Au fond du Rod Laver Arena, en quête d’un peu de fraîcheur à l’ombre, Andy Murray observe son ancien grand rival. D’un regard attentif, il scrute Novak Djokovic, son nouveau protégé, enchaînant coups droits et revers depuis la ligne de fond. Lorsqu’il ne joue pas au ramasseur de balles en silence, le Britannique interagit avec son joueur pour lui apporter observations et conseils.
Recruté fin novembre, le triple vainqueur du Grand Chelem Andy Murray, tout juste retraité de son poste de joueur (après les JO de Paris 2024), rejoint l’équipe du Serbe Novak Djokovic. Mais qu’est-ce que cela peut apporter à quelqu’un qui a déjà tout gagné ? Quelques semaines seulement après cette annonce qui n’a laissé personne indifférent dans le monde du tennis, le nouveau duo a déjà de nobles objectifs : remporter le titre à Melbourne, rien de moins. « La première chose que je vois dans cette association, analyse Arnaud Clément, ex-top 10 et consultant pour franceinfo : sport, C’est déjà le signal fort envoyé par Novak Djokovic, qui veut montrer sa motivation pour la saison à venir, pour remporter un nouveau titre du Grand Chelem.
“Il n’a pas fait équipe avec Murray pour se contenter d’un quart ou d’une demi-finale.”
Arnaud Clément, ancien top 10 mondialsur franceinfo : le sport
De retour dans son jardin, Novak Djokovic, dix fois vainqueur à Melbourne, est en quête de son 25e Majeur, qui ferait de lui le seul recordman de titres du Grand Chelem remportés, devant Margaret Smith Court. “Je voulais quelqu’un qui ait gagné plusieurs tournois du Grand Chelem, (…) qui comprenne vraiment ce que signifie gagner un Grand Chelem, affronter l’adversité, la pression, les attentes”, a commenté Novak Djokovic en conférence de presse à Melbourne, vendredi 10 janvier, trois jours avant son premier tour face au jeune talent américain Nishesh Basavareddy (133e). “[Andy a] un QI tennistique très élevé. Nous le savons tous. Il a fait un travail incroyable, surtout après son opération, sa hanche artificielle, en remportant des tournois par la suite, en jouant au niveau challenger, (…) en montrant à tout le monde ce que signifie être un champion au vrai sens du terme », a encore une fois salué le Serbe, actuellement 7ème à l’ATP, qui le retrouve “naturel” dans ce nouveau rôle.
Au vu du palmarès du Serbe et de sa longue expérience, cette nouvelle association aura pour principal objectif de résoudre « des micro-détails d’un point de vue tactique », poursuit Arnaud Clément. Une analyse partagée par le Le Suédois Mats Wilander, septuple vainqueur du Grand Chelem. “Bien entendu, Novak connaît le plan tactique global qu’il va mettre en place face à tel ou tel joueur. Mais, ici, nous allons être dans l’ultra-détail, de ceux qui font souvent basculer un match. Par exemple, comment Pécheur est-ce que ça sert à 15h30 ? Ou à 30-A ?, il décortique à nos confrères de L’équipe. À l’entraînement, Murray le fera travailler en ce sens. Djokovic va apprendre. Mieux encore, il le croira. Parce que Murray connaît les réponses.
« S’il était un génie tactique, c’est aussi pour ça. Cela ne signifie pas que Novak gagnera à coup sûr, mais il est sûr d’avoir plus d’informations avant d’entrer sur le terrain. “C’est ce qui peut l’aider à remporter un Grand Chelem de plus.”
Mats Wilander, septuple vainqueur du Grand Chelemchez L’équipe
Andy Murray l’amènera également « la vision qu’il a de son jeu et les petits détails sur lesquels il pense pouvoir encore s’améliorer. Cette recherche constante d’amélioration est absolument extraordinaire », considers Arnaud Clément. « Nous communiquons beaucoup sur tous les aspects du jeu, mon jeu, la tactique, l’approche mentale, la communication sur le terrain pendant les matchs, les entraînements » Novak Djokovic l’a encore précisé lors d’une conférence de presse. « Andy peut lui dire : ‘Pourquoi as-tu joué ce coup stupide à ce moment important ?’ Pourquoi frapper ce coup droit alors que vous n’avez que 40 % de chances de réussir ? sans que Novak soit offensé. Andy a une sensibilité aux détails que personne n’a. Il aura les oreilles de Novak car il respecte sa carrière à 100%. » complète Mats Wilander.
Alors que cette collaboration ne fait que commencer, Novak Djokovic est déjà convaincu. « Je pense que sa perspective unique sur mon jeu est due au fait qu’il joue contre moi depuis 25 ans. (…) Il connaît l’évolution de mon jeu, ses faiblesses et ses forces », » confiait-il aux médias à Melbourne avant le début du tournoi.
Si Novak Djokovic compte sur la recherche de détails pour élever toujours plus haut son niveau de jeu, c’est aussi pour compenser une certaine perte d’endurance, légitime à 37 ans. “Djokovic est conscient, même si on ne le voit pas forcément tout le temps, que physiquement, il est un peu moins fort, notamment dans la répétition des efforts, et qu’il ne peut pas jouer aujourd’hui le même nombre de tournois que par le passé”, explique Arnaud Clément. Malgré son vécu et son vécu, le Serbe n’a jamais caché son envie de s’améliorer et de se perfectionner, encore et encore. « Il sait ce qu’il perd et pour compenser, il cherche à gagner dans d’autres secteurs. » souligne l’ancien top 10 mondial.
Tout juste retraité, Andy Murray peut aussi compter sur sa très bonne connaissance du circuit et des styles de jeu des joueurs actuels comme ceux du top 3, actuellement composé de Jannik Sinner, Alexander Zverev et Carlos Alcaraz. “Mieux que quiconque au monde, il connaît les problèmes que Novak a contre eux”, soutient Mats Wilander dans les colonnes de L’Equipe.
L’Open d’Australie sera donc le premier véritable test pour ce duo lors des 27 Grands Chelems, avant de se projeter dans l’avenir. « J’ai pensé que ce serait une bonne idée de passer du temps en Australie pendant l’intersaison pour voir comment ça se passe pour nous deux, parce que c’est un peu différent. Ce n’est pas le genre de configuration habituelle, a déclaré Andy Murray à Tuteur. Il était donc logique de l’essayer et de voir si cela fonctionne. Et puis nous avons dit que nous prendrions une décision plus définitive après le tournoi.