Impacts sur le système respiratoire, diminution de la fertilité, risque accru de cancer… Les risques sanitaires liés à la production et à la prolifération des déchets plastiques dans notre environnement ne sont plus à démontrer.
Parmi eux, les microplastiques. “Leur taille est comprise entre cinq millimètres et quelques centaines de nanomètres, soit 70 fois plus petite que l’épaisseur d’un cheveu”, précise Guillaume Duflos, responsable du laboratoire physico-chimique de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments. On les retrouve dans l’air, la terre et l’eau, et même dans notre assiette.
Du miel aux légumes au lait
L’emballage de nos aliments contient du plastique qui peut ensuite se retrouver dans les aliments. Eau potable, lait, sodas, thé, bière, fruits de mer, légumes et fruits… La liste des aliments contenant des particules de plastique est longue.
” Tous les plats préparés sont susceptibles de contenir des microplastiquesexplique Guillaume Duflos. C’est aussi le cas des aliments « prélevés » sur leur environnement ». La faune marine est particulièrement exposée à la pollution plastique : selon les régions du globe, jusqu’à 95 % des poissons étudiés présentent des traces de plastique dans leur estomac.
Déjà en 2019, une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF) montrait qu’une personne ingère jusqu’à cinq grammes de microplastiques par semaine. L’équivalent en poids d’une carte de crédit. Des particules ont été retrouvées dans les selles, mais aussi dans le placenta, le lait maternel et le sang. Cependant, l’effet de ces microplastiques sur le corps humain n’est pas encore connu.
Risque d’inflammation des intestins
Chez les animaux, en revanche, “l’ingestion de microplastiques peut induire des effets à long termeanalyse Xavier Cousin, chercheur en écotoxicologie à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer. Parmi les nombreux effets observés, on peut noter une modification du microbiote intestinal..
Plusieurs cas d’inflammation des intestins ont été observés par les scientifiques, entravant leur bon fonctionnement. ” Ces effets peuvent être liés aux différents constituants des plastiques, dont les additifs, présents dans tous les plastiques et dont certains ont une toxicité avérée, comme les bisphénols. poursuit le spécialiste.
Pour limiter les effets de ces particules, plusieurs pistes sont envisagées. Un rapport du Sénat sur la pollution plastique, publié en décembre 2020, souligne l’importance « impliquer tous les citoyens, à tous les âges, dans leurs différentes responsabilités, en les aidant à adopter des modes de consommation moins plastiques ».« Les compositions des plastiques sont actuellement peu ou mal connues et une plus grande transparence est indispensable »abonde Stéphanie Reynaud, directrice de recherche en physique-chimie au CNRS.
Autre objectif : réduire la production et l’utilisation du plastique. C’est tout l’objet de la rencontre internationale organisée à Paris à partir du lundi 29 mai : 175 États sont réunis pour établir les bases d’un futur traité international visant à réduire la production de plastique, qui est passée de 234 à 460 millions de tonnes entre 2000 et 2019. .
