The Virtual Boy, ce flop qui a grandement déçu dès sa sortie, reste néanmoins dans le cœur de Nintendo et des fans.
Les origines : une idée géniale ?
Connue comme la console de l’échec de Nintendo, laissez-nous vous parler du Virtual Boy. Mal-aimé à l’époque, le « VB » – comme aiment le surnommer les collectionneurs – est pourtant bien présent au musée Nintendo qui vient d’ouvrir ses portes le 2 octobre à Kyoto. Là, vous pouvez en obtenir beaucoup cadeaux à l’image de la machine ou encore tester ses jeux en émulation sur Switch. Alors, comment ce qui était considéré comme « le plus gros bide de l’histoire de la marque » est-il progressivement devenu un objet culte ?
Bien avant le PSVR ou Meta Quest, dans les années 1990, Nintendo s’est lancé le défi de la réalité virtuelle avec le Virtual Boy. Caractérisé par sa couleur rouge, marque d’appartenance à Big N, le produit est un casque équipé de deux petits écrans rouges monochromes deux bits. La manette se branche directement en dessous et les cartouches de jeux sont insérées à l’arrière. Il s’agit donc d’une véritable console qui ne supporte que son propre logiciel.
Le Virtual Boy est sorti à la fin de la production de la NES, en 1995. Nintendo a vendu son innovation comme une passerelle vers un « monde virtuel » immersif en « 3 dimensions » et c’est Gunpei Yokoi qui en est l’auteur. L’homme est le créateur des toutes premières consoles portables de la société japonaise : la Game & Watch et la Game Boy. A cette époque, Yokoi était convaincu que la prochaine révolution serait celle de la réalité virtuelle. Mais l’entreprise n’est pas la seule à avoir eu cette idée. En 1991, Sega s’y essaie en lançant le Sega VR, le tout premier projet de casque de réalité virtuelle destiné au jeu vidéo. Contrairement au VB, le produit n’a finalement pas abouti en raison des nausées et du mal des transports qu’il provoquait chez le joueur.
Un engouement très vite essoufflé
A l’époque, le public était d’abord très enthousiasmé à l’idée de découvrir un nouveau mode de jeu révolutionnaire, mais cela ne s’est pas vraiment passé comme prévu. Seulement un an après son lancement, le Virtual Boy voit sa production arrêtée. D’abord parce que le produit n’était pas vraiment celui présenté par Nintendo dans ses publicités.. Dans ce dernier, on pourrait penser que le casque se portait directement sur la tête, laissant le joueur libre de ses mouvements. Ce n’est pas le cas : il faut en effet rester assis, la tête dans le casque posée sur les pieds posés sur une table. Une position jugée inconfortable. L’expérience est donc bien moins immersive que prévu, même si, comme dans Mario’s Tennis, les titres offrent néanmoins une notable impression de relief grâce aux décors. Constatant que son produit ne se vendait pas bien, fin 1995, la marque invite les consommateurs nord-américains à tester la machine en la louant chez Blockbusters (une chaîne de magasins de revente de produits multimédias) au prix de 9,99 $ pour 3 soirées. Mais pour pouvoir se procurer son propre exemplaire, il fallait débourser à l’époque pas moins de 179,95 dollars, ce qui représente aujourd’hui 369 dollars avec l’inflation.
Lors d’un entretien NintendoShigeru Miyamoto, le père de Mario, évoque les raisons de l’échec du Virtual Boy. L’homme, qui était à l’époque développeur chez Nintendo, explique que si la machine est considérée comme un échec, c’est parce qu’elle a été perçue comme une « plateforme de jeu » et non comme un « jouet amusant » ou comme une démonstration technique de « ce dont (l’entreprise) était capable à ce moment-là ». Miyamoto poursuit en expliquant que les équipes travaillaient en même temps sur la Nintendo 64, cette dernière étant la véritable plateforme de jeu qui sortira en 1996.
Rien à faire, le VB n’était pas attractif. Le produit n’a jamais été commercialisé en Europe ni en Australie, c’est pourquoi les vrais fans nostalgiques de la console sont principalement américains ou japonais. Au total, le Virtual Boy s’est vendu à environ 800 000 unités.. On ne connaît évidemment pas les chiffres exacts mais il s’agirait d’environ 630 000 exemplaires nord-américains et 140 000 exemplaires japonais.
Le rouge lui va si bien
Nintendo aime se souvenir de VB comme d’un essai expérimental à ne pas marginaliser. La marque y fait également référence dans de nombreux titres comme Luigi’s Mansion 3, Super Smash Bros. Melee ou encore Animal Crossing : Pocket Camp. Dans Tomodachi Life !, vos habitants peuvent réaliser un rituel en dansant autour de l’objet !
Les fans des jeux rétro de Big N sont également très friands du Virtual Boy. Beaucoup ne comprennent pas pourquoi les anciens jeux ne sont pas encore portés sur l’abonnement Switch Online, comme c’est déjà le cas pour ceux de la Game Boy par exemple. Même s’il n’y en a que 22, les titres de la console de 1995 sont aussi populaires aujourd’hui qu’ils l’étaient au moment de leur sortie. Garçon virtuel Wario Land, un jeu de plateforme ambitieux, mettant en scène un Wario destructeur et gourmand, est également considéré comme le meilleur logiciel de la machine. L’expérience de jeu n’est pas le seul élément qui renforce la nostalgie des fans, il y a aussi le contrôleur VB. Cela inspirera Miyamoto pour concevoir le Game Cube, une manette très appréciée des joueurs de Super Smash Bros. Ultime.
La VB était peut-être un peu trop avant-gardiste pour son époque. En 2019 Nintendo s’essaye à nouveau à la VR en lançant son Labo VR Kit, un assemblage en carton permettant de transformer sa Switch en casque de réalité virtuelle. L’initiative a été parodié par IGN dans une vidéo YouTube pour marquer le poisson d’avril de cette année. Dans sa description, le média présente « l’accessoire Virtual Boy Pro », un système similaire à celui en carton qui emmène « les joueurs dans une nouvelle dimension de plaisir grâce à une technologie avancée de réalité augmentée qui transformera le monde qui vous entoure en niveaux de jeu du populaire Nintendo. titres.