Honda envisage un investissement titanesque au Canada dans le secteur des batteries, mais contrairement aux autres projets annoncés jusqu’à présent, celui du géant japonais pourrait être partagé entre le Québec et l’Ontario, a-t-on appris. La presse.
Publié à 1h09
Mis à jour à 5h00
Ce qu’il faut savoir
Honda prévoit un investissement d’électrification d’au moins 15 milliards au Canada.
Son projet pourrait être partagé entre le Québec et l’Ontario, apprend-on La presse.
Le Québec est en lice pour une usine de matériaux cathodiques.
Rien n’est encore réglé, mais au moins deux sources proches du dossier nous ont confirmé que les négociations avec la multinationale japonaise étaient sérieuses. Québec vise à attirer tout ce qui entoure la construction de ce qui représente environ 40 % du coût d’une batterie lithium-ion que l’on retrouve dans les véhicules électriques, la cathode. C’est le pôle positif d’une batterie.
La province hériterait ainsi d’une usine de matériaux cathodiques, qui pourrait voir le jour dans le parc industriel de Bécancour, où General Motors (GM) et Ford construisent des complexes similaires. La presse a pu confirmer cette information rapportée par Radio-Canada.
De son côté, l’Ontario serait en lice pour tout ce qui touche à l’assemblage de batteries, ce qui inclut la fabrication de cellules, ainsi que la construction de véhicules électriques. Il pourrait ainsi se tailler la part du lion des investissements prévus par le géant japonais, qui s’élèveraient au moins à 16 milliards.
Le nom de Honda apparaît depuis l’été dernier au registre québécois des lobbyistes concernant le « secteur des véhicules électriques ».
“Disons que ce n’était pas une surprise”, a répondu le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, dans un entretien à La presse en janvier dernier, où il a été interrogé sur l’intérêt de Honda. Nous avons eu des discussions. Que va-t-il se passer à ce stade ? [on ne le sait pas]. »
Les discussions se sont depuis poursuivies et sont devenues bien plus sérieuses, confirment nos sources proches du dossier. Or, les exigences de Honda sont particulièrement élevées, nous dit-on, et le contexte budgétaire rend plus difficile la reproduction d’aides financières aussi généreuses que par le passé.
Pour l’usine de cathodes Ford de Bécancour, le gouvernement Legault avait offert 320 millions sous forme de prêt sans intérêt, dont une bonne partie risque d’être transformée en prêt-subvention. Dans le cas de GM, l’aide du Québec a atteint environ 152 millions.
Un crochet spécial
Dans l’espoir d’attirer Honda, le gouvernement Legault étudie la possibilité d’offrir une partie de sa participation dans Nemaska Lithium, une entreprise phare de l’écosystème québécois détenue à 50 % par l’État québécois. La presse a pu confirmer cette information révélée par la chaîne publique. L’autre moitié de la société appartient à Arcadium Lithium, une multinationale américaine basée à Philadelphie.
Nemaska Lithium vise à transformer le lithium extrait de la mine Whabouchi, à environ 300 km de la Baie James, pour ensuite produire de l’hydroxyde de lithium – essentiel à la fabrication de batteries lithium-ion pour véhicules électriques – dans le parc industriel de Bécancour.
La construction de l’usine a commencé et sa mise en service est prévue pour 2026. La facture totale du projet est estimée à environ 2 milliards. En étant actionnaire de Nemaska Lithium, Honda assurerait un approvisionnement en hydroxyde de lithium. Le géant de l’automobile ne pourrait bénéficier de cette assurance s’il ne s’établit pas au Québec.
Selon la plus récente transaction publique entourant la vente des actions de Nemaska Lithium, en 2022, la participation de l’État québécois dans cette entreprise avoisinerait le milliard de dollars.
Des tensions Toyota-Honda ?
La stratégie du gouvernement Legault pourrait toutefois faire grincer des dents le copropriétaire de Nemaska Lithium. D’un côté, Arcadium souhaite contrôler Nemaska Lithium. En revanche, le producteur de lithium collabore déjà étroitement avec Toyota, le grand rival de Honda au Japon.
« Nous recherchons toujours des sources supplémentaires de lithium, ce qui pourrait inclure une nouvelle expansion en Argentine. [et] augmentant notre participation de 50 % dans Nemaska Lithium », souligne Arcadium, dans son rapport annuel récemment déposé auprès des autorités boursières américaines.
Cette dernière détient également un droit de premier refus sur toute transaction concernant la vente des actions détenues par le gouvernement du Québec dans Nemaska Lithium. Arcadium aurait donc son mot à dire dans les efforts du Québec pour attirer Honda dans la province.
«Arcadium Lithium a déjà indiqué au gouvernement du Québec que nous souhaitons augmenter notre participation dans Nemaska Lithium au-delà de 50%», a indiqué l’entreprise dans un communiqué transmis à La presse. Nous n’avons pas changé notre position. »
En Argentine, Toyota détient 25 % d’un complexe de production de carbonate de lithium exploité par une société appartenant à Arcadium. Le concurrent japonais de Honda possède également un quart d’un autre site de production de carbonate de lithium au Japon.
C’est les médias Nekki Asie qui a révélé, en janvier dernier, les projets de Honda au Canada. En Ontario, plusieurs sites sont étudiés par le géant japonais, dont celui où est située son usine d’Alliston. Durant le premier mois de 2024, des représentants de la multinationale japonaise se sont rendus au Canada pour rencontrer des responsables du gouvernement Trudeau afin de discuter de leurs ambitions sur le territoire canadien.
Avec Francis Vailles, La presse
Apprendre encore plus
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- 15 milliards
- Valeur totale des projets annoncés à ce jour dans le secteur québécois des batteries
Source : LA PRESSE
- 1986
- Année où Honda a commencé à construire des véhicules au Canada
Source : LA PRESSE