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ESPACE – Pour l’instant, la mission est une réussite. Lancée le 3 mai depuis le centre spatial de Wenchang, situé sur l’île de Hainan, la sonde chinoise Chang’e 6 s’est posée le 2 juin sur la face cachée de la Lune. Plus précisément, il a atterri dans l’immense bassin Pôle Sud-Aitken. Dernière nouvelle en date, le 4 juin, des morceaux de Lune ont été extraits.
A cette occasion, l’Agence spatiale nationale chinoise (CNSA) a publié plusieurs vidéos. On peut voir en détail le moment où le rover Chang’e 6 extrait un échantillon, tandis que sur un autre, le rover décolle pour rejoindre la sonde située en orbite de la Lune.
C’est la première fois que des extraits de la face cachée de la Lune sont collectés. Une première mission chinoise a eu lieu en 2019, sans rien rapporter. Cette partie de la Lune est relativement méconnue et ces échantillons pourraient nous aider à mieux comprendre comment s’est formée notre étoile la plus proche.
Un océan de magma
C’est la raison pour laquelle la Chine a choisi la face cachée de la Lune : on y trouve des cratères moins recouverts de croûte lunaire. Il s’agit d’une couche de coulées de lave qui suit la création de la Lune. Car oui, à une époque, la Lune était en grande partie un océan de magma.
Selon l’hypothèse la plus répandue, la Lune serait issue de l’accrétion d’un nuage de débris lors de la formation de la Terre. En gros, une protoplanète est entrée en collision avec une proto-Terre et les débris se sont rassemblés pour former la lune. A cette époque, cette dernière aurait été composée d’un océan de magma d’une profondeur estimée à au moins plusieurs centaines de kilomètres.
Sur la face cachée de la Lune, il est possible d’avoir accès à des zones où cette couche de lave solidifiée est plus fine. C’est le fruit d’astéroïdes qui s’y sont écrasés, l’un d’eux créant un cratère de près de 2 500 kilomètres de diamètre. « L’astéroïde qui a créé ce bassin a percé la croûte et atteint le manteau lunaire. Nous pourrions donc rapporter des échantillons »expliqué dans un article précédent sur HuffPost Francis Rocard, astrophysicien et responsable de l’exploration du système solaire au Centre national d’études spatiales (CNES).
Coup de pouce chinois
Ces morceaux de lune pourraient être particulièrement anciens. Pour Ge Ping, vice-directeur du Centre chinois d’exploration lunaire et d’ingénierie spatiale, avant le décollage de la sonde, ils “aura un âge géologique d’environ quatre milliards d’années”. Ou l’âge de la Terre.
De quoi fournir de précieuses informations sur la création de la Lune, mais encore faut-il rapporter ces échantillons sur Terre. Le retour sur Terre de Chang’e-6, prévu vers le 25 juin, est une étape qui s’annonce au moins aussi périlleuse que tout ce qu’il a traversé jusqu’à présent. En cas de succès, ce serait un autre grand coup spatial pour la Chine.
Le pays a considérablement étendu ses programmes spatiaux sous la présidence de Xi Jinping, injectant des milliards de dollars dans le secteur pour rattraper son retard. Récemment, elle avait posé un rover (un petit « rover » motorisé) sur Mars, après avoir envoyé en avril un équipage de trois personnes vers la station spatiale Tiangong (« Palais céleste »).
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