PHySIOMIC est la nouvelle découverte des chercheurs français. Inspiré des propriétés adhésives des moisissures, cet agent de contraste vise à améliorer le diagnostic des séquelles d’accident vasculaire cérébral par IRM et à offrir de meilleures perspectives de traitement.
Et si les moules pouvaient améliorer le traitement des accidents vasculaires cérébraux ? Le laboratoire PhIND (Physiopathologie et Imagerie des Troubles Neurologiques) de l’Université de Caen a récemment développé PHySIOMIC*, un nouvel agent de contraste inspiré de la structure adhésive des moules, permettant de détecter avec précision les microthrombus, de minuscules caillots sanguins. qui aggravent les séquelles d’un accident vasculaire cérébral- dans le cerveau via l’IRM. Ces résultats prometteurs ont été publiés en juin 2024 dans la prestigieuse revue scientifique Communication nature.
Qu’est-ce qu’un thrombus ?
Un thrombus est un caillot qui bloque un vaisseau sanguin. Lorsqu’il bloque le flux sanguin vers le cerveau, il provoque un accident vasculaire cérébral ischémique. “Il est alors indispensable d’éliminer rapidement ce thrombus pour rétablir la circulation sanguine dans la zone touchée du cerveau, afin d’en limiter les dégâts”, expliquent les auteurs de l’étude. « Les médecins ont actuellement deux possibilités pour s’en débarrasser : injecter dans le sang un médicament, l’activateur tissulaire du plasminogène (tPA), qui induit la dissolution enzymatique du caillot sanguin, ou l’extraire mécaniquement par cathétérisme. »
Les méthodes actuelles sont insuffisantes
Malgré les vertus de ces méthodes, il reste de nombreux cas (environ 30 %) dans lesquels, bien que le caillot principal ait été éliminé avec succès, la microcirculation cérébrale reste bloquée. Concrètement, les thrombus se fragmentent parfois en thrombus plus petits (appelés microthrombus) et obstruent la microcirculation aval. Particulièrement nocif, « ils sont responsables de la majorité des séquelles des patients présentant un handicap important après un accident vasculaire cérébral », qui, rappelons-le, est la deuxième cause de handicap acquis en France. Problème : ils sont très difficiles à identifier, même avec l’imagerie de dernière génération. « PHySIOMIC propose une nouvelle méthode pour les visualiser, prédire l’étendue des lésions cérébrales et évaluer l’efficacité des traitements thrombolytiques », se félicite le docteur Charlène Jacqmarcq, co-auteur de l’étude.
Microparticules exceptionnellement adhésives
Cet agent de contraste est à base de microparticules magnétiques capables de se fixer sur les microthrombus. « Leurs propriétés magnétiques fournissent un signal IRM et permettent ainsi leur diagnostic »indiquent les chercheurs. Pour trouver ce matériel ” idéal “, ils se sont inspirés de la biologie marine. Plus précisément d’une substance découverte sur le byssus des moules marinières (filaments solides et adhésifs produits par ces mollusques pour se fixer aux rochers et autres surfaces sous-marines) : la polydopamine. Ses propriétés d’adhésion exceptionnelles ont séduit les scientifiques !
Des tests concluants sur des souris
Les tests réalisés sur des modèles murins d’AVC ischémique ont été concluants. De plus, « Les particules PHySIOMIC ont démontré une bonne biocompatibilité et une bonne capacité de biodégradation, ce qui les rend sûres à utiliser pour les diagnostics in vivo. Ces particules sont principalement éliminées par les cellules macrophages du foie et de la rate, sans accumulation indésirable dans d’autres organes. réjouissent ses concepteurs. Ils envisagent désormais de poursuivre leurs études avec « des modèles cliniques plus larges et diversifiés », et d’évaluer son efficacité avec des agents thrombolytiques ciblés (médicaments conçus pour dissoudre les caillots sanguins). Une perspective prometteuse pour les 110 000 personnes touchées par ce type d’accident vasculaire cérébral en France.
* Amas inspirés des moules à oxyde de fer hybridé polydopamine
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« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr”