450 millions d’années plus tard, il est de retour !

450 millions d’années plus tard, il est de retour !
450 millions d’années plus tard, il est de retour !

Quand un chercheur découvre « l’or des fous », est-il globalement déçu. Ce surnom est celui donné à la pyrite, un minéral composé de sulfure de fer brillant et d’une couleur jaune doré qui fait souvent qu’on le confonde avec l’or véritable. Mais pour l’équipe du professeur Luke Parry de l’université d’Oxford, cette pyrite s’est avérée plus précieuse que l’or lui-même : il a permis de conserver un spécimen unique appelé Lomankus edgecombeiun arthropode ancestral proche des araignées et des scorpions des temps modernes. Les résultats de leurs recherches ont été publiés le 29 octobre dans la revue Biologie actuelle.

Une préservation miraculeuse

Cette découverte est exceptionnelle car les arthropodes anciens, constitués principalement de tissus mous, se décomposent généralement quelques jours après leur mort. Cependant, le spécimen découvert par l’équipe de Parry bénéficié d’une combinaison chimique unique.

La présence simultanée la matière organique, le fer et l’absence d’oxygène ont permis sa fossilisation en pyrite. Les atomes de fer ont pu remplacer les atomes du corps, créant ainsi une réplique minéralisée, et donc plus solide, des tissus mous. L’absence d’oxygène ralentissait, voire arrêtait le processus de décomposition bactérienne, donnant ainsi le temps aux minéraux de pénétrer correctement et de remplacer les tissus. Enfin, la présence de matière organique, comme des molécules complexes à base de carbone, pourrait favoriser la formation de composés organométalliques, renforçant ainsi la conservation du Lomankus edgecombei.

« On obtient une vision presque complète de leur anatomie », s’enthousiasme Parry, soulignant la rareté d’une telle préservation. Pourquoi un tel engouement pour un animal aussi ancien ? Parry explique : « Des fossiles comme celui-ci nous en disent long sur ce à quoi ressemblait la vie sur Terre il y a des centaines de millions d’années. ».

Reconstitution de la morphologie du spécimen découvert à partir de Lomankus edgecombei. © Parry, Luke A. et al. Biologie actuelle, Volume 0, Numéro 0

Un « couteau suisse bio » vieux de 450 millions d’années

Le Lomankus présente une fonctionnalité fascinante : ses appendices frontaux, équipés de petites pinces et de trois longs flagelles flexibles, lui servaient probablement à explorer son environnement. Ils suggèrent que cet arthropode avait une stratégie unique pour explorer son environnement, différente de ce que l’on peut observer chez d’autres espèces.

Cette adaptation, couplée à l’absence d’yeux, prouve certainement que Lomankus vécu dans les profondeurs sombres des océans primitifs. En effet, les profondeurs des océans sont totalement privées de soleil. Il n’avait donc pas besoin de cet organe pour détecter sa nourriture ou ses prédateurs.

Ces appendices multifonctionnels préfigurent peut-être la remarquable diversité des arthropodes d’aujourd’hui, un groupe qui comprend aujourd’hui le plus grand nombre d’espèces sur Terre. Cette dernière regroupe plus d’un million d’espèces identifiées. Certains scientifiques avance même des chiffres bien plus élevés, jusqu’à plusieurs millions ! Vous les avez tous déjà croisés au moins une fois : papillons, abeilles, coccinelles ou libellules ou même mangés. Les crevettes et les crabes font également partie de ce groupe.

Un site fossilifère qui n’a pas livré tous ses secrets

Le site de découverte, situé dans l’État de New York, fest l’un des rares gisements au monde où l’on observe une fossilisation par la pyriteaux côtés de l’ardoise allemande du Hunsrück et du biote chinois du Chengjiang. Elle est déjà célèbre pour ses trilobites, mais la découverte de Lomankus suggère d’autres découvertes, elles aussi exceptionnelles. De plus, ce type de dépôt surprend souvent les scientifiques en révélant des organismes aux morphologies étranges et inattendues. ” Ce fossile laisse penser que bien d’autres découvertes nous attendent sur ce site », dit Parry.

Ces dépôts agissent donc comme des capsules en temps réelcapable de conserver des spécimens dans d’excellentes conditions, ce qui permet aux chercheurs de disposer d’informations précieuses sur la paléobiodiversité et les écosystèmes passés. Les données obtenues à partir de ces gisements permettent également de tester les théories évolutionnistes les plus récentes et de mieux comprendre les mécanismes qui ont conduit à la diversification de la vie sur notre planète. Un certain Charles Darwin aurait certainement été ravi de connaître leur existence ; malheureusement, il n’en aura jamais vu la couleur.

  • Des chercheurs ont découvert un fossile d’arthropode rare, le Lomankus edgecombeiconservé dans de la pyrite, vieille de 450 millions d’années.
  • Le spécimen possède des appendices uniques et vivait dans les profondeurs sans lumière de la mer, suggérant une stratégie d’exploration distincte de celle des arthropodes d’aujourd’hui.
  • Ce gisement fossile de New York, où la pyrite permet une conservation exceptionnelle, pourrait encore révéler de nombreuses découvertes similaires.

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