A vingt ans, le pelage de Firefox n’est plus très brillant. Alors qu’en 2009, au plus fort de sa popularité, le logiciel était adopté par près d’un tiers des internautes, sa base d’utilisateurs a aujourd’hui complètement fondu. Avec une part de marché, en 2023, tous appareils confondus, de 2,65 % (contre 66,7 % pour Google Chrome), il n’est que le quatrième navigateur dans le cœur des internautes.
Ce désenchantement, ainsi que deux vagues de licenciements en février et novembre dans différents secteurs de la fondation Mozilla, dont celui qui gère le développement de Firefox, Mozilla Corporation, évoquent même la possibilité d’une extinction. Une situation qui contraste avec la détermination de ses utilisateurs, nombreux à témoigner du Mondequi savent exactement pourquoi ils continuent à l’utiliser.
Il faut dire que Firefox était très réputé à ses débuts. Le navigateur est né le 9 novembre 2004 des cendres de Netscape, à qui il a emprunté une partie de la base de code. Considéré comme rapide et sécurisé, il démocratise un certain nombre de fonctionnalités et constitue la référence des navigateurs modernes.
Tous les chemins mènent à Chrome
“C’était un logiciel libre, rapide, avec des onglets, alors que c’était une innovation, et une multitude d’extensions”se souvient Maël, 43 ans, chef de projet numérique. Le bloqueur natif de pop-up – ces fenêtres qui apparaissent d’elles-mêmes et dont certains sites abusent à des fins publicitaires – est aussi un argument de poids du logiciel par rapport à son principal concurrent, Internet Explorer, alors en position de quasi-monopole mais moqué pour sa lenteur et manque de sécurité.
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Mais Firefox, à son tour, commence à être considéré comme obsolète, dépassé notamment par un nouvel acteur, apparu en 2008 et dont l’ascension semble irrésistible. « J’ai découvert Google Chrome quand j’étais adolescent. C’était un navigateur beaucoup plus rapide que les autres et je me suis laissé tenter”dit Marie, 24 ans. En réponse, Mozilla procède en 2017 à une importante rénovation technique, qui met son navigateur à égalité avec ses concurrents en termes de performances. L’effort est néanmoins insuffisant pour endiguer l’érosion de sa base d’utilisateurs.
Sur les mobiles, qui représentent aujourd’hui près des deux tiers du trafic Internet mondial, le navigateur ne parvient pas non plus à s’imposer. Défavorisé par l’omniprésence de Chrome sur Android et de Safari sur iOS, il ne dépasse jamais le pourcentage d’utilisation. « Depuis mars, la législation européenne oblige un certain nombre de téléphones à vous demander quel navigateur vous souhaitez installer au moment de l’achat.nuance néanmoins Sylvestre Ledru, directeur de l’ingénierie chez Mozilla. Depuis, sur iOS, nous avons constaté une augmentation de 25 % du nombre d’utilisateurs et une augmentation de 51 % du nombre d’utilisateurs actifs quotidiens. »
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