(Paris) Un rover chinois a trouvé de nouveaux indices sur la présence d’un ancien océan sur Mars, en identifiant des traces de rivages que l’eau pourrait border, selon une étude publiée jeudi.
Daniel LAWLER
Agence France-Presse
La théorie défendant la présence d’un océan qui recouvrait plus d’un tiers de la planète rouge reste cependant débattue, et un chercheur non impliqué dans l’étude a remis en question la validité des dernières découvertes.
L’astromobile Zhurong a été déposé en 2021 sur une plaine de l’hémisphère nord, dans la région d’Utopia, qui contient des preuves d’une présence passée d’eau.
L’auteur principal de l’étude publiée dans NatureBo Wu, de l’Université polytechnique de Hong Kong, a déclaré à l’AFP qu’une série de caractéristiques évoquaient un océan ancien : « des cônes creux, des croisements polygonaux et des courants creusés » dans le sol.
Des recherches antérieures suggéraient que les cônes creux pouvaient provenir de geysers de boue et se former souvent dans des zones contenant de l’eau ou de la glace.
Les informations recueillies par le rover, ainsi que les données satellite, suggèrent également la présence d’un littoral à proximité, selon l’étude.
Les chercheurs imaginent un scénario dans lequel l’océan se serait formé par une inondation il y a environ 3,7 milliards d’années. Avant de geler, de tracer un littoral, puis de disparaître, il y a environ 3,4 milliards d’années.
M. Bo a insisté sur le fait que l’équipe « ne prétend pas que les résultats prouvent définitivement qu’il y avait un océan sur Mars ».
Ce niveau de preuve nécessitera probablement une mission visant à ramener des échantillons de sol martien sur Terre pour examen.
“Elle est active”
Un autre scientifique qui a analysé d’autres signes d’un éventuel océan, Benjamin Cardenas, s’est dit « sceptique » quant aux conclusions de l’étude.
Il estime que l’équipe chinoise n’a pas suffisamment pris en compte la mesure dans laquelle le fort vent martien a transporté des sédiments et érodé les roches sur quelques milliards d’années.
« On a tendance à considérer Mars comme peu active, comme la Lune, mais elle est active ! », a expliqué à l’AFP ce chercheur de l’université américaine de Pennsylvanie.
Il a déclaré que des recherches antérieures utilisant des modèles informatiques avaient suggéré que « même de faibles taux d’érosion martienne » détruiraient les traces d’un ancien littoral sur de telles périodes de temps.
Bo reconnaît que le vent peut avoir usé certaines roches, tout comme les impacts de météorites peuvent « excaver des roches souterraines et des sédiments jusqu’à la surface de temps en temps ».
Même si la théorie reste contestée, et malgré ses réserves, M. Cardenas « a tendance à penser qu’il y avait un océan sur Mars ».
Trouver la vérité pourrait aider à résoudre un mystère plus grand : la Terre est-elle la seule planète du système solaire capable de supporter la vie ?
“La plupart des scientifiques pensent que la vie sur Terre est née soit au fond des océans, où des gaz chauds et des minéraux souterrains ont été découverts, soit juste à proximité de la surface, dans de petits bassins de marée”, a déclaré M. Cardenas.
« Ainsi, la présence d’un océan rend la planète plus hospitalière » pour avoir accueilli la vie là-bas, a-t-il ajouté.
