La Station spatiale internationale et le vaisseau spatial Starliner vus par le satellite Worldview-3

La Station spatiale internationale (ISS) vue par le satellite WorldView-3 le 7 juin 2024 après son amarrage
du vaisseau spatial Starliner de Boeing. Crédit image : Maxar

Il s’agit d’une image satellite assez exceptionnelle que la société Maxar a publiée le 13 juin. Elle montre la Station spatiale internationale vue par le satellite Worldview-3.

Exceptionnel?

Quand les satellites d’observation de la Terre ont la tête en l’air…

D’abord parce qu’il n’est pas si courant que les satellites d’observation de la Terre fassent autre chose qu’observer la Terre.

J’ai déjà publié sur ce blog des images de la Lune, de Mars ou de Jupiter vues par des satellites d’observation. Il s’agit soit d’images acquises pour calibrer les instruments, soit d’images destinées à montrer l’agilité du satellite (sa capacité à tourner sur lui-même pour viser une cible particulière) et les performances de son instrument.

En revanche, les bonnes images de l’ISS sont assez rares. Je n’en ai pas vu beaucoup. Le premier qui m’a beaucoup impressionné a été présenté par le CNES. Elle faisait partie d’images spéciales prises lors de la réception en vol du satellite Pléiades-1A quelques mois après son lancement en décembre 2011. À ma connaissance, c’était une première.

A l’époque, l’ATV Edoardo Amaldi, lancé en mars 2012, était amarré à l’ISS et est bien identifiable sur l’image du satellite Pléiades-1A.

En 2012, autre photo insolite : l’ATV Edoardo Amaldi amarré à l’ISS immortalisée par le satellite Pléiades-1A
lors des opérations de réception en vol. Crédit image : CNES

Satellites jouant à cache-cache

Il existe d’autres images satellitaires « photographiées » par d’autres satellites, par exemple Envisat lorsqu’il a échoué en 2012 à tenter de déterminer l’attitude du gros satellite européen sur son orbite et aider à comprendre ce qui se passe. a été adopté le satellite SPOT 5 à l’occasion du dixième anniversaire de son lancement, également en 2012.

Dans tous les cas, ce type d’image nécessite un travail particulier de la part des équipes pour que la ligne de visée de l’instrument satellite suive la trajectoire de l’objet ciblé. Pas si simple lorsque le satellite est sur une orbite polaire alors que l’ISS tourne autour de la Terre avec une inclinaison de 51,6°.
Pour réaliser cet exploit avec deux objets voyageant à 28 000 km/h autour de la Terre, il faut être aussi habile qu’Henri Cartier-Bresson qui avait l’art du cadrage et du déclenchement parfaits au moment décisif.

Au moment où il acquiert cette image, le satellite se trouve à 276 km de l’ISS. C’est plus de deux fois plus proche que l’altitude de son orbite autour de la Terre (environ 620 km) : sa résolution au sol étant de 31 cm (en mode panchromatique) et de 124 cm pour les couleurs, détails visibles sur Cette image de l’ISS a une taille d’environ 14 cm.

Maxar a déjà réalisé d’autres images de ce type, par exemple une image du satellite américain Landsat-8, sur son orbite à 705 km d’altitude en octobre 2022. La distance est encore plus courte : entre 91 et 130 km lors de l’acquisition de la séquence d’images, permettant un niveau de détail remarquable (environ 5 cm en panchromatique). WorldView-3 se trouve pratiquement « juste en dessous » de Landsat 8 lorsqu’il prend cette image.

Séquence d’images satellites américaines acquises par le satellite Worldview-3 le 7 octobre 2022
entre 21h18 et 21h20 UTC. Cliquez sur l’image pour voir l’animation. Crédit image : Maxar

La société Maxar appelle cette technique « Imagerie non terrestre » (NEI).

Au-delà des images spectaculaires, il est assez simple de comprendre l’intérêt de cette technique d’imagerie alors que l’espace devient de plus en plus encombré, avec une probabilité accrue de collision avec des débris spatiaux, et qu’il est de plus en plus question de militarisation, voire d’un nouveau théâtre. d’exploitation et d’« militarisation » de l’espace. En anglais, on parle de mission Space Domain Awareness, Space Situational Awareness…

Portrait de famille de cargos et de vaisseaux spatiaux amarrés à l’ISS

En fait, cette image est d’autant plus exceptionnelle qu’elle montre la Station spatiale internationale dans une configuration unique : il y a six engins spatiaux de cinq types différents, dont trois destinés aux vols habités :

  • le cargo Cygnus-NG 20 « Patricia Robertson » (lancé le 30 janvier et amarré à l’ISS depuis le 1er février),
  • les deux cargos Progrès MS-26 (lancé le 16 février et amarré depuis le 17 février) et Progrès MS-27 (lancé le 30 mai et amarré depuis le 1er juin),
  • Le bateau Crew Dragon Endeavour pour la mission SpaceX Crew 8 (lancée le 4 mars et amarrée depuis le 5 mars),
  • Le bateau Soyouz MS-25 (lancé le 23 mars 2024 et amarré depuis le 25 mars),
  • et le CST-100 Starliner de Boeing (lancé le 5 juin et amarré au module américain Harmony depuis le 6 juin en fin de journée).

Le Starliner n’est apparemment pas pressé de repartir : la NASA a annoncé un nouveau report de son retour sur Terre pour procéder à de nouvelles vérifications du système de propulsion après la détection de fuites d’Hélium et d’anomalies sur 5 des 28 moteurs assurant le contrôle de trajectoire du Starliner.

Initialement prévu le 18 juin, le retour a été reporté à deux reprises et est désormais prévu début juillet.
Je ne pense pas que les deux astronautes arrivés à bord du Starliner, Sunita Williams et Barry « Butch » Wilmore, vont battre des records de durée de séjour dans l’espace, mais j’espère qu’ils ont emballé suffisamment de vêtements de rechange et ont pris un parking longue durée. à Cap Canaveral…

La Station spatiale internationale (ISS) vue par le satellite WorldView-3 le 7 juin 2024 après son amarrage
du vaisseau spatial Starliner de Boeing. Zoom sur le vaisseau Starliner. Crédit image : Maxar

Un état de santé rassurant pour Worldview-3…

Concernant le satellite Worldview-3, la publication de cette image par Maxar montre que le satellite Worldview-3 semble à nouveau pleinement opérationnel, effectuant au moins des manœuvres inhabituelles.
Le satellite avait cessé de transmettre des images depuis le 18 mai, mais les ingénieurs de Maxar ont réussi à contourner ou réparer la panne.

Maxar a lancé début mai les deux premiers satellites Worldview Legion de nouvelle génération sur une fusée Falcon. Ils offrent une résolution identique (30 cm) et la constellation devrait comprendre à terme six satellites identiques.

Maxar annonce une capacité de revisite élevée (15 par jour) avec l’ensemble de sa flotte de satellites.

Vidéo de la société Maxar illustrant la possibilité d’observer et de revisiter la constellation une fois
La Légion Worldview déployée en orbite. Crédit : Maxar

Apprendre encore plus:

 
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