier de référence et une baisse au 7ème mois d’indemnisation pour certains. En Italie, l’allocataire démarre avec 75 % du salaire de référence, mais perd ensuite 3 % chaque mois à partir du 6e mois, détaille l’Unédic (Syndicat national interprofessionnel pour l’emploi).

A ce sujet, « l’un des pays les plus avantageux est le Danemark, avec 90 % du salaire de référence », souligne Didier Demazière. Le plafond est toujours de 2 564 euros par mois. En Suisse, “le bénéficiaire perçoit 70% de son salaire de référence dans la limite d’un plafond de 8.817 euros”, écrit l’Unedic.

Le Royaume-Uni se situe, une fois de plus, dans la fourchette basse, avec un taux forfaitaire. Quel que soit votre salaire avant, tout le monde touche la même chose : 76 euros par semaine pour les moins de 25 ans, 95 euros au-delà. «Mais d’autres aides s’ajoutent», explique Bertrand Martinot.

Pour ajouter à la complexité, toutes ces données doivent être modulées avec des spécificités nationales, ce qui peut donner certains avantages. Ainsi en France, la durée d’indemnisation est par exemple plus longue pour les plus âgés : jusqu’à 22,5 mois après 53 ans, jusqu’à 27 mois après 55 ans. En Suède, la durée d’indemnisation est de 300 jours, et peut monter jusqu’à 450 pour une personne ayant des enfants à charge.

« Une allocation longue avec une allocation faible ou l’inverse ? »

En durcissant les règles du chômage, Gabriel Attal explique vouloir « faire évoluer un système pour inciter davantage au retour au travail ». Mais il reste difficile aujourd’hui de savoir comment le durcissement, ou l’assouplissement, de l’accès à ces prestations peut influencer le retour à l’emploi.

Le taux de chômage en France s’élève actuellement à plus de 7 %, supérieur à la moyenne européenne de 6 %. Mais si le Royaume-Uni se situe autour de 4% et l’Allemagne autour de 3%, les contrats courts et précaires y sont bien plus nombreux. “Il ne faut pas que ce soit trop drastique, sinon les gens vont se retrouver dans le pétrin, avec des emplois précaires”, explique Bertrand Martinot.

Parmi tous les leviers disponibles, il faut réussir à trouver un équilibre pour protéger suffisamment les chômeurs tout en favorisant le retour à l’activité, explique le spécialiste, qui s’interroge : « Qu’est-ce qui est mieux ? Une allocation longue avec une allocation faible ou l’inverse ? Il faut essayer de trouver l’optimum. »

 
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