Les paillis de plastique agricoles nocifs, révèle une étude

Les paillis de plastique agricoles nocifs, révèle une étude
Les paillis de plastique agricoles nocifs, révèle une étude

Certains de ces paillis sont commercialisés comme oxobiodégradables. Grâce à un additif, le polyéthylène censé se désintégrer en petits fragments sous l’effet des rayons UV est présenté comme pouvant ensuite être décomposé par des micro-organismes. Cette affirmation est cependant contestée. « La biodégradation complète des plastiques oxobiodégradables est loin de faire l’unanimité dans la littérature scientifique », soulignent les chercheurs de l’UQAC. Leur étude, intitulée Augmentation significative des superficies recouvertes de paillis de plastique au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec, Canadarévèle une augmentation de 90 % de l’utilisation de ces paillis dans la région au cours des sept dernières années. Cet article, actuellement en cours de révision, sera publié dans le Revue canadienne des sciences du sol.

Selon la revue de la littérature réalisée, le taux de dégradation varie de 0 à 92% en laboratoire. Dans les champs, une étude menée en Grèce a découvert de nombreux petits fragments de plastique après 82 mois. Les observations sur le terrain effectuées par l’équipe de l’UQAC ont démontré la présence de macro-fragments de plastique jusqu’à cinq ans après leur application.

Lors de leurs observations sur le terrain, les chercheurs ont observé la formation de microplastiques (poudre blanche) sur les agrégats du sol. (UQAC)

«Lorsque le plastique n’est pas exposé à la lumière, il se fragmente très peu et se comporte alors un peu comme un ordinaire sac de plastique enfoui dans le sol», explique Maxime Paré, agronome et auteur principal. de l’étude de l’UQAC. Lorsque le plastique est exposé à la lumière, il se brise en très petits morceaux [microplastiques]petits fragments difficiles à voir à l’œil nu et difficiles à décomposer pour les micro-organismes. La littérature est claire à ce sujet, une grande partie de ces microplastiques restent dans l’environnement très longtemps, plusieurs années, voire décennies. Utiliser du paillis de plastique pour produire du maïs à grande échelle n’a aucun sens en 2024. »

Efficace pour la culture du maïs dans les régions nordiques

Importé d’Irlande il y a près de dix ans, le paillis de plastique permet de planter du maïs, d’appliquer des herbicides et de recouvrir le tout d’un film de sept micromètres (0,007 mm) en un seul passage. Ce film augmente la température du sol, optimisant ainsi le rendement du maïs ou du soja dans un climat nordique. De nombreux producteurs laitiers du Saguenay-Lac-Saint-Jean utilisent cette technologie pour produire du maïs ensilé pour nourrir leurs vaches.

Des résidus de plastique ont été observés jusqu’à cinq ans après leur application sur le terrain.

Un risque d’accumulation dans les produits laitiers

Outre les impacts négatifs sur les sols, la documentation établit également que la fragmentation du paillis, constitué de polyéthylène basse densité, libère dans l’environnement des plastifiants de la famille des phtalates.

“Les phtalates sont connus pour être des perturbateurs endocriniens responsables de plusieurs problèmes de santé, dont les cancers du sein et de la prostate”, souligne l’étude. Ingérés par une vache laitière via le maïs ensilé, ces mêmes phtalates se retrouveront ensuite de préférence dans les substances liposolubles de l’animal comme les graisses et le lait, pour ensuite être reconcentrés davantage dans les produits laitiers transformés comme le beurre et les fromages. Pour toutes ces raisons, l’accumulation et la dégradation des paillis de plastique dans nos sols agricoles méritent toute notre attention, notamment dans le contexte laitier où une vache en lactation peut ingérer plus de 35 kg d’ensilage de maïs. par jour. »

La dispersion de fragments dans les milieux aquatiques peut également poser des problèmes importants, notamment en raison de la bioaccumulation de phtalates dans le plancton et les poissons.

Recommandations : cesser d’utiliser du paillis de plastique

« Face à ce constat relativement inquiétant, notre recommandation – fondée sur la science – est de cesser au plus vite l’utilisation du paillis plastique », déclarent les chercheurs. Ils proposent d’explorer d’autres cultures, comme l’orge et l’avoine, pour répondre aux besoins en ensilage des producteurs laitiers de la région, ou encore de développer de nouveaux hybrides de maïs pour éliminer l’utilisation de paillis. plastiques. Adopter des paillis biosourcés pourrait également être une option intéressante.

 
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