Alors que la forte inflation met à mal les finances des ménages depuis deux ans, Didier Arino, directeur général de Protourisme, cabinet de conseil spécialisé, estime que le budget français consacré aux vacances sera en baisse de 7% cette année.
Les prix des locations de vacances montent en flèche, y compris pendant la période des Jeux Olympiques. Comment l’expliquez-vous ?
DIDIER ARINO. Les professionnels du secteur répercutent de manière plus que proportionnelle la hausse de leurs coûts sur les vacanciers. Ce n’est pas un phénomène nouveau, nous l’observons depuis la fin de la crise sanitaire. Les hôtels, et notamment les campings, ont absorbé une hausse importante de leurs coûts, qu’il s’agisse des salaires, de l’énergie ou des matières premières. Mais ils ont aussi profité des envies de vacances des Français, frustrés par les confinements successifs, prêts à partir coûte que coûte. Aujourd’hui, les professionnels recommencent. Pour cet été, nous estimons les hausses à 7% en moyenne.
Profitent-ils de l’attrait touristique des JO pour gonfler les prix ?
En dehors de l’Île-de-France et des zones où se déroulent les épreuves olympiques, je ne le crois pas. Tout d’abord, la clientèle des JO me semble surestimée. « Ce n’est pas elle qui passera ses vacances dans des campings et hôtels situés sur le littoral. » On ne verra pas de riches touristes américains ou japonais déambuler en France pendant les deux semaines de compétition. Il y aura bien sûr une clientèle étrangère, mais dans les mêmes proportions que les années précédentes.
Dans un contexte de crise du pouvoir d’achat, ces augmentations peuvent-elles empêcher les familles de partir ?
Oui, les clients commencent à abandonner face aux prix élevés. Les mobil-homes, par exemple, deviennent inabordables. Une nuitée se vend désormais 300 euros, et peut atteindre 600 euros dans les campings dits premium. Or, pour la première fois depuis 2019, le budget français consacré aux vacances va baisser de 7%, selon nos prévisions. Dans les statistiques, nous constatons déjà un ralentissement. L’année dernière, à la même époque, il y a eu 12 % de réservations en plus. Le nombre de nuitées a également diminué de 3 %. Désormais, les familles se tournent vers les locations meublées de type Airbnb. Un changement s’opère. Les professionnels du secteur doivent faire attention à ne pas perdre de personnel.
